Entre modernité et tradition, le couronnement «historique» du roi Charles enthousiasme les foules

Le roi Charles III a été couronné samedi à l'abbaye de Westminster, à Londres, lors d'une cérémonie empreinte de traditions anciennes, d'apparat royal et d'une touche de modernité (Photo, AFP).
Le roi Charles III a été couronné samedi à l'abbaye de Westminster, à Londres, lors d'une cérémonie empreinte de traditions anciennes, d'apparat royal et d'une touche de modernité (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

Entre modernité et tradition, le couronnement «historique» du roi Charles enthousiasme les foules

  • Parmi les invités figuraient des dirigeants arabes, la première dame des États-Unis, Jill Biden, et le président français, Emmanuel Macron
  • Charles a travaillé fort pour que l'événement soit le plus inclusif et le plus représentatif possible de la Grande-Bretagne qu'il dirige aujourd'hui

LONDRES: Le roi Charles III a été couronné à l'abbaye de Westminster, à Londres, samedi, lors d'une cérémonie empreinte de traditions anciennes, d'apparat royal et d'une touche de modernité.

La vieille église, qui a accueilli le couronnement de 39 monarques avant Charles, était pleine à craquer avec 2 000 participants, des personnalités internationales et des nobles réunis avec des invités spéciaux du public.

Parmi les invités figuraient des dirigeants arabes, la première dame américaine, Jill Biden, le président français, Emmanuel Macron, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, ainsi que sept anciens Premiers ministres qui se sont joints à la célébration aux côtés de célébrités telles que Judi Dench, Emma Thompson et Lionel Richie.

Ces personnalités faisaient partie des quelques chanceux invités présents dans l'abbaye lorsque Charles a été oint avec de l'huile provenant du Mont des Oliviers en Terre Sainte et a reçu un orbe, des épées et des sceptres, avant que l'archevêque de Canterbury Justin Welby ne place la couronne de Saint Édouard, ornée de plus de 400 pierres précieuses, sur la tête du monarque. Les trompettes ont entonné l'hymne national et des salves d'armes ont été tirées dans plusieurs villes du Royaume-Uni.

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Ce couronnement a été le premier en Grande-Bretagne depuis 70 ans et le deuxième seulement à être télévisé. Charles est le 40e monarque à être couronné à l'abbaye de Westminster depuis le roi Guillaume Ier en 1066 (Photo, AFP).

Outre les rites anciens, Charles s'est efforcé de faire en sorte que son grand jour soit le plus inclusif et le plus représentatif possible de la Grande-Bretagne qu'il dirige aujourd'hui. Ainsi, rompant avec la tradition, des représentants des religions musulmane, bouddhiste, hindoue, juive et sikhe ont participé pour la première fois à la cérémonie.

Lors de la cérémonie habituellement anglicane, Charles, vêtu de couleur pourpre et crème, a juré sur une Bible qu'il était un «vrai protestant», mais une préface a été ajoutée au serment pour dire que l'Église d'Angleterre chercherait à «favoriser un environnement où les gens de toutes les confessions et croyances peuvent vivre librement».

La lecture de la Bible du roi Jacques a été faite par Sunak, le premier dirigeant hindou de Grande-Bretagne, et une chorale gospel a interprété un «Alleluia» nouvellement composé, tandis que, pour la première fois, des femmes membres du clergé ont pris part à la cérémonie.

S’agissant du coût de la cérémonie, le chiffre exact sera communiqué par le palais de Buckingham après l'événement. Cela a suscité des critiques de la part d'une partie de la société britannique, qui s'est interrogée sur le moment choisi pour un couronnement dans un contexte de crise du coût de la vie, au cours de laquelle les Britanniques ont eu du mal à payer leurs factures d'énergie et à acheter de la nourriture.

Charles, quant à lui, s'est donné pour mission de rationaliser la famille royale pour le XXIe siècle et d'offrir aux contribuables «un bon rapport qualité-prix». Son couronnement a été nettement plus court que l'extravagance de 1953 de sa mère, la reine Elizabeth II, avec moins d'invités et une procession abrégée.

Alors que la révérence qui entourait les couronnements du passé s'est largement estompée dans le monde moderne, les personnes qui ont assisté et regardé l'événement ont déclaré à Arab News qu'elles en ressentaient toujours l'importance historique.

«C'est évidemment le premier couronnement auquel j'assiste. C'est un moment incroyable pour moi», a déclaré Naima Pinchen, convertie à l'islam et originaire de la ville anglaise de Derby.

«En tant que Britannique et ancienne membre de la Royal Air Force, j'ai beaucoup apprécié d'être témoin de cet événement, d'un point de vue militaire, mais aussi d'un point de vue personnel.»

«La famille royale fait partie intégrante de ce pays depuis plus de 1 000 ans. Faire partie d'un événement aussi important est tout simplement époustouflant», a-t-elle ajouté.

