PARIS: A l'heure où la mode est un spectacle mêlant art, musique et performance, Dior a fait un choix presque audacieux, mettant le vêtement au centre d'un défilé à la scénographie futuriste vendredi à Paris.
Les mannequins ont émergé du sous-sol par des trappes, donnant dès le début l'aperçu de l'ensemble de la collection ponctuée de couleurs vives, rose, bleu ou vert fluo.
Ils ont fait le tour du pavillon installé dans la cour de l'Ecole militaire, avant de disparaître et réapparaître grâce au même système, laissant les invités observer chaque look sous plusieurs angles dans un cadre minimaliste, couleur gris Dior.
"Le message est simple: tout tourne autour du vêtement", a expliqué à l'AFP le Britannique Kim Jones, qui célèbre par cette collection ses cinq ans à la tête de la mode masculine de Dior.
En faisant ainsi, Dior se positionne en yin du yang de Louis Vuitton, autre maison du géant du luxe LVMH.
Cela saute aux yeux après les débuts de Pharrell Williams comme directeur créatif des collections homme de Louis Vuitton, qui a transformé le Pont-Neuf, le plus ancien de Paris, en boîte en plein air où se sont succédé défilé, "after-party" et concerts avec une pluie de célébrités.
Claquettes-chaussettes
"Ce que je fais, ce sont toujours de vrais vêtements. Je pense vraiment à ce que le client veut. Quand on travaille pour une grande marque, c'est important", a déclaré Kim Jones au cours d'une "preview" (aperçu de la collection) à la veille du défilé, dans un "showroom" de Dior, à deux pas de l'Arc de Triomphe.
La nouvelle collection utilise abondamment le célèbre motif "cannage" de Dior et se pimente avec des hauts à imprimé léopard inspirés de l'époque où Yves Saint Laurent était le directeur artistique de la maison, à la fin des années 1950.
"Je voulais revenir à ce qu'était Dior, le New Look mais avec un côté punk", a souligné le créateur.
"Un message subtilement subversif" entre les Teddy Boys, mouvement de la sous-culture britannique des années 1950 constitué de jeunes portant des vêtements d'inspiration édouardienne et considérés comme violents, et Malcolm McLaren, producteur des Sex Pistols à la fin des années 1970.
La tradition et la subversion se mélangent chez Dior, tout comme le masculin et le féminin. Les chapeaux portés par ces "hommes-fleurs" évoquent la passion de Christian Dior pour le jardinage.
Les mocassins avec une semelle épaisse sont une chaussure star du défilé, à moins que l'on n'opte pour des claquettes-chaussettes.
Demi Moore dans les parages
"Nous avons pris des contributions de Christian Dior, Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré et John Galliano, les cinq premiers directeurs artistiques", a ajouté Kim Jones.
Un autre pied de nez à Vuitton, qui est allé chercher une star mondiale avec un profil hors de la mode comme directeur créatif pour parler à des publics plus larges.
Kim Jones, lui-même, a été chargé de la mode masculine chez Louis Vuitton et a contribué à lancer le mélange de couture et de streetwear qui a entraîné une croissance énorme de la marque.
Outre Dior, il est directeur des collections femme et haute couture chez Fendi, la maison italienne pour laquelle il a fait défiler la star hollywoodienne Demi Moore, avec laquelle il est très ami.
L'actrice, qu'il présente comme "mon épouse" et qui aime se faire appeler "Mrs Jones", a assisté au défilé. Elle a également créé l'évènement pendant la "preview" en venant avec son petit chihuahua Pilaf dans un porte-bébé canin conçu, naturellement, par Kim Jones.