MARSEILLE : "Il faut dépasser ses peurs et aller au cinéma, c'est vital pour qu'il y ait des films", a lancé lundi soir l'actrice Ariane Ascaride venue avec le réalisateur Robert Guédiguian et l'acteur Jean-Pierre Darroussin fêter l'anniversaire de l'Alhambra, salle historique de Marseille.
"Il faut continuer à aller au cinéma, c'est un lieu où les gens regardent ensemble, dans le même sens", a renchéri Robert Guédiguian, cinéaste engagé qui plaide pour davantage de solidarité et de projets collectifs dans la société.
Avec l'épidémie de coronavirus et le confinement, "la culture a beaucoup souffert", a rappelé Ariane Ascaride sur la scène de l'Alhambra, salle ouverte en 1928 à l'Estaque. Fermé plusieurs années, ce cinéma où Guédiguian allait enfant a rouvert en 1990 avec l'aide de la ville de Marseille et fête cette année son 30e anniversaire, mais dans un contexte bouleversé par le Covid-19.
"Les cinémas sont désemparés devant l’absence de perspective de reprise de leur marché", a souligné cette semaine la Fédération nationale des cinémas.
Le Grand Rex, complexe parisien ouvert depuis 1932, fermera en août pour la première fois de son histoire, en raison de la baisse de fréquentation.
"Je peux comprendre que les gens aient peur" avec la persistance du virus, "mais il faut dépasser ses peurs et aller au cinéma (...) en respectant bien sûr les gestes barrières car personne n'est invincible et nous devons nous protéger les uns les autres", a souligné auprès de l'AFP Ariane Ascaride, prix d'interprétation à la dernière Mostra de Venise pour son rôle dans Gloria Mundi.
"Qu'est-ce qui a fait que les gens ont tenu pendant le confinement? La culture, les films, la musique, les livres. Sans la culture, les gens seraient devenus fous ", ajoute l'actrice.
"Si la baisse de fréquentation se poursuit, des cinémas indépendants vont fermer. Sans spectateurs, sans salle, on ne peut plus faire de films", poursuit-elle.
Pour attirer le public, le cinéma Alhambra, avec son élégante façade blanche et ocre des années 1930, a décidé pour la première fois de son histoire d'ouvrir en août, souligne son directeur William Benedetto. Au programme, six films de Robert Guédiguian pour découvrir autrement l'Estaque, port de pêche marqué par une importante période industrielle.
Plus de 150 spectateurs ont assisté à la projection d'ouverture lundi et Robert Guédiguian, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin se sont ensuite joints à une joyeuse soirée karaoké en plein air, sur la place devant le cinéma, au milieu des habitants de ce quartier populaire.
L'Alhambra, qui accueille généralement 60.000 spectateurs par an, travaille étroitement avec les établissements scolaires. "Mais il y a beaucoup d'incertitudes sur ce qui va se passer à la rentrée", confie William Benedetto qui veut toutefois croire "à une possibilité que les choses reprennent, même pour le cinéma".