LONDRES: La baronne Sayeeda Warsi, membre du parti conservateur, a exprimé son inquiétude pour la sécurité de sa famille. Elle redoute un retour de bâton contre les musulmans britanniques après la «rhétorique raciste» utilisée selon elle par la ministre de l'Intérieur, Suella Braverman, a rapporté The Guardian jeudi.
Mme Warsi, fille d'immigrés pakistanais, première musulmane nommée au cabinet britannique et première Asiatique à présider le parti conservateur, a critiqué Mme Braverman pour ses commentaires racistes sur les «gangs» de pédophiles.
La ministre de l'Intérieur a récemment déclaré que des groupes de «jeunes filles anglaises blanches et vulnérables» étaient «poursuivies, violées, droguées et blessées par des gangs d'hommes britanniques pakistanais qui ont travaillé dans des réseaux de maltraitance d'enfants».
À une autre occasion, Mme Braverman a déclaré que les principaux auteurs de l'exploitation sexuelle en bande étaient des hommes anglo-pakistanais «dont les valeurs culturelles sont en totale contradiction avec les valeurs britanniques, car ils considèrent les femmes d'une manière dégradée et illégitime et adoptent une approche dépassée et franchement odieuse dans leur manière de se comporter».
Mme Warsi, qui a été nommée à la Chambre des lords par le Parti conservateur en 2007, a déclaré à The Guardian qu'elle avait demandé à son père de ne pas rentrer seul de la mosquée, car elle s'inquiétait des éventuelles conséquences des commentaires de Mme Braverman.
«J'ai dû avertir mon fils que si les gens commençaient à jurer et à crier, il devait se retirer pour éviter que cela ne dégénère en attaque», a-t-elle ajouté. «Pourquoi devrais-je avoir cette conversation avec mon fils? Si vous regardez les interviews que Mme Braverman a faites, elle n'a adressé aucune mise en garde; elle a essentiellement déclaré que l'exploitation sexuelle de groupe était un problème pakistanais britannique. Dans ces entretiens, à aucun moment elle n'a dit que c'étaient une petite minorité de Pakistanais britanniques qui commettaient ces crimes.»
«Suella Braverman doit comprendre que lorsqu'elle s’exprime, elle parle en tant que ministre de l'Intérieur. Elle ne peut pas utiliser un langage approximatif. Ce genre de langage choquant devient une habitude chez elle. On a l'impression qu'elle est plus intéressée par le tapage qui a pour effet de susciter une guerre culturelle que par le travail proprement dit.»
Mme Warsi a demandé au Premier ministre, le conservateur Rishi Sunak, dont la famille est originaire du Pendjab, de décourager ce genre de commentaires fondés sur la race.
«Je ne crois pas que M. Sunak partage les opinions extrêmes de Mme Braverman», a-t-elle confié à The Guardian. «Dans sa propre déclaration sur les projets du gouvernement en matière de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants, il n'a pas utilisé le même langage que Mme Braverman et a semblé mal à l'aise lorsqu'il a été interrogé à ce sujet. Cependant, comme il est chef du parti, la responsabilité lui incombe. En tant que premier Premier ministre issu d'une minorité ethnique, il ne devrait pas vouloir que l'on se souvienne de lui comme quelqu’un qui a présidé un gouvernement ayant proféré un discours raciste».
Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a déclaré à The Guardian: «La ministre de l'Intérieur a clairement indiqué que tous les abuseurs d'enfants méprisables devaient être traduits en justice. Elle n'hésitera pas à dire des vérités difficiles, en particulier lorsqu'il s'agit de la sollicitation de jeunes femmes et de jeunes filles dans les villes britanniques, qui ont été abandonnées par les autorités pendant des décennies.
«Comme l'a dit le ministre de l'Intérieur, la grande majorité des Pakistanais britanniques sont des citoyens honnêtes et respectueux des lois, mais des rapports indépendants ont montré sans équivoque que dans des villes comme Rochdale, Rotherham et Telford, les sensibilités culturelles ont permis à des milliers de jeunes filles d'être abusées au nez et à la barbe des conseils municipaux et de la police. C'est pourquoi nous avons annoncé une série de mesures, notamment la création d'une nouvelle force de police et l'obligation de signaler les abus afin de garantir que cet horrible scandale ne se reproduise jamais et de traduire en justice les membres des gangs pour le bien des victimes.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com