PARIS: Investir en France: comment construire ensemble les chaînes de valeur de demain? Telle est la problématique abordée lors d’une table ronde qui s’est tenue dans le cadre de la deuxième journée de la conférence organisée par Business France, à Paris, au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Le panel, animé par Raffaella Silveti, directrice des investissements chez Business France Moyen-Orient, réunissait des experts des secteurs bancaire, juridique, du marketing et de l’investissement. Ces derniers ont débattu des défis qui sont au centre des préoccupations des échanges économiques. En effet, l’attractivité dans le domaine du business représente désormais un enjeu incontournable dans l’établissement et le développement des partenariats économiques internationaux.
Les Participants
- Marc Lhermitte, senior partner, EY Consulting, Global Lead – FDI & Attractiveness | EY - Global
- Geoffroy Bunetel, directeur de cabinet du président du groupe Chalhoub
- Christophe Bourland, manager France à la First Abu Dhabi Bank
- Roland Montfort, Corporate and M&Aassocie chez Bryan Cave Leighton Paisner
- Olivier Billon, fondateur et PDG de l’agence Ykone
Les intervenants ont été interrogés sur la fiscalité, le coût du travail ou l’environnement réglementaire qui sont souvent perçus comme des défauts récurrents qui plombent la compétitivité de l'Hexagone.
Toutefois, les intervenants ont signalé qu’une économie productive et orientée vers les services à haute valeur ajoutée, une qualité de vie élevée stimulée par un haut niveau de prestations sociales, une main-d'œuvre qualifiée et une place financière dynamique sont des exemples d'atouts qui renforcent l'attractivité française. La France a en effet attiré en 2022, comme l’a rappelé la modératrice, 1 700 projets d’investissements selon le rapport de Business France, ce qui a contribué à créer 60 000 emplois.
Selon Marc Lhermitte «de nombreuses réformes ont été mises en place par l'administration Macron dans le but de faire de la France l'économie la plus attractive d'Europe: l’allègement de la fiscalité des entreprises et du capital, la simplification de l'environnement administratif et réglementaire et l’amélioration du crédit d'impôt-recherche en sont des exemples – une démarche qui coûte cher mais qui est courageuse». Il ajoute: «Il y a 500 millions de consommateurs en Europe; il y a une compétition entre les trois grandes puissances et elle est brutale, malgré l'amitié qui existe entre ces pays. Mais, par exemple, l’Allemagne, qui réussit si bien dans les chaînes d'approvisionnement, est l'un des pays où l'emploi est le plus difficile, ce qui est un avantage pour la France qui est plus flexible». Il existe par ailleurs un atout majeur à ne pas négliger: «La France est une économie à faible émission de carbone», a-t-il rappelé.
Geoffroy Bunetel, lui, a réaffirmé l’attachement du groupe Chalhoub à la France, puisque la compagnie considérée comme leader dans la distribution des marques de luxe au Moyen-Orient, avec plus de 300 marques dans le secteur de la mode, de la beauté et de l’art de vivre, a décidé d’investir en France en rachetant la compagnie Christofle, marque leader dans l’art de vivre. «Nous sommes l’exemple d’une compagnie installée au Moyen-Orient qui investit en France dans une compagnie française, a-t-il souligné, même s’il s’agit beaucoup dans ce cas d’un investissement émotionnel, puisque nous étions distributeurs de la marque en Syrie en 1955 et que les liens qui nous lient sont historiques.» Mais, finalement, grâce à cet investissement «nous avons découvert en France une quantité incroyable de talents, un écosystème fort, surtout en Normandie où la manufacture est installée, et nous avons bénéficié d’un soutien des pouvoirs publics, notamment après la période Covid». Même son de cloche du côté d’Olivier Billon, fondateur et PDG de la compagnie de marketing Ykone, qui est une entreprise européenne avec, en partie, des investisseurs saoudiens. Billon a également souligné l’incroyable savoir-faire français dans le domaine de la publicité: «Ykone est présent dans quinze pays; les employés en France sont les meilleurs dans plusieurs domaines et le système bureaucratique social légal est le meilleur.»
«En termes bancaires, la France affiche également de belles performances», selon Christophe Bourland, manager France de First Abu Dhabi Bank qui souligne la «stabilité» de l’environnement «business». «Le président Macron a, depuis son arrivée au pouvoir, tracé une voie claire de simplification pour l'innovation et la création de moyens pour les investisseurs étrangers, et cela constitue un grand changement par rapport au passé, ce qui instaure un climat de confiance», a-t-il affirmé. En effet, la banque, l’une des plus importantes dans le Golfe, a choisi Paris pour seul siège en Europe et affiche clairement sa volonté d’encourager et de soutenir les investissements de la région du Golfe vers la France mais aussi les compagnies françaises voulant investir dans le Golfe.
Le volet «légal» des investissements a été abordé par Roland Montfort, qui conseille des clients étrangers «dans le monde entier». Le juriste a déclaré que «juridiquement, les problèmes sont complexes par nature et la France n'est pas libre puisque légalement liée à l'Union européenne et qu’il fallait toujours garder cela en tête». Cela dit, «le système juridique français rest[e] quand même flexible» et les avocats savent y «naviguer».
Les experts ont également souligné en conclusion le dévouement total des représentants de l’État dans la facilitation des investissements, «qu’ils soient au niveau régional ou local».