«Procès des écoutes»: Nicolas Sarkozy à la barre

Brandi dès lundi par la défense, ce secret professionnel a été évoqué jeudi par le grand pénaliste Henri Leclerc, 86 ans, cité à la barre comme témoin (Photo, AFP)
Brandi dès lundi par la défense, ce secret professionnel a été évoqué jeudi par le grand pénaliste Henri Leclerc, 86 ans, cité à la barre comme témoin (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 07 décembre 2020

«Procès des écoutes»: Nicolas Sarkozy à la barre

  • Nicolas Sarkozy a répété deux jours plus tard vouloir «la vérité» et assuré qu'il répondrait à «toutes les questions»
  • «Jamais je n'ai été un corrupteur», a-t-il martelé à la barre

PARIS: Il a promis de s'« expliquer » et de « répondre à toutes les questions », au nom de la « vérité »: l'ancien président Nicolas Sarkozy est interrogé lundi après-midi sur les faits dans l'affaire dite des « écoutes », après une semaine tendue au tribunal de Paris. 

L'ex-chef de l'Etat, 65 ans, est présent depuis le premier jour de ce procès inédit, au cours duquel il est jugé pour corruption et trafic d'influence aux côtés de son avocat Thierry Herzog et de l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert. Mais il ne s'est pas encore réellement exprimé. 

L'image d'un ancien président à la barre est sans précédent: il est le premier à comparaître devant un tribunal sous la Ve République. Seul Jacques Chirac a été jugé et condamné en 2011 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, mais sans s'être déplacé à l'audience pour des raisons de santé. 

Dénonçant des « infamies » il y a une semaine, Nicolas Sarkozy a répété deux jours plus tard vouloir « la vérité » et assuré qu'il répondrait à « toutes les questions », près de sept ans après la révélation de cette affaire au coeur de laquelle se trouve la notion de secret. 

D'abord le secret que Gilbert Azibert, haut magistrat au sein de la Cour de cassation, est soupçonné d'avoir violé en 2014 en transmettant des informations à Nicolas Sarkozy, via Thierry Herzog, sur un pourvoi en cassation lié à l'affaire Bettencourt. 

A l'époque, l'ex-président avait obtenu un non-lieu dans ce dossier à Bordeaux, mais il cherchait à faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels par la haute juridiction. 

En échange de ces informations voire d'une influence sur la procédure, Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir donné un « coup de pouce » à Gilbert Azibert pour une nomination à Monaco. Poste qu'il n'a pas obtenu. 

Des accusations réfutées en bloc mercredi à la barre par l'ex-haut magistrat, alors avocat général dans une chambre civile de la Cour: son intérêt pour le dossier Bettencourt était strictement « juridique » et il n'a jamais tenté d'influencer ses collègues, a-t-il affirmé. 

« combatif » 

Le secret, ensuite, des conversations entre un avocat et son client, que la défense estime piétiné par la mise sur écoute de Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy.  

Tout le dossier est en effet basé sur des discussions entre les deux hommes, interceptées sur une ligne officieuse ouverte au nom de « Paul Bismuth », dans le cadre d'une autre affaire visant Nicolas Sarkozy: celle de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.  

Brandi dès lundi par la défense, ce secret professionnel a été évoqué jeudi par le grand pénaliste Henri Leclerc, 86 ans, cité à la barre comme témoin, puis de nouveau invoqué par Thierry Herzog au début de son interrogatoire. 

« Jamais je n'ai été un corrupteur », a-t-il martelé à la barre, reconnaissant finalement avoir voulu rendre un « service » à son ami Azibert mais, a-t-il juré, ce n'était en aucun cas une « contrepartie ». 

Interrompu jeudi soir avant les questions de l'accusation, l'interrogatoire de Me Herzog doit reprendre à 13H30, avant celui de l'ancien chef de l'Etat.  

Depuis le 23 novembre, Nicolas Sarkozy arrive toujours le dernier, avec son escorte, par un chemin dérobé au sein du tribunal, dépassant policiers et caméras avant d'entrer dans la salle d'audience. 

A l'intérieur, après avoir salué du coude ses coprévenus et avocats, il s'assoit sur sa chaise, hochant régulièrement la tête pendant les débats, semblant pressé de s'exprimer. 

La première semaine d'audience s'est déroulée dans une ambiance tendue entre le parquet national financier (PNF) et la défense, qui dénonce un « dossier poubelle ».   

De son côté, dans un réquisitoire sévère en octobre 2017, le parquet avait comparé les méthodes de Nicolas Sarkozy à celles d'« un délinquant chevronné ». 

Retraité de la vie politique depuis 2016 mais encore très populaire au sein du parti Les Républicains (ex-UMP), l'ex-président, se disant « combatif », avait qualifié le procès de « scandale qui restera dans les annales », se défendant d'être un « pourri ». 

Tout comme ses deux co-prévenus, il encourt dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende. 

Le réquisitoire du PNF est attendu mardi, avant les plaidoiries de la défense.  

Le procès doit s'achever jeudi soir. 


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».  


Boualem Sansal fait appel de sa condamnation en Algérie, indique son avocat français

Son annonce intervient deux jours après un appel entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue entre les deux pays, au cours duquel le sort de Boualem Sansal a été évoqué. (AFP)
Son annonce intervient deux jours après un appel entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue entre les deux pays, au cours duquel le sort de Boualem Sansal a été évoqué. (AFP)
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  • L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison en Algérie, a indiqué à l'AFP mercredi son avocat français, François Zimeray
  • Cet appel, a précisé Me Zimeray, qui a appelé à un "geste humanitaire" pour libérer son client âgé de 80 ans, n'empêche pas de le gracier

PARIS: L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison en Algérie, a indiqué à l'AFP mercredi son avocat français, François Zimeray.

Cet appel, a précisé Me Zimeray, qui a appelé à un "geste humanitaire" pour libérer son client âgé de 80 ans, n'empêche pas de le gracier. Son annonce intervient deux jours après un appel entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue entre les deux pays, au cours duquel le sort de Boualem Sansal a été évoqué.