Charbon contre forêt : mobilisation villageoise en Turquie

Une photographie aérienne montre la forêt d'Akbelen à Ikizkoy, dans le district de Milas de la province de Mugla, le 30 juillet 2023. Le 29 juillet 2023, des résidents locaux et des militants écologistes ont manifesté pour la cinquième fois contre le projet de déforestation de la forêt de pins centenaire de 750 hectares. (AFP).
Une photographie aérienne montre la forêt d'Akbelen à Ikizkoy, dans le district de Milas de la province de Mugla, le 30 juillet 2023. Le 29 juillet 2023, des résidents locaux et des militants écologistes ont manifesté pour la cinquième fois contre le projet de déforestation de la forêt de pins centenaire de 750 hectares. (AFP).
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Publié le Lundi 31 juillet 2023

Charbon contre forêt : mobilisation villageoise en Turquie

  • Selon l'avocat qui défend la population, les travaux ont été suspendus le temps de la campagne électorale qui a vu la réélection, le 28 mai, du président Recep Tayyip Erdogan
  • Mais, aussitôt après les élections, poursuit-il, «nous avons entendu des rumeurs disant, maintenant que nous avons gagné les élections, nous pouvons commencer à couper la forêt»

MILAS : En fichus noués sous le menton, face aux lances à incendies, les villageoises s'avancent en première ligne pour protéger leur forêt menacée par l'extension d'une mine de charbon, dans le sud-ouest de la Turquie.

"Ils abattent nos arbres, arrachent nos oliviers, ils creusent la terre et saccagent tout pour les centrales thermiques, pour l'or et le charbon. Ils ruinent le pays, c'est fini", accuse Ayse Coban, 54 ans, du village d'Ikizkoy.

"Nous sommes ruinés, ça me fait monter les larmes aux yeux".

Dans la forêt d'Akbelen, en majorité des pins, au-dessus de la station balnéaire de Bodrum, les tronçonneuses sont entrées en action la semaine dernière, protégées par les gendarmes et des véhicules blindés.

Au même moment, plusieurs départs de feu étaient signalés dans le pays et la Grèce voisine bataillait contre de monstrueux incendies.

Venus en renfort des villageois, de centaines de militants écologistes ont accouru pour livrer ce qui est devenu depuis 2021 un combat national contre la déforestation et l'usage immodéré du charbon en Turquie.

Le charbon fournit au pays un tiers de ses besoins en énergie primaire (selon l'Agence internationale de l'énergie, en 2021) et un tiers de son électricité.

En 2020, le ministère des Forêts a accordé à la société YK Energy, propriété de la puissante holding turque Limak, l'extension de sa mine de charbon dans la région d'Akbelen. Depuis, les recours se multiplient et la population ne désarme pas.

Terre dénudée

Pour Deniz Gumusel, ingénieure environnementaliste et militante écologiste, "on parle de trois centrales thermiques, à la technologie ancienne et sale", accuse-t-elle.

Une vue aérienne de la région, prise par un drone de l'AFP, montre une vaste étendue pelée de terre dénudée, au milieu des montagnes encore vertes et boisées.

"Ca fait quatre ans qu'une dizaine de villageoises ont réussi à empêcher la holding Limak, l'un des groupes les plus puissants au monde, d'entrer dans la forêt", relève l'ingénieure. "Ces femmes, qu'on dit sans éducation, ignorantes des réalités du monde, protègent et se battent pour le climat: Akbelen envoie un merveilleux message au reste du pays et à la planète".

Selon l'avocat qui défend la population, les travaux ont été suspendus le temps de la campagne électorale qui a vu la réélection, le 28 mai, du président Recep Tayyip Erdogan.

"La troisième et dernière expertise a été conduite en août 2022. Nous avons déposé un recours devant le tribunal mais il a ignoré notre objection et la suspension de l'abattage a été levée en novembre" dernier, détaille Ismail Hakki Atal, qui parle des experts comme de "tueurs à gage" employés par la compagnie.

Mais, aussitôt après les élections, poursuit-il, "nous avons entendu des rumeurs disant, maintenant que nous avons gagné les élections, nous pouvons commencer à couper la forêt".

Promesse de réhabilitation

Les détracteurs du projet soulignent les liens étroits, selon eux, qui unissent le patron de la holding Limak, propriétaire de 50% des parts de la société YK Energy, au chef de l'Etat.

Dans un communiqué lundi, les autorités provinciales de Mugla ont annoncé la fin des "travaux initiés par la Direction Générale des Forêts le 24 juillet".

Elles promettent de "réhabiliter" les zones minières en "plantant 130 000 arbres" mais mettent en garde contre "les attaques provocatrices et délibérées" visant la gendarmerie et la police.

A bout d'argument, dimanche, les villageois et les défenseurs de l'environnement se sont adressés au FC Barcelone, qui a confié à Limak la rénovation de son célèbre stade, le Camp Nou.

"Nous, villageois âgés de 7 à 95 ans, essayons de faire stopper le massacre et sommes exposés aux gaz et aux coups", écrivent-ils selon une copie de la lettre obtenue par l'AFP.

"Le Camp Nou portera la honte d'une rénovation assurée par une entreprise qui viole les droits humains, enfreint l'objectif de l'Accord de Paris et tous les documents pertinents des Nations Unies" en matière de lutte pour le climat, écrivent-ils, en appelant le club catalan à "dénoncer le contrat si Limak ne renonce pas au massacre de la forêt d'Akbelen".


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.