DUBAÏ: La réalisatrice Hana Kazim a fondé Wiswas Productions, première boîte de production arabe axée sur les films d’horreur, afin de célébrer le pouvoir de ce genre cinématographique palpitant.
La scénariste émiratie a récemment réalisé un épisode consacré à l’Arabie saoudite dans la série Kaboos de Starzplay qui se déroule à différentes époques, dans plusieurs pays de la région Mena, et emmène les téléspectateurs à la découverte d’effrayantes légendes urbaines d’Arabie saoudite, du Koweït, d’Égypte et des Émirats arabes unis (EAU).
«J’ai découvert que l’horreur suscitait beaucoup d’intérêt, qu’il y a beaucoup d’histoires à raconter et que l’on peut dire beaucoup de choses par le biais de l’horreur», affirme la réalisatrice à Arab News. «Je considère que certaines des histoires les plus courageuses d’aujourd’hui sont racontées au moyen de films d’horreur, principalement parce qu’ils peuvent être perçus par le grand public comme un spectacle. Mais, en réalité, les films d’horreur ont toujours été un moyen de révéler des vérités profondes sur la société, de faire profondément réfléchir. Il s’agit presque de la forme de commentaire de la société la plus acceptable dans la plupart des régions», ajoute-t-elle.
Diplômée du prestigieux American Film Institute de Los Angeles avec un master en beaux-arts spécialisé dans la production de films, Hana Kazim est retournée dans la région pour perfectionner son art. Elle a décidé de lancer sa compagnie après la sortie de son court-métrage Makr, qu’elle a écrit et réalisé en 2018. Ce film, qui a été vu plus d’un demi-million de fois en ligne, a été projeté dans plusieurs festivals du genre, notamment Fantastic Fest au Texas et FrightFest à Londres. Il a été traduit en persan, en coréen et en japonais.
La réalisatrice, qui travaille depuis 2015 aux EAU et a participé à la production de plusieurs films arabes, dont Rashid & Rajab (2019) et Al-Kameen, un succès au box-office en 2021, pense que la majorité des films d’horreur «ne sont pas bien faits» dans la région, parce qu’il est difficile de trouver une intrigue parfaite dans ce genre cinématographique. «Il me semble que notre public est encore un peu trop critique à l’égard de tout ce qu’il voit. Il prend tout un peu plus littéralement. Il est donc difficile de percer dans le domaine de l’horreur parce qu’il faut se rapprocher du réalisme tout en veillant à ne pas être trop agressif ou trop moralisateur», explique la réalisatrice.
Hana Kazim estime que la principale raison pour laquelle l’horreur en tant que genre n’a pas rencontré de succès dans la région est que les cinéastes cherchent à faire peur plutôt qu’à donner du sens à leurs films. «Je pense que le public arabe est toujours à la recherche de sens dans les histoires, qu’il s’agisse d’une comédie ou d’un drame, il recherche un sens plus qu’un simple divertissement. Malheureusement, nous, les cinéastes, travaillons pour divertir. Nous avons donc envie de créer un divertissement et oublions de donner un sens aux histoires», poursuit-elle.
«Je crois que le Moyen-Orient a le potentiel pour être connu pour ses films d’horreur car il y a tellement d’histoires non racontées, qu’il s’agisse de folklore ou d’histoires réelles. Nous pourrions réaliser des films d’horreur pendant vingt, trente ou quarante ans.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com