CRÉTEIL: Le journaliste et militant Taha Bouhafs a-t-il été victime de violences policières en 2019 en marge d'une manifestation et de dénonciation calomnieuse ? C'est ce qu'a défendu mercredi au tribunal correctionnel de Créteil son avocat, qui a également mis en cause le parquet.
Le 11 juin 2019, M. Bouhafs avait été interpellé alors qu'il filmait une grève de travailleurs sans-papiers devant un entrepôt Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne).
Le journaliste et militant avait d'abord été repoussé par un officier de la brigade anti-criminalité (BAC), vêtu en civil, avant que les deux hommes ne s'invectivent, M. Bouhafs accusant le policier de se comporter "comme une racaille".
M. Bouhafs, qui s'est vu octroyer 10 jours d'incapacité totale de travail (ITT) affirme que l'ex-brigadier lui a déboîté l'épaule lors du menottage, puis a continué de le frapper dans le véhicule de police l'emmenant au commissariat.
Initialement poursuivi par le policier pour "outrage" et "rébellion", M. Bouhafs avait été relaxé en mai 2021.
Son avocat, Arié Alimi, a affirmé mercredi que les violences subies par son client n'étaient ni nécessaires ni proportionnées et que ce dernier avait été "traité d'une certaine manière parce qu'il est musulman".
L'avocat a, par ailleurs, incriminé le ministère public pour avoir classé sans suite une première plainte de M. Bouhafs, accusant le parquet de vouloir "manipuler la vérité pour protéger des policiers violents".
La procureure a dit regretter un "débat dévoyé à des fins politiques", estimant qu'il n'y avait ni usage démesuré de la force ni dénonciation calomnieuse.
Une position partagée par l'avocat du policier, Laurent-Franck Liénard, qui a demandé la relaxe de son client, absent à l'audience, et 3 000 euros de dommages et intérêts.
La défense de M. Bouhafs a, par ailleurs, porté à la connaissance du président une condamnation de l'ex-policier à de la prison par le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne en avril 2022, une décision consultée par l'AFP.
L'ancien policier avait été condamné à 18 mois de prison, dont neuf avec sursis, et à des peines complémentaires, dont l'interdiction d'exercer toute fonction publique et de porter une arme pendant cinq ans, pour avoir menacé avec son arme de service et frappé une collègue avec laquelle il entretenait une relation extra-conjugale.
La peine de prison a ensuite été réduite en appel à deux ans avec sursis et l'interdiction d'exercer une fonction publique à 30 mois.
Taha Bouhafs a demandé à l'ex-policier 10 000 euros pour préjudice. Le jugement sera rendu le 7 juillet.