«Cela est incroyable. On peut voir tellement de cultures, de couleurs et d'origines différentes au même endroit. J'ai vu des gens venant de pays asiatiques, de pays arabes, de pays africains, de pays européens — il n'y a pas que des Britanniques ici», a déclaré Pinchen.

Jill Coughlin, une fan de la famille royale originaire d'Essex, à l'est de Londres, a qualifié Charles de «pilier de la Grande-Bretagne » en ajoutant: «C'est formidable d'être entouré d'amour et de voir notre roi Charles. Nous aimions notre reine et ce n'est qu'une nouvelle génération. C'est donc merveilleux pour nous, absolument merveilleux.»

Vickey Davis, qui a fait le voyage depuis les Midlands avec Claire Waters, a signalé: «Nous voulions venir et faire partie de l'histoire, vraiment. C'est un événement qui ne se produit qu'une fois dans une vie, alors nous voulions en faire partie.»

Waters a ajouté: «Il sera un bon roi. Il se préoccupe de l'environnement et de la conservation, et il souhaite laisser la planète dans un meilleur état.»

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Le roi Charles III et la reine Camilla sur le balcon du palais de Buckingham, à Londres, après leur couronnement (Photo, AFP).

Des milliers de personnes venues de tout le Royaume-Uni et du monde entier ont campé pendant la nuit le long d'un parcours de deux kilomètres que le roi et la reine empruntaient pour se rendre à l'abbaye de Westminster et en revenir, dans une calèche dorée tirée par des chevaux.

Les citoyens britanniques n'ont pas été les seuls à se sentir concernés par l'événement tout au long du couronnement.

«Je suis venu parce que c'est un moment historique et je suis heureux d'en faire partie avec tous les Anglais lors d'un événement aussi chaleureux. En tant que Marocains, nous comprenons cet amour pour un roi», a affirmé à Arab News, Yasir el-Ayadi, qui vient de France.

Quan Nguyen, qui a quitté le Vietnam pour s'installer au Royaume-Uni il y a deux ans et qui a assisté aux célébrations du jubilé de platine de la reine Élisabeth l'été dernier ainsi qu'à ses funérailles en septembre, a indiqué que le couronnement était un événement auquel il «devait absolument participer».

Il a ajouté: «L'ensemble de l'événement était tout simplement magnifique. C'est incroyable à voir et je me sens chanceux d'avoir assisté à trois grands événements royaux en seulement deux ans, et je serai là pour l'apparition au balcon.»

Nguyen a déclaré que même s'il était dommage que la défunte princesse Diana ne soit pas là pour participer à l'événement, il était «formidable» que la famille royale soit restée fidèle à son devoir, ajoutant: «Aujourd'hui, les membres de la famille royale ont l'occasion de prouver à quel point ils sont sérieux envers leur mission.»

Le fils de Charles et héritier du trône, William, prince de Galles, était présent aux côtés de son épouse, Catherine, princesse de Galles, et de leurs trois enfants. Vers la fin de la cérémonie, William s'est agenouillé devant son père et a rendu hommage au roi en tant qu'«homme lige», avant de l'embrasser sur la joue.

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Charles et Camilla se déplaçant dans le Carrosse d'Or d'État, de l'abbaye de Westminster à Buckingham Palace (Photo, AFP).

Le frère cadet de William, le prince Harry, duc de Sussex, qui s'est publiquement opposé à la famille, est quant à lui arrivé seul. Son épouse, Meghan, la duchesse de Sussex, ainsi que leurs enfants, sont restés chez eux en Californie.

Marisa Legters, qui travaille bénévolement pour les parcs royaux, a déclaré qu'elle voulait participer à cette «journée historique», mais qu'elle était «triste» que Meghan ne soit pas présente, peut-être parce qu'elle «ne se sentirait pas la bienvenue ici».

Legters a ajouté qu'elle pensait que Charles ferait un grand monarque, en raison de l'importance qu'il accorde à la diversité, de sa passion pour la nature et de son apparence de «roi accueillant».

Après les événements plus stables et plus sobres organisés à l'abbaye, les milliers de personnes qui s'étaient massées dans les rues le long du cortège ont applaudi le passage du roi et de la reine dans le Carrosse d'Or d'État, en route vers le palais de Buckingham pour le moment tant attendu par ceux qui avaient bravé les pluies torrentielles londoniennes.

Charles et Camilla sont apparus sur le célèbre balcon pour saluer la foule. Un défilé aérien des forces armées a eu lieu au-dessus du palais, en présence de William, Kate et d'autres membres de la famille royale, dont le prince Edward, duc d'Édimbourg, son épouse et ses enfants.

Helen Rimmer, qui avait parcouru plusieurs centaines de kilomètres depuis le nord de l'Angleterre pour assister à l'événement, a résumé l'ambiance de la journée en déclarant: «C'est une occasion très spéciale, surtout pour notre pays et le Commonwealth. C'est l'atmosphère, tout ce qu'il y a autour, vraiment. C'est une grande fête, c'est formidable.»

* Avec l'AP

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »