Pour 67% des Français musulmans d’origine arabe, l’islam est perçu négativement

Les policiers de la brigade équestre patrouillent autour de la Grande Mosquée de Paris, le 30 octobre (Photo, Thomas COEX/AFP).
Les policiers de la brigade équestre patrouillent autour de la Grande Mosquée de Paris, le 30 octobre (Photo, Thomas COEX/AFP).
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Pour 67% des Français musulmans d’origine arabe, l’islam est perçu négativement

  • L’enquête d’opinion Arabnews/YouGov montre que les Français d’origine arabe sont bien intégrés. La majorité possède un bon niveau d’éducation, 65% d’entre eux occupent un emploi et 55% ont fait des études supérieures
  • Parmi les Français d’origine arabe, 67% des musulmans interrogés estiment que les autres Français ont aujourd’hui une perception négative des musulmans. La proportion est presque identique chez les juifs (61%)

PARIS: Dans le contexte tendu des assassinats terroristes qui ont touché la France ces dernières semaines, la question de l’intégration des Français d’origine arabe - plus précisément des musulmans - et leur conformité aux « valeurs de la République » revient en force dans le débat public. En se focalisant sur une minorité d’extrémistes musulmans, politiciens de droite et polémistes qui monopolisent les plateaux de télévision continuent d’implanter dans les esprits l’idée que les Français musulmans dans leur ensemble sont des citoyens à part, des « ennemis de l’intérieur » sommés de prouver leur sentiment d’appartenance.

Mais comme le démontre la dernière enquête d’opinion d’Arabnews/YouGov, les Français d’origine arabe sont bien intégrés. Parmi l’échantillon représentatif de 958 Arabes français interrogés, la majorité possède un bon niveau d’éducation, 65% d’entre eux occupent un emploi, 10% sont au chômage et 55% ont fait des études supérieures. Ils connaissent globalement bien l’histoire française, de Louis XIV aux évolutions politiques les plus récentes.

yougov graph

Contrairement aux idées reçues, environ la moitié des personnes interrogées estiment que leur sentiment d’appartenance à la société française n’a pas été impacté par leur religion (48%) et leur origine (45%). L’autre moitié des sondés se divise entre ceux qui pensent que l’islam ou l’origine maghrébine ont favorisé leur sentiment d’appartenance et ceux qui pensent qu’ils ont constitué un obstacle à leur inclusion dans la société française.

Une image négative des Arabes et des musulmans

Bien qu’intégrés, les Français d’origine arabe souffrent d’une mauvaise image qui leur colle à la peau. Près des deux tiers des sondés (64%) estiment que les Arabes en France sont perçus de manière négative. Ce sentiment est encore plus vif chez les personnes interrogées de plus de 55 ans (73%). Le terme d’ « Arabes » s’est imposé progressivement au début des années 1970 pour désigner les travailleurs maghrébins immigrés et leurs familles, puis a été progressivement récupéré par l’extrême droite et le Front national.

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Il a alors été assimilé à la délinquance et aux violences dans les banlieues, mais aussi relié à un imaginaire dégradant hérité de l’empire colonial, comme le montre par exemple l’emploi de termes comme « sauvageon » ou plus récemment d’« ensauvagement » pour désigner les incivilités et violences de Français d’origine maghrébine.

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Le glissement sémantique vers le terme « musulman » s’est opéré à l’orée des années 90. Il était déjà courant dans les années 1950 et 1960 pour désigner le statut des personnes colonisées en Algérie. Le terme est revenu sur le devant de la scène, notamment suite à l’affaire du voile de Creil en 1989 et a été associé au conservatisme religieux et au refus de la laïcité. A partir de 1995, la France a aussi été touchée par une vague d’attentats islamistes, faisant naître un amalgame grandissant entre musulmans et terroristes.

Des confusions qui n’ont cessé de se renforcer depuis la vague d’attentats islamistes de 2015 en France, d’autant plus qu’elles sont exploitées à des fins politiques. L’islam et les « musulmans » sont régulièrement pointés du doigt dans les médias. Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour en a fait une spécialité, allant même jusqu’à comparer l’islam au nazisme. Des politiciens comme l’ancien candidat des Républicains à la présidence de la République François Fillon disent clairement qu’il « y a un problème avec la religion musulmane», et « qu’une partie significative de la communauté musulmane refuse de s’intégrer.» 

Il n’est donc pas étonnant que, dans ce climat de tension autour de l’islam, plus des deux tiers (67%) des musulmans interrogés lors du sondage de YouGov estiment que les autres Français ont une perception négative de leur religion.

Des différences selon les religions

Mais, - et c’est un autre enseignement de l’enquête d’opinion – l’image négative de la religion ne concerne pas que l’islam en tant que tel. En effet, 61% des juifs d’origine arabe affirment également que leur religion est mal vue par les citoyens français. En revanche, la perception est complètement inversée pour les chrétiens d’origine arabe qui disent à 92% que leurs croyances sont considérées positivement.

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Ces perceptions négatives se traduisent par des discriminations, à l’embauche notamment. Dans l’enquête menée par Arabnews/YouGov, environ trois personnes interrogées sur dix affirment que la religion ou l’origine raciale ont eu une incidence négative sur leur carrière. Ce sentiment est particulièrement vrai pour les hommes, que cela concerne l’origine ethnique (35%) ou la religion (33%). Les femmes, en revanche, estiment que ni la religion (61%) ni l’origine raciale (53%) n’ont eu d’impact sur leur trajectoire professionnelle. Pour 36% des sondés, c’est même l’origine ethnique de leur nom qui les a le plus pénalisés dans leur parcours d’embauche. Une enquête menée par l’Institut Montaigne en 2015 avait démontré qu’en France, Mohammed a quatre fois moins de chances d’être recruté que Michel.

Arab News en français organise un débat sur les citoyens français d’origine arabe.

Pour vous inscrire à l'évènement, rendez-vous sur ce lien : https://arabnewsenfrancais.com/


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.