TUNIS : Des centaines de médecins ont manifesté vendredi en Tunisie pour protester contre la mort d'un jeune chirurgien la veille dans un accident d'ascenseur défaillant à l'hôpital où il travaillait, illustration dramatique des dysfonctionnements dans les services publics.
Le drame qui a coûté la vie à Badreddedine Aloui, 27 ans, dans la région de Jendouba (nord-ouest), a déclenché un tollé. De nombreux internautes ont dénoncé les dysfonctionnements au sein de l'administration, notamment dans le secteur de la santé, en plein pic de l'épidémie de coronavirus.
Une défaillance avait été signalée il y a longtemps sur cet ascenseur -- resté en service -- dans cet hôpital visité ces derniers mois par deux ministres.
Selon des témoins interviewés par les médias, le médecin, pressé, s'est engouffré par la porte de l'ascenseur qui s'est ouverte alors qu'il n'y avait pas de cabine. Il a fait une lourde chute jusqu'au fond de la cage d'ascenseur.
Des centaines de médecins, internes et salariés du secteur se sont rassemblés devant la faculté de médecine de Tunis, réclamant le limogeage du ministre de la Santé, et des responsables de la logistique et de la santé régionale, a constaté l'AFP.
"Une jeune médecin est mort des suite de ces négligences", a déploré Zied Bouguerra, membre de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), qui a appelé à la grève.
La Tunisie, qui avait quasiment circonscrit l'épidémie de Covid-19 fin juin, a vu le nombre de cas multiplié par cent ces cinq derniers mois, avec 3.359 morts, mettant à rude épreuve des hôpitaux aux moyens limités et à la gestion défaillante.
Le Premier ministre, Hichem Mechichi, a ordonné des funérailles nationales vendredi pour le jeune médecin décédé la veille, a indiqué la présidence du gouvernement. Il doit être enterré à Kasserine en fin de journée.
L'accident intervient au moment où le budget de la Santé est débattu au Parlement, et les députés s'en sont vivement pris au gouvernement nommé en septembre.