LE CAIRE: La Ligue arabe a réintégré dimanche le régime syrien dans ses rangs, mettant fin à une suspension de plus de dix ans et assurant le retour du président Bachar al-Assad dans le giron arabe après des années d'isolement.
Les délégations du gouvernement syrien «siégeront de nouveau à la Ligue arabe» à partir de dimanche, indique un communiqué publié à la suite d'une décision unanime des ministres des Affaires étrangères de la Ligue.
Le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, a participé à la réunion ministérielle qui s'est tenue au siège de la Ligue au Caire.
Les ministres «ont discuté des efforts réalisés pour parvenir à une solution politique à la crise syrienne qui mette fin à ses répercussions et préserve l'unité, la sécurité, la stabilité et l'identité arabe de la Syrie, et la réintègre dans son environnement arabe, pour le bien de son peuple frère», indique le ministère saoudien des Affaires étrangères sur Twitter.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré dans un communiqué télévisé que cette décision permettrait à M. Assad de participer au prochain sommet de la Ligue, qui se tiendra le 19 mai. Il a ajouté que cette décision s'inscrivait dans le cadre d'un processus graduel de résolution du conflit.
«Cela ne signifie pas que la crise syrienne a été résolue, bien au contraire», a-t-il affirmé, «mais cela permet aux (États) arabes de communiquer avec le gouvernement syrien pour la première fois depuis des années afin de discuter de tous les problèmes».
Selon M. Aboul Gheit, la réintégration de la Syrie ne signifie pas que tous les pays arabes ont normalisé leurs relations avec Damas.
Le retour de la Syrie au sein de l'organisation est «le début... et non la fin de la question», a-t-il ajouté, précisant qu'il appartenait à chaque pays de décider de renouer ou non des liens avec Damas.
Le conseil de la Ligue des États arabes a salué les déclarations arabes publiées par la réunion de Djeddah sur la Syrie le 14 avril et la réunion d'Amman sur la Syrie le 1er mai 2023.
Le conseil a également décidé de former un comité ministériel composé de la Jordanie, de l'Arabie saoudite, de l'Irak, du Liban, de l'Égypte et du secrétaire général de la Ligue pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la déclaration d'Amman, qui envisage une résolution «progressive» de la crise syrienne, et pour poursuivre le dialogue direct avec le régime.
Le Premier ministre syrien, Hussein Arnous, a déclaré dimanche que la Syrie était victime depuis douze ans de «campagnes de désinformation et de déformation lancées par nos ennemis».
Il a indiqué que les consultations de dimanche reflétaient la «position prestigieuse» qu'occupe la Syrie sur les plans régional et international.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a appelé à la «coopération arabe» et à «une approche arabe efficace et constructive (...) basée sur le dialogue, le respect mutuel et les intérêts communs des pays arabes».
La dernière participation de M. Assad à un sommet de la Ligue arabe remonte à 2010. Les dirigeants de l'opposition ont participé au sommet de la Ligue arabe à Doha en 2013, provoquant la colère de Damas.
«L'isolement régional de la Syrie est officiellement rompu», a affirmé l'expert Fabrice Balanche, qualifiant la décision de dimanche de «victoire diplomatique» pour M. Assad.
En avril, le prince Faisal a effectué la première visite à Damas d'un représentant officiel de l'Arabie saoudite depuis le début de la guerre. Ce séjour a suivi de quelques jours la visite du ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, qui effectuait également le premier voyage de ce type dans le Royaume.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com