PARIS: Une histoire d'amour entre un réfugié syrien et une aide à domicile éthiopienne, teintée de fantastique: avec "Dirty, Difficult, Dangerous", le cinéaste libanais Wissam Charaf filme une idylle mystérieuse et désespérée, et exorcise son passé.
Tourné avec peu de moyens entre Beyrouth, un camp de réfugiés syrien du Liban et la Corse, le film a remporté un prix du cinéma européen dans l'une des sections parallèles à la dernière Mostra de Venise.
Ahmed et Mehdia sont deux âmes solitaires, dans un monde qui ne semble pas fait pour eux: lui a tout perdu en quittant la Syrie et ne vit qu'en récoltant des déchets métalliques. Elle a été privée de son passeport éthiopien quand elle est entrée au service d'une famille aisée. Une idylle improbable va se nouer entre eux.
Deux personnages inspirés des "ombres déshumanisés" que le réalisateur a pu observer à Beyrouth: "avec la guerre en Syrie, les réfugiés qui arrivaient erraient dans les rues, cherchant du métal comme des machines, le portant comme ces femmes de ménages éthiopiennes sont chargées de porter les charges ménagères", explique Wissam Charaf, 50 ans, à l'AFP.
Jamais misérabiliste, le film est teinté d'une touche de fantastique: Ahmed voit une partie de son corps se transformer en métal.
"Je me venge de ce qui m'est arrivé dans mon enfance", ajoute le cinéaste. "On passait notre enfance dans des abris, j'ai été blessé par une grenade israélienne à un mètre de moi. J'ai toujours des morceaux de métal en moi, dans la jambe, la tête, qui reviennent parfois à la surface.
Cameraman pour la chaîne de télévision Arte, Wissam Charaf, dont c'est le deuxième long-métrage de fiction, s'est aussi inspiré de son expérience de journaliste de guerre, du Darfour à l'Afghanistan. "Dans le journalisme, en deux jours, tu vas sortir quelques idées principales. Le cinéma n'a pas le même temps, ça me permet de raconter les rouages et leur absurdité", ajoute-t-il.