Le conflit soudanais cause des dommages sociétaux à long terme à cause du recrutement d'enfants soldats

La pauvreté sévère et généralisée au Soudan a poussé de nombreux enfants dans les bras des factions rivales qui se livrent à une violente lutte pour le pouvoir à Khartoum et dans d'autres villes depuis le 15 avril. (Photo fournie)
La pauvreté sévère et généralisée au Soudan a poussé de nombreux enfants dans les bras des factions rivales qui se livrent à une violente lutte pour le pouvoir à Khartoum et dans d'autres villes depuis le 15 avril. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 02 septembre 2023

Le conflit soudanais cause des dommages sociétaux à long terme à cause du recrutement d'enfants soldats

  • Des observateurs affirment que des enfants de 14 ans sont recrutés pour combattre par les deux parties du conflit en cours
  • Les experts affirment que les groupes armés attirent les enfants pour qu'ils servent comme soldats avec de l'argent et de fausses promesses

NAIROBI, Kenya: Les enfants soldats sont recrutés par les deux parties de la guerre civile qui sévit au Soudan, une pratique cruelle qui menace de détruire le tissu social du pays.

La capitale du Soudan, Khartoum, est désormais une zone de guerre où les enfants soldats sont les acteurs d'un scénario cauchemardesque. Les récents affrontements entre les forces de soutien rapide et le corps blindé d’Al-Shajara ont mis en lumière les horreurs que les enfants soudanais doivent endurer, des témoins ayant rapporté des cas d'enfants soldats combattant dans les deux camps.

L'ampleur du recrutement d'enfants soldats au Soudan est alarmante. Les récits provenant de diverses régions révèlent un modèle systématique d'exploitation qui dépasse à la fois les lignes tribales et les affiliations politiques.

Les deux principales factions belligérantes du pays, les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide, sont impliquées. Les témoignages décrivent une histoire troublante de pression, de peur et de manipulation, dans laquelle les enfants sont souvent forcés à combattre contre leur gré ou attirés par des promesses de gains matériels ou monétaires.

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Les témoignages décrivent une histoire troublante de pression, de peur et de manipulation, dans laquelle les enfants soudanais sont souvent forcés à combattre contre leur gré ou attirés par des promesses de gains matériels ou monétaires. (Photo fournie)

«Les causes profondes du recrutement d'enfants soldats au Soudan sont multiples», a déclaré à Arab News Ahmed Gouja, journaliste de la ville de Nyala, dans la région soudanaise du Darfour ravagée par la guerre.

La pauvreté sévère et généralisée a poussé de nombreux enfants dans les bras des milices.

«Les jeunes, qui n'ont souvent pas accès aux produits de première nécessité comme la nourriture et un avenir prometteur, sont attirés par les groupes armés comme moyen de survie», a indiqué Gouja.

Gouja connaît personnellement de nombreux jeunes hommes de Nyala qui ont rejoint les rangs de la force de soutien rapide. Deux de ses cousins ont déjà rejoint les rangs du groupe paramilitaire; ils ont tous deux moins de 18 ans et aucun d'entre eux n'a terminé l'école primaire.

Le barreau du Darfour tire la sonnette d'alarme quant à l'augmentation du recrutement d'enfants soldats dans ce pays africain ravagé par la guerre. Il explique que la force de soutien rapide attire les recrues en utilisant une combinaison d'«argent» et de «fausses promesses». Les paramilitaires ont recruté des enfants de 14 ans en utilisant ces tactiques.

«De telles actions sont considérées comme des crimes de guerre, que les conflits soient internationaux ou non internationaux», a déclaré l'association dans un récent communiqué.

EN BREF

Des rapports de témoins révèlent le recrutement alarmant d'enfants soldats dans le conflit soudanais.

Les deux parties au conflit interne recrutent des enfants comme combattants.

Les enfants sont attirés dans les mains de ces milices par des promesses d'argent.

Selon le Fonds international d'urgence pour les enfants des Nations unies, plus d'un million d'enfants ont été déplacés par les combats de ces derniers mois. Pire encore, des centaines d'entre eux ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été blessés.

Des rapports font également état de cadavres d'enfants dans des fosses communes et de violences sexuelles perpétrées à l'encontre de jeunes filles.

Le conflit n'a pas épargné les zones civiles. Les écoles restent fermées, les institutions pour enfants ont été attaquées et même les établissements de santé vitaux sont victimes de pillages et de destructions. Dans ces conditions désastreuses, il est plus difficile pour les agences humanitaires de fournir l'aide dont la population civile soudanaise a tant besoin.

La situation à Al-Shajara est révélatrice de la blessure mortelle que ce conflit a infligée au Soudan. Ce nom désignait autrefois une région paisible située le long du Nil blanc, au sud-ouest de Khartoum.

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Un extrait d'une vidéo de contenu généré par l’utilisateur (UGC) publiée sur la plateforme X (anciennement Twitter) le 22 août 2023 montre des membres de l'armée soudanaise tirant sur des combattants paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans ce qu'ils disent être la base militaire d'Al-Shajara à Khartoum. (Photo, AFP/UGC/X Platform)

Cependant, depuis le début de ce conflit, Al-Shajara est désormais associé à la violence et au désespoir. Alors que les avions de guerre survolent la ville et que les explosions déchirent l'air, les échos d'un quartier autrefois prospère sont noyés dans la cacophonie de la bataille.

La transformation surréaliste d'Al-Shajara en l'espace de quelques mois est un sinistre témoignage de la manière dont un conflit peut réécrire la géographie même d'une nation.

Le recrutement cynique et généralisée d'enfants soldats dans ce conflit aura également un impact négatif et durable sur les normes et les valeurs sociétales de cette nation africaine, longtemps après que les armes finiront par se taire.

Des experts ont expliqué à Arab News que la manipulation des enfants et l'exploitation de leur innocence pour les transformer en instruments de destruction n'est pas seulement une tactique de guerre cynique, mais une attaque stratégique contre le tissu même de la société.

«Les enfants soldats sont utilisés pour briser les relations de confiance au sein de la société, car l'idée même que des enfants deviennent des acteurs du meurtre, du pillage et de la destruction affecte la psychologie publique d'une manière particulière, beaucoup plus profonde et percutante», a déclaré Alpaslan Ozerdem, doyen de la Jimmy and Rosalynn Carter School for Peace and Conflict Resolution, à Arab News.

«Les parties au conflit ont tendance à considérer les enfants soldats comme dispensables et à les forcer à agir dans certains des aspects les plus cruels de leur violence, car ils ont tendance à exécuter les ordres sans poser de questions», a signalé Ozerdem.

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Alpaslan Ozerdem (Photo fournie)

Il a ajouté que les enfants peuvent également s'infiltrer dans les communautés sans éveiller de soupçons, ce qui peut également influencer certaines des stratégies violentes employées dans ces environnements.

Pour Gouja, journaliste à Nyala, «le recrutement n'est pas d'abord motivé par le tribalisme comme on pourrait le penser, mais plutôt par l'influence du système éducatif et l'état d'esprit idéologique présent dans le pays».

Il a également souligné que «la lutte contre la pauvreté est cruciale, et offrir de meilleures perspectives d'avenir en dehors des groupes armés peut affaiblir l'attrait de ces derniers».

Néanmoins, d'autres observateurs affirment que la fierté tribale joue un rôle essentiel dans le conflit soudanais, les enfants étant contraints de rejoindre les groupes armés pour prouver leur machisme.

Au fil du temps, ces enfants développent une profonde loyauté envers leurs commandants et subissent de profondes manipulations psychologiques. Les processus de socialisation qui se déroulent après l'incorporation deviennent l'adhésif qui lie ces vies fragmentées en un groupe cohésif.

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Des personnes passent devant un véhicule militaire à Khartoum le 15 avril 2023, alors que des affrontements sont signalés dans la ville. Les paramilitaires soudanais ont déclaré qu'ils contrôlaient plusieurs sites clés après des combats avec l'armée régulière le 15 avril, notamment le palais présidentiel dans le centre de Khartoum. (Photo, AFP)

La triste vérité est que l'assistance psychosociale est souvent une perspective lointaine pour ces enfants soldats. Même lorsqu'ils sont intégrés dans les processus formels de réintégration, l'accès à cette aide reste limité.

Plus inquiétant encore, il est peu probable que ces enfants optent pour un soutien psychologique lorsqu'il leur est proposé, étant donné la perception erronée qu'une telle aide est un affront à la masculinité même qu'ils sont forcés d'adopter et de prouver.

«Le discours sur la réintégration des enfants soldats repose sur l'équilibre délicat entre la reconnaissance de leur rôle et l'évitement des pièges de l'infantilisation ou de la diabolisation», a expliqué Ozerdem.

Selon lui, la tendance oscille entre la perception de ces enfants comme étant vulnérables et impuissants et méritant d'être protégés, et la crainte de leur potentiel de violence et de préjudice, les considérant ainsi comme une menace.

«Cette dichotomie façonne les politiques de réintégration, qui les considèrent souvent comme des victimes passives ou des menaces imminentes», a ajouté Ozerdem.

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Sur cette photo prise le 7 février 2018, des enfants soldats assistent à une cérémonie à Yambio, au Soudan du Sud, lors du lancement d'un programme visant à aider la réintégration des dizaines de milliers d'enfants qui ont été forcés de combattre dans des groupes armés opposés dans la société, par les Nations Unies. Les horreurs de la guerre au Sud-Soudan se répètent maintenant au Soudan, où des forces armées rivales s'affrontent pour le contrôle de ce pays pauvre d'Afrique du Nord. (Photo, AFP)

Plus important encore, ces circonstances désastreuses sont souvent exploitées pour créer un récit qui dépeint ces zones de conflit comme des lieux où l'essence même de l'humanité est perdue.

Ce récit perpétue une dichotomie qui divise, opposant l'image de «locaux non civilisés» à la perception d'«anges gardiens» bienveillants venus de l'Ouest, a signalé Ozerdem.

«Cette image non seulement simplifie à l'extrême la dynamique complexe de ces conflits, mais amplifie également le sentiment d'urgence au sein de la communauté internationale pour justifier ses interventions militaires.»

Plus généralement, le recrutement d'enfants soldats dans les conflits armés est un phénomène angoissant qui continue de hanter les régions en proie au désordre et à l'agitation.

Cette pratique cruelle a pris une ampleur alarmante en Afrique, en particulier. De la République centrafricaine au Nigeria, la présence d'enfants soldats est une constante tragique dans les nombreux conflits du continent.

Le continent, notamment le Soudan, a été le point central de cette tendance inquiétante, laissant des cicatrices non seulement sur les jeunes vies enchevêtrées dans le chaos et le conflit, mais aussi sur la conscience collective du monde entier.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.