«Safer»: Les experts mettent en garde contre le risque d’une «gigantesque marée noire»

Abandonné en 2015, Le Safer contient 4 millions de barils de pétrole (Photo, AFP/Maxar).
Abandonné en 2015, Le Safer contient 4 millions de barils de pétrole (Photo, AFP/Maxar).
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

«Safer»: Les experts mettent en garde contre le risque d’une «gigantesque marée noire»

  • Le pétrolier Safer contient une cargaison d’un million de barils de pétrole, quatre fois plus que la quantité déversée par l’Exxon Valdez lors de la marée noire catastrophique de 1989 en Alaska
  • Les récifs de la région peuvent survivre dans des eaux beaucoup plus chaudes, contrairement à d’autres coraux dans le monde, en voie d’être anéantis par le réchauffement climatique

LONDRES: Un pétrolier en état de désintégration, amarré au large des côtes contrôlées par les Houthis du Yémen depuis 2015, est sur le point de créer l’une des plus grandes marées noires au monde, avertit un groupe d’experts scientifiques. La milice houthie a maintes fois empêché des experts d’accéder au navire

Le pétrolier Safer contient une cargaison d’un million de barils de pétrole, quatre fois plus que la quantité déversée par l’Exxon Valdez lors de la marée noire catastrophique de 1989 en Alaska.

Un article publié mardi par un groupe d'experts de la communauté scientifique internationale a averti que si des mesures ne sont pas prises immédiatement, une « catastrophe environnementale et humanitaire régionale » aura lieu.

Les chercheurs ont développé un modèle informatique qui montre comment le pétrole se propagerait si une marée noire majeure devait se produire en hiver. Durant cette période de l’année, les courants répandraient le pétrole beaucoup plus loin le long de la côte de la mer Rouge qu’ils le feraient en été. Le pétrolier Safer, utilisé comme navire de stockage et de déchargement, est amarré au large de Hodeidah, un champ de bataille clé du conflit au Yémen entre la milice soutenue par l’Iran et le gouvernement internationalement reconnu.

Des modèles montrant la propagation du pétrole causée par une fuite du Safer en hiver et en été (Photo, Frontiers in Marine Science).

« Il est temps de prévenir une dévastation potentielle des eaux de la région, des conditions de vie et de la santé des millions de personnes vivant dans six pays le long de la côte de la mer Rouge », déclare Karine Kleinhaus, professeure associée à l'École des sciences marines et atmosphériques de l’Université Stony Brook, qui a dirigé l’équipe de scientifiques. « Si un déversement du Safer se produit, le pétrole se propagerait via les courants marins pour ravager des ressources marines mondiales. Les récifs coralliens du nord de la mer Rouge et du Golfe d’Aqaba comptent parmi les derniers écosystèmes de récifs coralliens du monde qui ont l’espoir de survivre dans les décennies à venir ».

Elle explique que les récifs de la région peuvent survivre dans des eaux beaucoup plus chaudes, contrairement à d’autres coraux dans le monde, en voie d’être anéantis par le réchauffement climatique.

L’article, publié dans la revue « Frontiers in Marine Science », appelle l’ONU et son Organisation maritime internationale à agir de toute urgence pour se débarrasser du pétrole, malgré les tensions politiques régionales. « Les responsables doivent agir immédiatement afin de protéger les peuples de la mer Rouge et le plus grand refuge marin du monde contre le changement climatique ».

L’article déplore que personne n’ait encore accédé au pétrolier. L’ONU a affirmé le mois dernier être parvenue à un accord avec les Houthis, permettant à ses experts de monter à bord.

En mai, l’eau a percé la coque du navire et a submergé la salle des machines. Des nappes de pétrole ont été aperçues près du pétrolier en septembre.

Le Safer est amarré le long de la côte d’une région du Yémen contrôlée par les houthis. La milice a empêché les experts internationaux d’accéder au navire (Photo, AFP/Maxar).

« Le Safer est naufragé, il se détériore le large de la côte du Yémen depuis 2015, ce qui nous a donné amplement le temps d’éviter une marée noire majeure », tonnent les auteurs de l’article, « mais cette chance inespérée continue d’être gaspillée ».

La semaine dernière, un responsable américain a indiqué que le refus des Houthis d’autoriser l’accès au navire reflète les agissements d’un groupe terroriste.

La milice, qui a déclenché la guerre au Yémen en 2014 lorsqu'elle s’est emparée de la capitale Sanaa, a été accusée d’une série d’attaques contre des navires en mer Rouge.

Le groupe est largement soupçonné d’avoir attaqué mardi un navire qui déchargeait du carburant au port de Djeddah. Un petit bateau chargé d’explosifs a pénétré dans le BW Rhine, battant pavillon de Singapour, provoquant une explosion et un incendie, sans faire de victimes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com