DJERBA: Attentat "terroriste" ou acte isolé? Les autorités tunisiennes enquêtent mercredi pour élucider les circonstances d'une attaque menée par un gendarme ayant tué trois de ses collègues et deux fidèles devant une synagogue sur l'île de Djerba, pendant le pèlerinage juif annuel, avant d'être abattu.
La synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d'Afrique, avait déjà été visée en 2002 par un attentat-suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts.
"L'enquête est en cours pour déterminer les responsabilités engagées dans cette attaque lâche", a indiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué.
L'attaque a eu lieu en deux temps alors que des centaines de fidèles achevaient le pèlerinage juif annuel de la Ghriba mardi soir.
Un dispositif de sécurité a été déployé dans le périmètre de la synagogue, fermant toutes les routes y donnant accès, ont constaté mercredi dans la matinée des correspondants de l'AFP sur place .
Selon les autorités, le gendarme a d'abord tué l'un des ses collègues par balle sur le port de Djerba et s'est emparé de son arme et ses munitions. Il s'est ensuite rendu aux abords de la synagogue, distante d'une quinzaine de kilomètres, où il a ouvert le feu sur les forces de l'ordre qui assuraient la sécurité du lieu, avant d'être abattu.
Deux fidèles, un Tunisien et un Franco-tunisien ont été tués devant la synagogue par les tirs de l'assaillant, et quatre autres ont été blessés et évacués vers un hôpital, selon les autorités.
Paris «condamne avec la plus grande fermeté» l'attaque devant une synagogue à Djerba
La France a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" l'attentat devant la synagogue de la Ghriba en Tunisie, qui a coûté la vie à quatre personnes dont un Français, un acte "odieux", selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Cet attentat "fait douloureusement écho à l'attentat-suicide qui avait fait 21 morts dans cette même synagogue en 2002", a réagi Anne-Claire Legendre. La Ghriba est la plus ancienne synagogue d'Afrique située sur l'île de Djerba.
Le Quai d'Orsay, qui adresse également ses "plus sincères condoléances aux familles des victimes", ajoute que l'ambassade de France et ses services sont "mobilisés pour apporter leur soutien à la famille" du Français et des concitoyens "affectés par cette attaque".
"Nous nous tenons aux côtés de la Tunisie pour poursuivre la lutte contre l'antisémitisme et toutes les formes de fanatisme", a souligné par ailleurs Anne-Claire Legendre.
Six gendarmes ont également été blessés. Deux d'entre eux ont succombé à leurs blessures, selon un nouveau bilan obtenu mercredi de source hospitalière.
«Carnage évité»
Selon l'ancien ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, une figure de la communauté juive tunisienne présent dans la synagogue au moment de l'attaque, les fidèles tués sont deux cousins: Aviel Haddad, un juif tunisien de 30 ans, et Benjamin Haddad, 42 ans, qui résidait en France.
Dans une interview à la radio Mosaïque FM, il a indiqué que "sans l'intervention rapide des forces de sécurité, un carnage aurait eu lieu car des centaines de visiteurs se trouvaient sur les lieux".
Dénonçant une "attaque violente", le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a affirmé qu'Aviel Haddad détenait également la nationalité israélienne.
"Cela prouve que le mal et la haine sont toujours là, nos cœurs et nos pensées sont avec les familles et la communauté", a-t-il ajouté dans un communiqué.
"Vers 20 heures nous avons entendu des bruits de tirs de pistolet. La police a fermé toutes les portes et on ne pouvait pas sortir. On ne pouvait rien faire pendant plus de trois heures", a raconté à l'AFP l'un des fidèles qui se trouvaient dans la synagogue, Elyahu, un vieil homme venu d'Israël.
"Certains priaient, d'autres pleuraient", a-t-il ajouté.
Egalement présente dans le lieu de culte, Raoudha Seibi, de l'Association tunisienne de Soutien des Minorités affirme avoir vécu "un vrai cauchemar".
"Je voyais les gens courir dans tous les sens. Je n’ai jamais cru que je vivrai une telle terreur, je suis sous le choc jusqu’à maintenant", dit-elle à l’AFP en larmes."Les tirs étaient si proches".
Attaque d'une synagogue à Djerba: «acte aussi lâche qu'odieux» pour le Consistoire de France
Le Consistoire central de France a condamné mercredi l'attentat "aussi lâche qu'odieux" devant la synagogue de la Ghriba à Djerba, en Tunisie, qui a coûté la vie à quatre personnes dont un Français.
Dans un communiqué, le Consistoire "fustige cet acte aussi lâche qu’odieux, venu profaner ce moment unique de prières et d’union que partageaient des centaines de pèlerins rassemblés au sein de la synagogue".
Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, et le président du Consistoire central, Elie Korchia, "sont en lien avec le Ministère des Affaires étrangères pour garantir le rapatriement des corps de leurs proches au plus vite en France", a précisé le Consistoire.
De son côté, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a appelé à un rassemblement mercredi à Paris, à 17H00 GMT, au métro Belleville, "afin de rendre hommage aux victimes de cet attentat antisémite".
Deux fidèles qui participaient à un pèlerinage juif dans la synagogue de la Ghriba, sur l'île tunisienne de Djerba, ont été tués mardi soir dans une attaque menée par un gendarme qui a également tué deux collègues avant d'être abattu, selon le ministère tunisien de l'Intérieur.
Cette synagogue, la plus ancienne d'Afrique, avait déjà été visée en 2002 par un attentat- suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts.
Selon les organisateurs, plus de 5.000 pèlerins, essentiellement venus de l'étranger, ont participé cette année au pèlerinage de la Ghriba, au cœur des traditions de la communauté juive tunisienne qui compte quelque 1.500 personnes.
L'attaque survient au moment où le tourisme enregistre une forte reprise en Tunisie après un net ralentissement pendant la pandémie de Covid-19. Ce secteur vital pour l'économie avait été gravement affecté après les attentats de 2015 contre le musée du Bardo à Tunis et un hôtel de la station balnéaire de Sousse, ayant fait 60 morts dont 59 touristes étrangers.
La Tunisie traverse en outre une grave crise socio-économique qui a empiré depuis que le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.