Syrie: dans l'«enfer» des camps oubliés

Une femme passe devant des ordures dans le camp de fortune pour personnes déplacées de Sahlat al-Banat installé à côté d'une décharge à la périphérie de la ville de Raqa, dans le nord de la Syrie, le 10 juillet 2023 (AFP).
Une femme passe devant des ordures dans le camp de fortune pour personnes déplacées de Sahlat al-Banat installé à côté d'une décharge à la périphérie de la ville de Raqa, dans le nord de la Syrie, le 10 juillet 2023 (AFP).
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Publié le Mardi 08 août 2023

Syrie: dans l'«enfer» des camps oubliés

  • Dans le camp situé près de l'Euphrate, des femmes remplissent des seaux d'eau dans des réservoirs, alors que des enfants jouent pieds nus dans des conditions peu hygiéniques
  • Déclenchée en 2011, la guerre civile a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de Syriens

RAQA: Etouffant dans sa tente rapiécée et privée d'aides, Rahma al-Hammoud a perdu tout espoir de pouvoir quitter son camp de fortune dans le nord de la Syrie, où des dizaines de milliers de déplacés vivent dans les mêmes conditions en zone autonome kurde.

"Nous avons été complètement oubliés (...), l'aide est rare" et les organisations internationales "ne reconnaissent pas le camp dans lequel nous vivons", déplore cette femme de 33 ans, mère de quatre enfants, dont le mari est mort dans la guerre.

"Les enfants tombent souvent malades, ils ont de la fièvre, la diarrhée et vomissent (...), il fait si chaud dans les tentes que nous ne pouvons pas nous asseoir à l'intérieur en milieu de journée", ajoute-t-elle, un voile gris lui dissimulant partiellement le visage.

Trois des enfants de Rahma al-Hammoud travaillent dans une zone industrielle proche du camp al-Younani où elle habite, dans la province de Raqa.

Dans le camp situé près de l'Euphrate, des femmes remplissent des seaux d'eau dans des réservoirs, alors que des enfants jouent pieds nus dans des conditions peu hygiéniques.

«Camps oubliés»

Le camp est régulièrement le théâtre d'épidémies en raison de sa proximité avec une décharge dans laquelle femmes et enfants fouillent à la recherche de ferraille et de plastique qu'ils revendent pour pouvoir se nourrir.

Rahma al-Hammoud a été forcée de quitter sa maison dans la province de Raqa.Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 79% des camps de déplacés de cette province sont informels.

Ces camps de fortune qui ne reçoivent que peu d'aides "peuvent être considérés comme les camps oubliés de Syrie", souligne à l'AFP Tanya Evans, directrice pour la Syrie de l'ONG International Rescue Committee (IRC).

Elle appelle la communauté internationale à faire "des efforts soutenus pour garantir que ces camps "reçoivent l'aide dont ils ont désespérément besoin".

Déclenchée en 2011, la guerre civile a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de Syriens.

Cheikhmous Ahmed, responsable du dossier des déplacés au sein de l'administration autonome kurde, évalue à des dizaines de milliers le nombre de déplacés dans ces camps de fortune du nord et du nord-est du pays.

Parmi les dizaines de camps du nord-est, seuls 16 camps abritant au total 150 000 déplacés sont enregistrés auprès de l'administration autonome kurde et reçoivent des aides d'ONG.

"Nous travaillons sur un plan pour transférer les résidents des camps informels vers des camps reconnus", pour améliorer leurs conditions de vie, affirme à l'AFP M. Ahmed depuis son bureau à Raqa.

«Pour toujours»

Dans le camp informel de Sahlat al-Banat proche de la ville de Raqa, considéré comme l'un des plus misérables, "la situation est tragique", affirme Chakoura Mohammad.

Là aussi, les femmes et les enfants fouillent dans une décharge voisine d'où s'échappe de la fumée ; ils en sortent avec des sacs remplis de ferraille et de plastique qu'ils alignent devant leurs tentes dans l'attente d'acheteurs.

"Si les gens s'étaient souvenus de nous, on n'en serait pas là", dit cette femme de 30 ans, entourée de ses enfants: "Aucune aide ne parvient au camp".

"Les gens travaillent dans la saleté (...). L'état du camp est pitoyable et les tentes sont usées", ajoute cette déplacée de la province de Deir Ezzor (est).

Devant sa tente usée, Oum Rakan balaye la poussière du sol asséché. "On n'attend plus d'aide de qui que ce soit, cela fait des années qu'on a perdu tout espoir", affirme cette femme de 40 ans: "On est destinés à vivre dans cet enfer pour toujours".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.