Marches en France contre les violences policières, au moins 2.000 personnes à Paris malgré l'interdiction

Assa Traore, militante française et leader du Comité Vérité et Justice pour Adama, s'adresse au public avant un rassemblement pour la "Marche pour Adama Traore" - sept ans après sa mort - place de la République, à Paris, le 8 juillet 2023. (Photo, AFP)
Assa Traore, militante française et leader du Comité Vérité et Justice pour Adama, s'adresse au public avant un rassemblement pour la "Marche pour Adama Traore" - sept ans après sa mort - place de la République, à Paris, le 8 juillet 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 09 juillet 2023

Marches en France contre les violences policières, au moins 2.000 personnes à Paris malgré l'interdiction

  • La préfecture de police avait interdit ce rassemblement, non déclaré, car «présentant des risques de troubles à l'ordre public»
  • La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française

PARIS: Au moins 2.000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris malgré l'interdiction des autorités en mémoire d'Adama Traoré, une manifestation marquée par l'interpellation musclée de l'un de ses frères, alors que des "marches citoyennes" contre les violences policières ont eu lieu dans plusieurs autres villes de France.

Au total, 5.900 personnes ont défilé dans le pays, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

Assa Traoré, soeur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, avait annoncé qu'elle serait présente "à 15H00 place de la République", après l'interdiction de la marche annuelle prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) en mémoire de son frère décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.

Elle a pris la parole debout sur un banc de la place, devant plusieurs élus de gauche et entourée d'un important dispositif des forces de l'ordre. "On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts", a-t-elle déclaré, devant notamment la cheffe de file des insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, les députés Eric Coquerel et Louis Boyard, portant leur écharpe tricolore, comme Sandrine Rousseau (EELV).

Malgré les demandes de dispersion et quelques verbalisations constatées par l'AFP, les manifestants - au moins 2.000 selon l'AFP -, scandant notamment "Justice pour Nahel" ou "Nique la police", sont ensuite partis en cortège, dans le calme, avant qu'Assa Traoré ne leur demande de se disperser "sans violence". La majorité d'entre eux avaient quitté les lieux vers 16H30.

Deux personnes ont été arrêtées, dont Youssouf, l'un des frères d'Assa Traoré. Son interpellation musclée et filmée par plusieurs témoins - on le voit résister puis être plaqué et maintenu face au sol par plusieurs policiers - a provoqué des condamnations de plusieurs élus de gauche sur les réseaux sociaux.

"C'est une honte. Il n'y avait aucune raison. Tout se passait très bien", a notamment tweeté Sandrine Rousseau. "Une persécution en plus pour la famille Traoré", a déploré Eric Coquerel.

Il a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion, a indiqué le parquet de Paris. Selon une source proche du dossier, il est accusé d'avoir "porté un coup" à une commissaire de police.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l'appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations. Reporters sans frontières (RSF) s'est ému d'une "violation inacceptable de la liberté d'informer".

La préfecture de police avait interdit dans la matinée ce rassemblement non déclaré, car "présentant des risques de troubles à l'ordre public", en rappelant le "contexte tendu" et les "cinq nuits consécutives" de violences urbaines après le décès de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.

Une enquête a été ouverte à l'encontre d'Assa Traoré, "organisatrice" du rassemblement interdit, a affirmé la PP dans un communiqué.

«Déni»

Une trentaine de manifestations étaient organisées dans le pays - ils étaient notamment 640 à Nantes, 400 à Strasbourg, 200 à Bordeaux, une centaine à Dijon, 450 à Vénissieux (à côté de Lyon).

A Lille, la manifestation a été interdite par la préfecture.

A Marseille, 750 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, dont le député insoumis Manuel Bompard, "stupéfait" du "déni" des autorités sur le problèmes des violences policières. "Manifestement le pouvoir politique a l'intention de parler de tout sauf de ça, donc c'est utile qu'il y ait des manifestations", a-t-il dit.

A Angoulême, ils étaient près de 300 pour réclamer "justice" pour Alhoussein Camara, Guinéen de 19 ans touché mortellement par un tir de policier lors d'un contrôle routier mi-juin.

Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces "marches citoyennes", pour exprimer "deuil et colère", dénoncer des politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires et demander "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement".

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont "la seule proposition", selon lui, est "d'appeler à manifester (...) dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages".

La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi - sans précédent depuis 2005 - ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l'ordre.

Samedi, le quai d'Orsay a fortement contesté les critiques "infondées" d'un comité d'experts de l'ONU qui avait lourdement critiqué la gestion des émeutes par les forces de l'ordre, réclamant notamment l'interdiction du "profilage racial".


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.