JOHANNESBURG: Le sommet des pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s'est ouvert mardi à Johannesburg avec, au centre des discussions, l'élargissement du bloc qui veut étendre son influence politique et économique mondiale.
Une quarantaine de nations ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt pour rejoindre le "club des cinq", qui produit un quart de la richesse mondiale et rassemble 42% de la population du globe. Iran, Argentine, et le Bangladesh sont parmi les aspirants.
"Cela montre que la famille des Brics gagne en importance, en stature et en influence dans le monde", a souligné le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, en clôture de la première journée du sommet qui se tient jusqu'à jeudi.
Les cinq pays sont aujourd'hui de "puissants moteurs de la croissance mondiale", a-t-il poursuivi.
Les pays du bloc ont en commun leur revendication d'un équilibre politique et économique mondial plus inclusif, en particulier vis-à-vis des Etats-Unis et de l'Union européenne.
"L'hégémonie n'est pas dans l'ADN de la Chine", a déclaré le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, qui accompagne le président Xi Jinping au sommet, ajoutant que "de nombreuses économies émergentes sont devenues fortes après avoir secoué le joug du colonialisme".
"Nous voulons nous asseoir à la table des négociations sur un pied d'égalité avec l'Union Européenne, les Etats-Unis", a souligné plus tôt dans la journée le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.
"Nous ne pensons pas que les Brics vont devenir une sorte de rival géopolitique pour les Etats-Unis ou qui que ce soit d'autre", a toutefois déclaré devant la presse à Washington le conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Les Etats-Unis poursuivront "les solides relations" avec le Brésil, l'Inde ainsi que l'Afrique du Sud, a-t-il ajouté. Et "nous continuerons à gérer nos relations avec la Chine et à nous opposer à l'agression de la Russie".
Divisions internes
Le sommet intervient à un moment où les divisions sur la scène internationale ont été accentuées par l'invasion russe de l'Ukraine.
L'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde n'ont jamais condamné Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine. Le Brésil a refusé de se joindre aux pays occidentaux pour envoyer des armes à l'Ukraine ou imposer des sanctions à la Russie.
La Russie est représentée à Johannesburg par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le président Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour crime de guerre en l'Ukraine, s'est exprimé mardi au sommet dans un message vidéo enregistré.
Les cinq membres des Brics, qui composent un assemblage hétérogène de pays éloignés géographiquement et dotés d'économies à la croissance inégale, divergent sur la question de l'expansion et les conditions à observer pour les nouveaux entrants.
Pékin, économie la plus puissante du bloc, veut développer son influence alors que Delhi, représenté au sommet par son Premier ministre Narendra Modi, se méfie des intentions de son rival régional.
Le Brésil a plaidé mardi en faveur d'une adhésion de l'Argentine, en proie à une inflation sans précédent et en difficulté pour rembourser une dette de 44 milliards de dollars au FMI.
Critiquant les prêts "asphyxiants" des bailleurs internationaux, Lula a promis un renforcement du bloc avec la capacité d'accorder des emprunts aux pays sur "d'autres critères" que ceux du FMI.
Poutine a affirmé que la question de la "transition vers les monnaies nationales pour les échanges commerciaux" entre pays membres est également à l'ordre du jour.
Représentant 18% du commerce international où les transactions restent majoritairement libellées en dollars, les Brics cherchent les moyens de s'affranchir du billet vert. Une cinquantaine de chefs d'Etat "amis des Brics" sont attendus par ailleurs au sommet, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.