Turquie: «On a survécu au séisme, mais cette poussière va nous tuer»

Le 9 juillet 2023, à Samandag, un homme observe des pelleteuses qui nettoient les décombres des bâtiments effondrés, cinq mois après une secousse de magnitude 7,8 et ses répliques qui ont ravagé des pans entiers de la région montagneuse du sud-est de la Turquie. (Photo OZAN KOSE / AFP)
Le 9 juillet 2023, à Samandag, un homme observe des pelleteuses qui nettoient les décombres des bâtiments effondrés, cinq mois après une secousse de magnitude 7,8 et ses répliques qui ont ravagé des pans entiers de la région montagneuse du sud-est de la Turquie. (Photo OZAN KOSE / AFP)
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Publié le Dimanche 16 juillet 2023

Turquie: «On a survécu au séisme, mais cette poussière va nous tuer»

  • Située à l'extrême sud de la province d'Hatay, la plus touchée par le séisme du 6 février qui a dévasté le sud du pays et la Syrie, faisant plus de 55.000 morts, la ville côtière de Samandag vit dans un cocon de fine poudre grise qui noie l'horizon
  • Dans cette province limitrophe de la Syrie, de nombreuses décharges ont été ouvertes pour accueillir 116 à 210 millions de tonnes de gravats résultant du séisme

SAMANDAĞ, Turquie : Les mâchoires de la pelleteuse attaquent la structure béante de l'immeuble pour en arracher les derniers pans encore debout qui s'écrasent dans un nuage de poussière.

«Ils n'arrosent même pas!», s'insurge Cagdas Can, 33 ans, militant écologiste de la plateforme Yeniden Insa (Reconstruire), en observant les mouvements des camions qui partent du centre de Samandag vers l'immense décharge à ciel ouvert, mitoyenne d'une des plus longues plages de Turquie.

Située à l'extrême sud de la province d'Hatay, la plus touchée par le séisme du 6 février qui a dévasté le sud du pays et la Syrie, faisant plus de 55.000 morts, la ville côtière de Samandag vit dans un cocon de fine poudre grise qui noie l'horizon.

Cinq mois après la catastrophe le chantier est colossal. Le gouvernement turc a décompté près de 2,6 millions de bâtiments détruits.

Selon le programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), il faut évacuer 116 à 210 millions de tonnes de gravats - le site de Ground Zero à New York, après l'effondrement du World Trade Center le 11 septembre 2001, cumulait 1,8 million de tonnes.

Dans cette province limitrophe de la Syrie, de nombreuses décharges ont été ouvertes: celle de Samandag, monstrueux pachyderme grisâtre balayé par les vents marins, jouxte la Méditerranée et la réserve naturelle d'oiseaux de Milleyha, site de ponte des tortues Caretta Caretta et des tortues vertes Chelonia Mydas, classées parmi les espèces en danger.

- fers et métaux -

«Il y avait d'autres sites possibles... Mais les entreprises privées qui ont remporté les appels d'offres (pour le déblaiement) viennent ici pour économiser le carburant», accuse Cagdas Can.

«Pour elles, tout ce qui compte c'est récupérer les fers et les métaux», lance-t-il en rappelant combien ces engins de chantier avaient fait défaut les premiers jours du désastre.

Avec son association, ils ont «formé des chaines humaines pour barrer le passage aux camions. Mais les gendarmes sont intervenus, dix-huit personnes ont été interpellées. Moi j'ai eu la clavicule cassée».

«Personne ne porte de masque. Les chantiers de démolition ne sont pas bâchés, pas arrosés, les bennes des camions non plus, comme la législation l'oblige», remarque le militant.

La population, lasse, a cessé de se mobiliser, regrette-t-il. Pourtant, elle s'inquiète tout autant que les défenseurs de l'environnement et les médecins de l'absence de précautions.

«Les enfants sont les premiers touchés, ils toussent beaucoup, nous aussi. Dès qu'il y a du vent tout est recouvert de poussière», constate Mithat Hoça, 64 ans, qui surveille son étal de primeurs dans le centre de Samandag.

«Il faut tout mettre à l'abri», confirme Mehmet Yazici, un retraité de 61 ans qui passe en scooter. «On essuie la table 15 à 20 fois par jour. Il faut le faire toutes les demi-heures».

«On a survécu au séisme mais cette poussière va nous tuer», soupire Michel Atik, fondateur et président de l'Association de protection de l'environnement de Samandag. «On va mourir de maladies respiratoires et de cancers du poumon avec toutes ces matières dangereuses».

- amiante et plomb -

Installé dans le petit conteneur blanc qui lui sert de clinique au centre d'Antakya, à 26 km de Samandag, le Dr Ali Kanatli voit déjà défiler «conjonctivites, flambées allergiques, asthme, bronchites»...

Mais, surtout, ce sont les matières dangereuses contenues dans les gravats dispersées par la poussière et les conséquences sanitaires à long terme, dont une flambée de cancers, qui préoccupent le Dr Kanatli, représentant de l'Asscociation des médecins de Turquie dans la province d'Hatay.

La Turquie n'a interdit l'amiante que tardivement, en 2013, rappelle-t-il, et la plupart des bâtiments touchés sont plus anciens.

«En plus de l'amiante, on a du plomb dans les peintures, des métaux lourds dont du mercure dans les équipements électroniques tels que les télévisions, l'électroménager...», énumère-t-il.

Le médecin signale une autre décharge problématique dans le nord-est d'Antakya, un vallon d'oliviers au pied des monts Nur qui dominent la ville.

Avec près de 17 millions d'oliviers (en 2021, selon la Chambre d'agriculture d'Hatay), l'huile d'olive constituait la première source de revenu de la province.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com