BESANÇON: On mange bien en Franche-Comté, et pourtant sa capitale ne compte aucun restaurant étoilé. Un affront que pourrait laver Loiseau du Temps, le cinquième établissement du groupe Bernard Loiseau, inauguré vendredi à Besançon.
L'arrivée de Loiseau du Temps pourrait repositionner Besançon sur la carte de la gastronomie française. La ville n'a jamais digéré la perte simultanée de ses deux établissements étoilés en 2006.
Pour autant, les talents ne manquent pas: le chef du restaurant Le Saint-Cerf a été fraîchement récompensé d'une étoile verte (qui récompense une cuisine éco-responsable) par Michelin; Et la Brasserie 1802 vient de rouvrir, après plusieurs mois de travaux, dans un décor remodelé, avec une carte revisitée.
De bon matin, la brigade est sur le front dans la cuisine flambant neuve. On entend crépiter, mixer et découper les ingrédients qui composent le menu du jour.
Poireaux vinaigrette au comté affiné en entrée, truite du Jura avec déclinaison betterave en plat, sans oublier le chariot de desserts. Des mets servis aux premiers clients du restaurant qui a ouvert ses portes aux amateurs de cuisine du terroir dans l'ancienne capitale horlogère française.
"Chez nous, on vient passer un moment gourmand en savourant une tranche de terrine", lance Blanche Loiseau, cheffe du restaurant Loiseau du Temps et fille du célèbre cuisinier Bernard Loiseau, qui a mis fin à ses jours en 2003 peu après avoir vu sa note abaissée par le guide Gault et Millau.
"Choux farci à la saucisse de Morteau, boeuf bourguignon à la recette de Bernard, l'idée est de proposer une cuisine à base de produits du terroir, avec des marqueurs bistrot revus à notre sauce. Le plus dur étant de faire simple, comme disait Papa", ajoute Blanche Loiseau.
«Trait d'union»
Dans ce lieu emblématique de la place de la Révolution, le groupe Loiseau a choisi d'implanter une adresse se voulant accessible, avec un menu déjeuner à partir de 28 euros : "Loiseau du Temps ouvre notre ligne de bistrots chics proposant une cuisine de terroir dans un cadre chargé d'histoire", confie Bérangère Loiseau, l'autre fille du défunt cuisinier et vice-présidente du groupe Bernard Loiseau.
"La restauration bouge à Besançon ! Je viens de vivre une expérience culinaire techniquement remarquable dans un restaurant tenu par une jeune pousse", confie un ancien chef, dont l'établissement a conservé son étoile pendant 20 ans.
Selon Bérangère Loiseau, les regards du Michelin devraient naturellement se tourner vers Besançon, même si décrocher une étoile n'est pas la priorité.
"On souhaite que notre établissement soit accessible en termes de qualité et de prix et que les Franc-Comtois puissent venir s'attabler dans ce lieu emblématique", qui abritait une école d'horlogerie au XIXe siècle, puis le conservatoire de musique jusqu'aux années 2000.
Avec 62 couverts, l'établissement représente un investissement de 1,1 million d'euros et 11 créations d'emploi.
Comme pour unir la grande région Bourgogne-Franche-Comté, Loiseau du Temps est le premier restaurant ouvert par la marque en dehors de son berceau bourguignon (un restaurant à Dijon, un à Beaune et deux à Saulieu).
Saluant "un trait d'union entre Bourgogne et Franche-Comté", la maire (EELV) de la ville, Anne Vignot, a prédit lors de l'inauguration que "l'avenir sourira aux territoires qui savent faire ensemble et se compléter".