JERUSALEM : Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Jérusalem devant la résidence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, pour exiger sa démission. Des manifestations similaires se sont multipliées ces dernières semaines contre la "corruption du gouvernement", dégénérant parfois en affrontements violents avec la police. Mais, selon les médias israéliens, la manifestation de samedi était la plus importante, avec plus de 5.000 manifestants.
Les protestataires exigent la démission de M. Netanyahu, inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. Ils dénoncent aussi ce qu'ils considèrent comme la mauvaise gestion de l'épidémie de nouveau coronavirus par le Premier ministre et ses "attaques contre la démocratie". "Corrompus, on en a assez de vous", "Déconnectés (de la réalité) on en a assez de vous", "Où sont la morale ? les valeurs ? quel gâchis", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. "Le gouvernement est corrompu (...) Je voudrais que le Premier ministre aille en prison", estime Mayaan, 27 ans, graphiste au chômage technique, en brandissant un grand drapeau israélien. Pour Eran Feitelson, professeur de géographie, âgé de 63 ans, "le gouvernement et le Premier ministre ont complètement échoué"."Il (Benjamin Netanyahu) a utilisé la crise du corona (...) pour rester au pouvoir (...) Il ne démissionnera pas, à moins qu'on ne le pousse dehors et c'est ce que nous devrons faire au bout du compte", estime-t-il.
Les manifestants critiquent aussi une loi votée cette semaine qui confie au gouvernement des pouvoirs spéciaux pour lutter contre le Covid-19 jusqu'en juin 2021 en limitant le contrôle parlementaire sur les décisions de l'exécutif. Lors des derniers rassemblements, la police avait dispersé les manifestants avec des canons à eau, blessant plusieurs d'entre eux.
Pour la première fois, plusieurs centaines de protestataires se sont aussi regroupés samedi soir devant la résidence de M. Netanyahu dans la ville côtière de Césarée, où le Premier ministre et sa famille séjournaient pendant le week-end, selon les médias.
Comme les semaines précédentes, plusieurs milliers d'Israéliens ont aussi manifesté à Tel-Aviv et dans d'autres villes du pays pour protester contre la gestion sanitaire et économique de la crise par le gouvernement, souvent jugée erratique. Après avoir réussi à juguler la progression de l'épidémie en mars et avril, Israël fait aujourd’hui partie des pays où elle progresse le plus vite. Le gouvernement est sur la sellette, accusé d'avoir rouvert trop rapidement l'économie et d'être incapable de prendre des mesures cohérentes pour ralentir la contamination.
Israël a officiellement enregistré plus de 60.000 contaminations et 455 décès. Plus d'un millier de nouveaux cas de contamination sont découverts quotidiennement ces derniers temps. La gronde sociale concerne aussi le volet économique de la crise sanitaire. Nombre d'Israéliens au chômage ou avec des moyens de subsistance réduits accusent le gouvernement de ne pas faire assez pour leur venir en aide.