Les petits hôpitaux pris au piège du bras de fer de l'intérim médical

Une infirmière pousse un patient sur un lit aux urgences de l'hôpital Emile Muller de Mulhouse le 16 janvier 2023. (Photo SEBASTIEN BOZON / AFP)
Une infirmière pousse un patient sur un lit aux urgences de l'hôpital Emile Muller de Mulhouse le 16 janvier 2023. (Photo SEBASTIEN BOZON / AFP)
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Publié le Mardi 18 avril 2023

Les petits hôpitaux pris au piège du bras de fer de l'intérim médical

  • Si le mal frappe d'abord les petits établissements, les gros CHU ne sont pas à l'abri, à l'image de celui de Grenoble
  • Les maternités, en difficultés chroniques, n'échappent pas à la crise de l'intérim

PARIS: Deux semaines après le plafonnement du tarif des médecins intérimaires, les fermetures de services d'urgences et de maternité se multiplient dans les petits hôpitaux publics et certains craignent déjà que la crise se prolonge au mois de mai.

La tension ne retombe pas. Au contraire, les symptômes s'aggravent et la presse locale s'en fait l'écho. En Gironde, les urgences de Sainte-Foy-la-Grande ont ainsi fermé le 13 avril, pour dix jours "en raison d'une carence en personnel médical non résolue", comme l'indique une affiche placardée sur la porte d'entrée.

Une décision radicale, liée au tour de vis national sur l'intérim médical: depuis le 3 avril, les hôpitaux ne peuvent plus payer ces renforts parfois indispensables au-delà du plafond légal de 1.390 euros brut pour une garde de 24 heures.

Mesure "totalement indispensable" pour "mettre un coup d'arrêt" à "la dérive dans les rémunérations", a expliqué le ministre de la Santé, François Braun, en visite lundi matin dans le même département, à Langon, où les urgences sont restées fermées quatre jours ces deux dernières semaines.

Hué et sifflé à son départ par 150 manifestants venus réclamer "des actes" et "des moyens" - malgré les 40 millions d'euros promis pour la reconstruction de l'hôpital - il a de nouveau assuré "qu'il n'y aurait pas de fermeture sèche".

Pourtant, certains services sont proches de la rupture. Les urgences d'Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) ont fermé durant le weekend et restent "en mode gradué" jusqu'à jeudi, avec appel "impératif" au Samu "avant de se déplacer", selon l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine.

Même "régulation" à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), avec en prime une fermeture la nuit (de 18H30 à 8H30) depuis samedi et jusqu'au 25 avril. A Aubenas (Ardèche), les restrictions ont été levées en journée, mais l'accès demeure limité aux horaires nocturnes, tout comme à Pontivy (Morbihan) à partir de mardi et jusqu'au 1er mai. Et à Feurs (Loire), les urgences n'ont toujours pas rouvert.

Des situations dont la population peine à s'accommoder. A Vittel (Vosges), plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi pour protester contre la fermeture de leurs urgences, la nuit et le weekend depuis le 3 avril.

Sur la brèche

Si le mal frappe d'abord les petits établissements, les gros CHU ne sont pas à l'abri, à l'image de celui de Grenoble. Sur la brèche depuis plusieurs mois, ses urgences en sous-effectif débordent de malades en attente d'hospitalisation dans d'autres services.

La pénurie d'urgentistes frappe également des services pédiatriques, comme celui de Douai (Nord) contraint de fermer la nuit jusqu'au 26 avril, ou celui d'Avranches (Manche) qui sera clos le weekend du 21 au 24.

Les maternités, en difficultés chroniques, n'échappent pas à la crise de l'intérim. Faute d'anesthésiste, celle de Mayenne n'assure plus les accouchements depuis dimanche et pour au moins une semaine. "Suspension temporaire" également au Bailleul (Sarthe) depuis vendredi et jusqu'au 2 mai.

PARIS: En Dordogne, les salles de naissance de Sarlat - fermées depuis le 29 mars - devraient rouvrir "au plus tard le 2 mai" selon l'ARS Nouvelle-Aquitaine. Pas de perspective en revanche à Sedan (Ardennes), où l'ARS Grand Est a promis un "point de situation" mi-avril.

La liste va encore s'allonger avec l'arrêt des accouchements à Guingamp (Côtes-d'Armor) à compter du 26 avril. Un cas emblématique, puisque cette maternité menacée de fermeture depuis plusieurs années avait obtenu un sursis en 2018 à la demande d'Emmanuel Macron.

Mais cette fois-ci, l'exécutif semble déterminé à ne rien lâcher aux intérimaires, "pour assainir des pratiques déloyales" vis-à-vis des autres médecins hospitaliers, rappelait la semaine dernière la Première ministre, Elisabeth Borne.

En réponse, le Syndicat des médecins remplaçants (SNMRH) a déposé deux recours auprès du Conseil d'Etat pour faire annuler la réforme, dont un référé qui sera examiné en audience le 2 mai.

Côté employeurs, la Fédération hospitalière de France (FHF), bien que favorable à la réforme, s'inquiète de voir le problème s'enkyster. "Les tensions vont sans doute se manifester pendant les périodes de congés", a prédit son directeur de cabinet, Vincent Roques, lors d'une conférence de presse vendredi.

Avec "le regard tourné vers les périodes qui viennent à la fin du mois" d'avril, mais aussi "les congés estivaux", et le souhait qu'une "revalorisation pérenne des gardes et des astreintes" vienne dénouer la situation à temps.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.