Si le gouvernement iranien continue de respecter l’accord qu’il a récemment conclu avec l’Arabie saoudite, il s’agit d’une excellente occasion d’améliorer l’économie du pays.
La semaine dernière, on a demandé au ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, dans combien de temps il pensait que le Royaume pourrait commencer à investir en Iran et réciproquement. Il a répondu: «Si les Iraniens s’en tiennent vraiment aux principes de ce qui a été convenu, je pense que cela pourrait se produire très rapidement. Notre objectif, et je pense que nos dirigeants l’ont déjà clairement exprimé, est d’avoir une région stable, capable de subvenir aux besoins de sa population et de prospérer. Il n’y a aucune raison pour que cela ne se produise pas.»
Les investissements étrangers sont essentiels pour tout pays, en particulier pour la République islamique qui cherche à relancer son économie en ces temps difficiles. Selon ResearchFDI, les investissements étrangers (IDE) peuvent «stimuler le développement économique d’un pays cible, créer un environnement plus favorable pour les entreprises et les investisseurs et stimuler la communauté et l’économie locales».
La firme canadienne d’études de marché ajoute que les IDE «créent de nouveaux emplois et ouvrent davantage de débouchés, car les investisseurs fondent de nouvelles entreprises dans les pays étrangers. Cela peut entraîner une augmentation des revenus et du pouvoir d’achat des populations locales, ce qui, à son tour, contribue à relancer les économies ciblées».
Le gouvernement iranien n’est pas opposé aux investissements étrangers. En fait, Téhéran tente depuis longtemps de les attirer. Par exemple, après la conclusion, en 2015, de l’accord sur le nucléaire iranien et la levée des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre Téhéran, la République islamique a activement tenté de faciliter les investissements étrangers. Mohammed Reza Nematzadeh, alors ministre de l’Industrie, des Mines et du Commerce, avait déclaré: «Le gouvernement (et) le Parlement s’efforcent d’éliminer tous les obstacles à la liberté d’investissement et de réduire l’ingérence du gouvernement dans les investissements privés.»
Un article de Reuters à l’époque indiquait également que le gouvernement iranien avait «proposé de vendre des actifs de l’État à des étrangers, annoncé qu’il limiterait le rôle du gouvernement dans l’économie et promis une politique monétaire stricte, alors qu’il cherchait à attirer des milliards de dollars d’investissements étrangers après plus d’une décennie d’isolement».
En effet, de nombreuses entreprises étrangères ont conclu des accords commerciaux avec l’Iran à la suite de l’accord sur le nucléaire. Par exemple, le constructeur automobile français PSA a signé un contrat d’une valeur de près d’un demi-milliard de dollars avec Iran Khodro et Total a un contrat pour l’achat de 150 000 à 200 000 barils de pétrole par jour à Téhéran. Une fois l’accord scellé, les pays et les entreprises étrangers ont semblé se précipiter pour relancer les affaires avec la République islamique, qui avait été effectivement isolée du commerce mondial.
Le gouvernement iranien a réciproquement manifesté son intérêt en faisant des affaires avec d’autres pays dans de nombreux domaines, notamment la technologie, l’industrie manufacturière, le gaz et le pétrole. Après la conclusion de l’accord, plusieurs compagnies pétrolières internationales, dont Shell, BP et ENI, ont exprimé le souhait de revenir sur le marché pétrolier iranien.
Parmi les pays européens, l’Allemagne et la France ont été les premiers à se précipiter pour relancer les affaires avec l’Iran. Sigmar Gabriel, ministre allemand de l’Économie et vice-chancelier à l’époque de l’accord, s’est rendu en Iran en 2015 avec une délégation d’affaires.
Par ailleurs, les dirigeants iraniens prévoyaient de renforcer leur flotte aérienne. Après la conclusion de l’accord, Mohammed Khodakarami, directeur de l’Organisation de l'aviation civile iranienne, a annoncé que «l’Iran achètera 80 à 90 avions par an aux deux géants de l’aviation (Airbus et Boeing) dans le cadre de la première phase de rénovation de sa flotte aérienne».
«Les investissements étrangers sont essentiels pour tout pays, en particulier pour la République islamique qui cherche à relancer son économie en ces temps difficiles»
Dr Majid Rafizadeh
L’Iran dispose d’un grand potentiel pour les investissements étrangers. Le premier secteur attractif en Iran est celui de l’énergie: le pétrole et le gaz. La République islamique possède les quatrièmes plus grandes réserves prouvées de pétrole brut au monde et les deuxièmes plus importantes réserves de gaz naturel.
Parmi les autres secteurs attrayants, on peut citer les marchés de la consommation et de la technologie. Avec plus de 80 millions d’habitants, l’Iran est le deuxième pays le plus peuplé du Moyen-Orient et figure parmi les 20 pays les plus peuplés du monde. Ce qui est encore plus intéressant en ce qui concerne le marché de la consommation, c’est que plus de 60% de la population a moins de 30 ans. En outre, les Iraniens sont très instruits, mais le pays souffre d’une importante fuite des cerveaux. Même sous le coup des sanctions économiques, les Iraniens ont dépensé plus de 75 milliards de dollars (un dollar = 0,93 euros) en nourriture, plus de 20 milliards de dollars en vêtements et 18,5 milliards de dollars en tourisme en 2012. Enfin, la République islamique d’Iran est considérée comme le plus grand marché émergent inexploité au monde.
Si le gouvernement iranien s’en tient à son nouvel accord avec l’Arabie saoudite, il renforcera sa légitimité et sortira le pays de son isolement, ce qui lui offrira de grandes opportunités économiques, notamment grâce aux investissements étrangers.
Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter:@Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com