BEYROUTH: Les politiciens libanais ont marqué le 48e anniversaire de la guerre civile du pays – un conflit de quinze ans qui a coûté la vie à plus de cent vingt mille personnes et forcé un million d’individus à fuir – en jouant un match de football.
L’ancienne ministre de l’Énergie et de l’Eau Nada Boustani faisait partie des députés de différents camps politiques qui ont pris part à ce match amical. Il les opposait à des membres de la défense civile dans un stade de Dbaiyeh, au nord de Beyrouth.
Selon le député Simon Abi Ramia, le match véhicule un «message de paix et d'amour» qui pourrait être partagé lors de réunions politiques destinées à aider à trouver des solutions au niveau national.
«C’est l’occasion de surmonter les différences politiques afin que les générations futures ne vivent pas l’expérience des conflits ou des affrontements violents», précise-t-il.
Des groupes communautaires ont également rappelé le déclenchement de la guerre civile le 13 avril 1975 au moyen d’activités culturelles et sociales.
À la lumière des difficultés économiques auxquelles le pays se trouve confronté, de nombreux Libanais affirment être trop préoccupés par leur vie quotidienne pour participer aux événements commémoratifs.
«Nous n’avons rien appris de la guerre et de ses horribles répercussions. Nous sommes toujours dans le tourbillon de la guerre», déplore un professeur d’université de 61 ans originaire de la région de Chiyah, près de Beyrouth.
L’homme, qui a préféré garder l’anonymat, explique que les rivaux politiques avaient «presque rouvert les chapitres fermés de la guerre. C’est comme s’ils ne voulaient pas admettre que la guerre n’était jamais vraiment finie».
Les politiciens ont exprimé leur souhait de ne plus jamais voir la guerre se reproduire.
L’ancien Premier ministre Saad Hariri a écrit sur Twitter: «Le 13-Avril est une date qui nous rappelle toujours la malédiction de ceux qui déclenchent des guerres civiles et la miséricorde de ceux qui y mettent fin.»
Samir Geagea, chef du parti des Forces libanaises, a réagi en ces termes sur le même réseau social: «Nous n’avons jamais été fans de la guerre.»
Quant au député indépendant Neemat Frem, il affirme: «N’est-il pas temps de tirer des leçons de l’histoire? Il n’y a pas de victoires dans les guerres qui détruisent les patries et les peuples.»
Le député du Courant patriotique libre Edgard Traboulsi déclare quant à lui: «Quinze ans de folie, de massacres, de déplacements, de destructions et de tragédies continus. Certains n’ont absolument rien appris, trente-deux ans plus tard. Que Dieu protège le Liban.»
Pour le député Tony Frangié, fils du candidat du Hezbollah à la présidence, Sleiman Frangié, «la guerre est finie. Malheureusement, ses répercussions se poursuivent. C’est pour cela qu’il n’y a aucune solution de rechange au dialogue, à l’honnêteté, à la tolérance, au pardon et à l’unité autour d’une vision commune pour un avenir sûr et prospère».
Fouad Abou Nader, homme politique chrétien et ancien chef des Forces libanaises, indique: «Les députés commémorent la guerre avec un match de football et ils ne s’attaquent pas aux causes du problème ni à la lutte pour le pouvoir.»
Il conclut par ces mots: «Le Liban vit sur une base quotidienne les répercussions du 13-Avril. Les responsables n’ont rien appris de ces expériences amères. C’est comme s’ils s’y étaient adaptés.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com