PARIS: L'ex-haut magistrat Gilbert Azibert, qui comparaît au côté de l'ancien président Nicolas Sarkozy au procès des «écoutes», s'est dit jeudi «scandalisé» par la «légèreté» et «l'incompétence» du parquet national financier (PNF), lors d'un interrogatoire tendu sur les faits.
L'ancien avocat général à la Cour de cassation, 73 ans, jugé pour corruption et trafic d'influence avec l'ex-chef de l'Etat et son avocat Thierry Herzog, a commencé à être questionné par le tribunal mercredi.
Mais l'audience a été brusquement interrompue après un incident entre la défense et l'accusation, à couteaux tirés depuis le début du procès.
«Pour vous éviter un travail inutile, j'ai préparé moi-même une question que vous me poserez», a lancé d'emblée Gilbert Azibert. Excédé, il a interrompu à plusieurs reprises les questions de la «substitut» - en réalité première vice-procureure - affirmant y avoir déjà répondu la veille.
«Madame le substitut, je pense avoir été clair et si ça continue je vais demander une suspension d'audience car je commence à être fatigué», a-t-il déclaré, qualifiant les questions du parquet sur ses agendas à l'époque des faits d'«inutiles et superfétatoires».
A l'issue des questions, l'ex-haut magistrat a demandé à «ajouter» quelque chose.
«Lorsqu'on a la prétention de poursuivre un ancien président de la République, de poursuivre l'un des meilleurs pénalistes et un modeste magistrat, on a au moins la compétence de regarder les textes, la curiosité de lire le Code pénal», a-t-il sermonné.
«Je suis poursuivi pour trafic d'influence. Or dans le Code pénal, je ne relève pas de cette qualification», a-t-il poursuivi. «Je suis scandalisé par la légèreté du parquet et son incompétence».
«Le parquet a relevé cet élément dans la poursuite et il fera un commentaire dans son réquisitoire», a répliqué le procureur financier Jean-Luc Blachon. «Et vous vous rendrez compte que vous n'êtes pas si bon juriste que vous le prétendez».
«Je vous retourne le compliment», a alors rétorqué le prévenu.
Gilbert Azibert est soupçonné d'avoir transmis à Nicolas Sarkozy, par le biais de son ami Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret et d'avoir influé sur un pourvoi en cassation formé par l'ancien président dans l'affaire Bettencourt.
Mercredi, il avait affirmé ne «jamais» avoir été sollicité par Thierry Herzog, assurant s'être intéressé à la procédure Bettencourt uniquement pour des questions de droit.
Interrogé sur ses déclarations en garde à vue concernant les pièces de cette procédure Bettencourt, il a répété: «Je n'ai jamais eu ni l'avis de l'avocat général, ni celui du rapporteur. Vous me faites dire ce que je n'ai pas dit, c'est assez désagréable».
Le procès doit s'achever le 10 décembre.