OTTAWA: Dignitaires canadiens et fans de la monarchie britannique se sont rassemblés samedi à Ottawa pour célébrer le couronnement de Charles III avec de la musique et de la poésie, tandis que le Canada, membre du Commonwealth, dévoilait pièces de monnaie et timbres en son honneur.
Environ 300 personnes, dont des responsables militaires, ont pris part à cette cérémonie d'une heure qui s'est achevée par 21 coups de canon et qui s'est tenue dans une salle faisant face au Parlement.
Dans le reste du Canada, quelques enthousiastes se sont réunis pour regarder le couronnement, mais dans l'ensemble peu de personnes semblaient faire cas de l'événement et les célébrations sont restées discrètes, surtout comparées au grand spectacle tenu à Londres auquel a participé le Premier ministre Justin Trudeau.
A Ottawa, un seul manifestant brandissait une pancarte appelant le Canada à abolir la monarchie, un sentiment partagé par deux tiers des Canadiens interrogés par un récent sondage Abacus Data.
Une petite île du Pacifique célèbre le couronnement de Charles III, fils d'un dieu
Une petite île du Pacifique résonnait samedi de chants alors que des centaines de ses habitants célébraient le couronnement du roi Charles III, un événement particulièrement remarquable pour cette tribu qui considère que le père du roi, le prince Philip, était un de ses dieux.
L'île volcanique de Tanna, dans le sud du Vanuatu, est le centre du "Prince Philip movement", qui voit dans le père de Charles un ancêtre mythique très lointain.
"Je suis très heureux, parce que Charles est le fils de Philip", a dit à l'AFP le chef local Yabah, qui s'est rendu un jour au château de Windsor et a rencontré le prince Philip. "Je veux qu'il vienne me voir ici", a-t-il ajouté.
Ce mouvement a commencé dans les années 1970, lorsque le duc d'Edimbourg s'est rendu en visite dans cette ancienne colonie anglo-française connue alors sous le nom de Nouvelles-Hébrides et qui reste un pays du Commonwealth.
L'origine de cette croyance n'est pas expliquée clairement, mais reposerait, selon les anthropologues, sur une ancienne prophétie prévoyant le retour d'un fils de l'île à peau blanche.
Certains sont même convaincus que c'est de Tanna qu'est parti le prince avant la Deuxième Guerre mondiale pour aller épouser la future reine Elizabeth.
A la cérémonie, le poète algonquin Albert Dumont a rappelé comment "le pouvoir de l'épée britannique a détruit la tranquillité de l'Ile de la Tortue", l'appellation donnée à l'Amérique du Nord avant la colonisation par des peuples autochtones.
"Une nouvelle aube", a-t-il dit, a amené avec elle un nouveau roi "qui promet de renforcer le lien humain entre la monarchie et tous les peuples du Commonwealth".
Avenir de la monarchie
Le public a ensuite applaudi un spectacle de musique traditionnelle autochtone avant que de nouvelles pièces de monnaie et de nouveaux timbres canadiens à l'effigie du roi soient dévoilés.
Pour le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc, dont le père Romeo a été gouverneur général de 1995 à 1999, les valeurs du nouveau roi correspondent à celles de la plupart des Canadiens.
Charles III "parlait de la protection de la nature, des espèces menacées et du climat, de l'architecture historique et du patrimoine mondial il y a des décennies", a-t-il dit à l'AFP, en saluant son "expérience" sur ces sujets.
D'après lui, le roi doit se rendre au Canada dans les mois à venir pour sa 19e visite dans le pays.
Ce sera l'occasion, a-t-il affirmé pour le monarque de poursuivre les conversations sur la réconciliation avec les peuples indigènes.
Quant à l'avenir de la monarchie au Canada, M. LeBlanc a dit que cette dernière était "partie intégrante de nos institutions et de notre identité".
"Nous ne pensons pas qu'il serait productif pour le pays de se lancer dans ce genre de discussions qui divisent au moment où les Canadiens attendent de leur gouvernement élu qu'il se concentre sur des sujets importants pour leur vie quotidienne", a-t-il dit.