Rameaux: Au Liban, le patriarche Rahi rappelle que «les politiciens ne sont pas des seigneurs»

Les politiciens doivent se mettre au service de l’amour, de la justice et du bien de l’humanité, a déclaré dimanche le patriarche maronite libanais, Bechara Boutros Rahi. (Reuters/Archive)
Les politiciens doivent se mettre au service de l’amour, de la justice et du bien de l’humanité, a déclaré dimanche le patriarche maronite libanais, Bechara Boutros Rahi. (Reuters/Archive)
Short Url
Publié le Lundi 03 avril 2023

Rameaux: Au Liban, le patriarche Rahi rappelle que «les politiciens ne sont pas des seigneurs»

  • Le président du Parlement, Nabih Berri, après onze échecs, a cessé de convoquer le Parlement pour élire un président
  • Le ministre des Affaires étrangères du Qatar est attendu à Beyrouth ce lundi pour examiner les enjeux qui menacent le Liban

BEYROUTH: Les politiciens doivent se mettre au service de l’amour, de la justice et du bien de l’humanité, a déclaré dimanche le patriarche maronite libanais Bechara Boutros Rahi.

Cet appel a été lancé à l’occasion de la fête des Rameaux, une célébration importante de l’Église occidentale.

Le patriarche maronite a évoqué les enjeux économiques et politiques dont pâtit le pays.

Le cardinal Boutros Rahi s’est exprimé à l’issue d’une messe célébrée à Bkerké. Il a rappelé que de nombreux enfants ne pouvaient célébrer les fêtes, sous le regard de jeunes fidèles qui portaient des bougies et des rameaux d’olivier lors de la procession.

«Les politiciens doivent placer le pouvoir qui leur est confié au service d’autrui, non de l’oppression», a-t-il lancé.

«Les personnes qui sont au pouvoir ne sont pas des seigneurs, mais des serviteurs de la communauté. Un vrai politicien ne peut que servir sa communauté.»

«Sinon, il s’agit d’un mauvais politicien. En effet, la politique est un art noble qui consiste à servir le bien commun.»

«Les hommes politiques sont donc tenus de détruire le péché de corruption, d’intérêt personnel, d’égoïsme et d’abus des fonds publics.»

Il s’est adressé aux députés du pays en affirmant que les politiciens avisés éliraient sans tarder un président de la république, ce qui contribuerait à rétablir l’ordre au sein des organes constitutionnels.

On s’attend à ce que M. Boutros Rahi se réunisse avec les députés chrétiens mercredi; l’objectif est de nommer un candidat à la présidence qui bénéficie du soutien de la plupart des partis politiques.

Le Liban est en proie à un vide présidentiel depuis six mois. Le président du Parlement, Nabih Berri, après onze échecs, a cessé de convoquer le Parlement pour élire un président.

Sleiman Frangié est rentré de Paris samedi après avoir rencontré des responsables français, dont Patrick Dorrell, conseiller du président de la république française. M. Frangié est le candidat du Hezbollah et des alliés de ce dernier à l’élection présidentielle.

La visite de M. Frangié en France intervient au moment où les autorités françaises s’efforcent de résoudre les obstacles qui entravent la tenue de l’élection présidentielle au Liban.

Le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) – les principaux blocs chrétiens au sein du Parlement – s’opposent en effet à la candidature de M. Frangié. Le parti des Phalanges libanaises s’oppose lui aussi à la candidature de M. Frangié.

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a fait la déclaration suivante: «Un chemin ardu attend le candidat à la présidence affilié au bloc du Hezbollah. La candidature d’une personnalité qui appartient à la résistance, quelle qu’elle soit, n’a aucune chance de succès.»

Les Forces libanaises et les députés réformateurs continuent de soutenir Michel Moawad dans sa candidature à la présidence. Pour les alliés du Hezbollah, il s’agit d’un candidat provocateur.

Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, a fait savoir ce dimanche que «si [Moawad] est élu président, il se pliera aux ordres des États-Unis, du Fonds monétaire international [FMI] et des forces mondiales arrogantes».

«Ce n’est pas en obtenant 3 milliards de dollars [1 dollar = 0,92 euro] du FMI qu’on sauvera le pays», a-t-il ajouté.

Selon des informations divulguées au sujet des réunions auxquelles Frangié a assisté à Paris, ce dernier a exprimé sa volonté de respecter le consensus arabe sur la question de la Syrie et il a assuré que la réforme du gouvernement ne serait pas interrompue. Il s’est dit déterminé à sortir le pays de la crise économique dans laquelle il se trouve plongé.

Selon les informations recueillies, M. Frangié a réitéré sa volonté d’améliorer les relations avec l’Arabie saoudite et d’aider le gouvernement à conclure un accord avec le FMI afin de mettre au point un plan de sauvetage.

Des rapports informels révèlent par ailleurs que le Hezbollah et son secrétaire général auraient autorisé M. Frangié à discuter de la stratégie de défense du Liban.

Dans ce contexte, Mohammed ben Abdelaziz ben Saleh Al-Khulaifi, ministre des Affaires étrangères du Qatar, est attendu à Beyrouth ce lundi.

L’objectif de cette visite est de maintenir la communication avec toutes les parties prenantes. Le ministre qatari ne proposera pas d’initiative relative à un candidat à la présidence.

La secrétaire d’État adjointe des États-Unis pour les affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, s’était rendue à Beyrouth, où elle a rencontré des responsables libanais.

Elle a exhorté les députés libanais à mettre en œuvre les réformes économiques dont le pays a désespérément besoin. Elle a également insisté sur la nécessité d’élire un nouveau président dans les plus brefs délais, notamment après que le FMI a annoncé que le pays se trouvait à la croisée des chemins et qu’il traversait une situation très périlleuse.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".