Une approche multilatérale, unifiée et moderne est nécessaire pour lutter contre les activités terroristes des acteurs internationaux non étatiques, des groupes terroristes, des milices nationales et des terroristes individuels d’aujourd’hui.
L’accent devrait être mis sur la mise en place et le développement d’une stratégie antiterroriste globale, coordonnée au niveau local et international. Le premier front devrait se concentrer sur l’utilisation efficace des médias sociaux. Avec la profusion de plates-formes de réseaux sociaux, il est malheureusement devenu relativement facile pour les extrémistes et les groupes terroristes de diffuser leurs idéologies, de radicaliser les personnes et de financer, recruter et même planifier l’exécution de leurs activités terroristes.
Cela exige que chaque gouvernement mette en place des organisations chargées de suivre et de surveiller les activités des extrémistes en ligne, via les réseaux sociaux, les blogs, les sites Web, etc. L’ONU a constaté qu’en Europe occidentale, le nombre d’incidents liés à des activités terroristes ne cessait d’augmenter. Dans un rapport intitulé «Conflit et violence: une ère nouvelle», l’organisation indique avoir «constaté une nette augmentation du nombre d’attentats commis par des militants d’extrême-droite, des nationalistes blancs ou des islamophobes en Europe occidentale et en Amérique du Nord au cours des vingt dernières années (…), les médias sociaux ayant joué un rôle crucial dans la diffusion de discours xénophobes et dans l’incitation à la violence. Les groupes extrémistes peuvent aujourd’hui s’adresser au grand public au moyen d’Internet, qu’ils utilisent à des fins de recrutement, d’incitation et de propagande, et qui leur permet aussi d’acquérir des armes et de procéder à des transferts de fonds non réglementés».
Dans le même temps, il est essentiel de créer des institutions chargées de promouvoir une idéologie alternative et modérée, tout en éduquant et en sensibilisant les internautes aux idéologies extrémistes. L’Arabie saoudite a par exemple créé le Centre de guerre idéologique, l’Observatoire de l'extrémisme numérique, le Centre du roi Abdelaziz pour le dialogue national et le Centre mondial de lutte contre l’idéologie extrémiste. Le Royaume vise à lutter contre les messages des groupes extrémistes par le biais de ces initiatives.
«Pour lutter contre le terrorisme mondial, il est essentiel d’être proactif plutôt que réactionnaire»
Dr Majid Rafizadeh
Selon un rapport de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, ces centres se focalisent sur «la lutte contre l’idéologie extrémiste et les divisions sectaires par la promotion d’une culture nationale de dialogue et d’une interprétation modérée et accueillante de l’islam. Plus particulièrement, l’Observatoire de l’extrémisme numérique se concentre sur la lutte contre les messages extrémistes et le recrutement dans les nouveaux médias, tandis que d’autres centres utilisent les médias sociaux pour diffuser des messages de modération et de tolérance».
La deuxième étape consiste à créer un mécanisme qui non seulement renforce la coopération entre les institutions au sein d’un pays (entre les villes, les comtés, les villes et les villages), mais qui facilite aussi le partage, l’accès aux informations et aux renseignements entre les gouvernements du monde entier, ce qui sera essentiel pour empêcher les attaques terroristes potentielles et les activités extrémistes.
Pour lutter contre le terrorisme mondial, il est essentiel d’être proactif plutôt que réactionnaire. Certaines mesures déjà prises par des gouvernements et des organisations vont dans le bon sens. Il s’agit notamment de la création du centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, avec l’aide de l’Arabie saoudite, qui s’est engagée à verser 110 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) pour aider à renforcer les capacités et l’efficacité du centre.
La stabilité politique et économique est également essentielle. Les groupes terroristes mondiaux et les milices ont tendance à exploiter les États faibles ou en faillite, ainsi que les pays sous-développés, afin d’acquérir et de consolider le pouvoir et, par la suite, de mettre en œuvre leurs complots terroristes dans le monde entier. Il est donc vital de fournir des ressources, de la sécurité, de la stabilité et de l’aide humanitaire à ces pays.
Il convient de noter que l’une des approches les plus inefficaces de la lutte contre le terrorisme consiste à rejeter la faute sur autrui, ce qui ne fait que perdre du temps, attiser les rivalités et nourrir la violence même contre laquelle nous tentons de lutter. La méthode qui consiste à rejeter la faute sur les autres est une approche simpliste et à courte vue qui aboutit le plus souvent à un échec. En outre, un tel comportement renforce l’animosité entre les pays à un moment où l’ensemble de la communauté mondiale doit travailler ensemble.
Enfin, parallèlement à cette stratégie sur plusieurs fronts, le dialogue interconfessionnel et interculturel doit être encouragé afin d’éliminer la méfiance, les malentendus et les préjugés. La promotion du dialogue interconfessionnel est essentielle pour réduire les tensions et les conflits, que ce soit au Moyen-Orient ou dans d’autres parties du monde. Plus il y aura de pays qui poursuivront cet objectif, plus la paix régnera dans le monde.
En résumé, si un changement fondamental doit se produire dans la lutte contre le terrorisme mondial, il sera très probablement le fruit d’un effort multilatéral et unifié. La communauté internationale devrait poursuivre une stratégie antiterroriste coordonnée au niveau local et international. Cette stratégie devrait comporter plusieurs volets, notamment l’examen et la lutte contre les idéologies des groupes terroristes et extrémistes, l’utilisation de puissantes campagnes sur les médias sociaux pour sensibiliser le public et contrer la propagande de ces groupes, l’aide aux États faibles et défaillants pour qu’ils gagnent en stabilité politique et économique, et enfin la lutte contre la pauvreté et le sous-développement dans certaines régions du monde.
Chaque pays peut contribuer de manière significative à cette stratégie de lutte contre le terrorisme mondial en unifiant toutes les forces.
Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com