LE CAIRE: Une cour d'appel égyptienne a classé samedi une vieille affaire dans laquelle vingt ONG étaient accusées d'avoir reçu illégalement des fonds étrangers, a indiqué une source judiciaire.
Cette décision survient à la veille du début d'une visite d'Etat à Paris du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
« Le juge de la cour d'appel du Caire Ali Mokhtar a donné l'ordre que (les) 20 organisations ne fassent pas l'objet d'une procédure pénale (...) et que l'enquête prenne fin », a indiqué le tribunal dans un communiqué.
L'affaire remonte à décembre 2011 avec la perquisition des locaux de nombreuses ONG, dont les organisations américaines National Democratic Institute, International Republican Institute et Freedom House, ainsi que la fondation allemande Konrad Adenauer. Ce qui avait suscité de vives protestations internationales et des tensions importantes avec Washington.
Les ONG ont été accusées d'avoir reçu des financements étrangers illégaux et de s'être immiscées dans les affaires politiques du pays.
A l'époque, plusieurs mois déjà après la chute d'Hosni Moubarak, le pays est toujours régulièrement secoué par des manifestations hostiles au pouvoir intérimaire de l'armée. Des responsables du gouvernement soupçonnent les mouvements de la société civile de vouloir déstabiliser le pays.
En 2013, 43 employés des ONG perquisitionnées --dont des Américains et des Européens-- sont condamnés à des peines de prison entre un et cinq ans. Trois ans plus tard, un tribunal gèle les avoirs en Egypte de plusieurs de ces ONG, impose une interdiction de voyager à leurs membres et ouvre une enquête sur d'autres organisations.
En 2018, les 43 personnes sont acquittées mais les autres mesures sont maintenues.
Selon le communiqué du tribunal, le juge Mokhtar a aussi décidé de lever le gel des avoirs et les interdictions de voyager.
Mais le sort des ONG faisant l'objet d'une enquête depuis 2016 n'était pas clair dans l'immédiat.
Le parquet égyptien avait déjà ordonné jeudi la libération de trois dirigeants d'une organisation de défense des droits humains, dont les arrestations en novembre avaient suscité l'indignation à l'étranger.
Depuis la destitution par l'armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi et l'arrivée au pouvoir l'année suivante d'Abdel Fattah al-Sissi, une répression croissante s'est abattue sur toute forme d'opposition, islamiste ou libérale.
Plusieurs ONG se sont dites « stupéfaites » samedi de voir le tapis rouge être déroulé pour M. Sissi à Paris.
En visite au Caire début 2019, le président français Emmanuel Macron avait demandé à M. Sissi de « protéger les droits humains ».
Il y a eu depuis « une escalade dans la répression » pour aboutir à « la situation la plus grave de l'histoire moderne de l'Egypte », a déploré la Fédération internationale des droits humains.