BEYROUTH : Mardi dernier, 25 juillet, deux femmes, invitées à dîner chez une amie commune, ne sont jamais arrivées à la réception.
Dans cet immeuble adossé à une colline du quartier Achrafieh à Beyrouth, l’ascenseur peut être pris soit de la rue inférieure, cinq étages plus bas, soit de la rue supérieure, au niveau du 5e étage. L’hôte habite au sixième.
La première invitée arrive à 19:00 chargée d’un gâteau. Elle gare sa voiture dans la rue supérieure et décide de prendre l’ascenseur en raison de son paquet, bien qu’elle n’ait qu’un seul étage à monter.
Plus tôt dans la journée, une personne avait été coincée dans l’ascenseur en raison d’une panne d’électricité, et le gardien de l’immeuble avait procédé à une opération manuelle, tirant la cabine jusqu’au dernier étage pour la libérer.
Il n’a pas constaté que, l’électricité revenue, la cabine était restée immobilisée au dernier étage et que l’ascenseur ne fonctionnait plus. L’aurait-il vérifié qu’il en aurait condamné les portes, lesquelles continuaient à ouvrir… sur le vide.
La première arrivée au diner avait donc ouvert la porte de la cabine au niveau du 5e étage et s’y était engouffrée sans penser une seconde qu’elle ferait une chute vertigineuse de 15m.
Une deuxième invitée, arrivée à 19 :30 en taxi, souffrait d’une douleur à la jambe qui lui a fait décider, elle aussi, de prendre l’ascenseur pour grimper un seul étage. Même chute fatale.
Découvertes par les réparateurs
Le retard des deux convives inquiète leur amie qui leur téléphone à plusieurs reprises sans résultat. Elle finit par alerter le fils de l’une d’elles. La voiture de la première arrivée est repérée dans la rue et l’on pense à une agression. Les téléphones signalent que les deux invitées se trouvent dans l’immeuble.
Ce n’est que le lendemain, vers 15h, quand la panne est constatée et que les réparateurs arrivent sur place, que les deux corps sont découverts au sous-sol de la cage de l’ascenseur.
L’hôte et le concierge sont interrogés, mais aucune arrestation n’a lieu.
Selon un expert juridique contacté par Arab News en français, aucune responsabilité pénale n’est engagée, mais une responsabilité civile doit être déterminée contre toute personne qui, consciente d’un danger possible, n’a pas agi pour protéger autrui d’un accident fatal.
Selon le même expert, le syndic ou, à défaut, la copropriété, seront sans doute mis en cause en vertu de la même loi sous laquelle sont aujourd’hui poursuivis les responsables ayant été au fait du danger du stockage de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth avant l’explosion qui a coûté la vie à plus de deux-cents personnes et dévasté un quartier historique de la ville.