Suite très attendue de "L'Auberge espagnole", la série "Salade grecque" dresse le portrait d'une jeunesse moins insouciante et plus engagée qu'il y a 20 ans, Cédric Klapisch emmenant les enfants de Xavier (Romain Duris) et Wendy (Kelly Reilly) à Athènes, sur fond de crise migratoire.
Les festivaliers de Séries Mania ont pu déguster vendredi soir à Lille les deux premiers des huit épisodes prolongeant la saga démarrée en 2002, avant leur arrivée sur Amazon Prime Vidéo, le 14 avril.
Sollicité il y a quatre ans par la plateforme américaine pour adapter et moderniser son film culte, Cédric Klapisch a préféré se lancer dans une suite, tout en mettant au second plan ses héros d'origine.
Après Barcelone, Saint-Pétersbourg ("Les poupées russes") et New York ("Casse-tête chinois"), où leurs parents tenaient le haut de l'affiche, c'est donc dans la capitale grecque que l'on retrouve Tom (Aliocha Schneider), 26 ans, et sa soeur Mia (Megan Northam), 22 ans, à la faveur d'un héritage immobilier après le décès de leur grand-père.
Start-upper ambitieux, Tom découvre à cette occasion que sa cadette, censée être en année Erasmus, a arrêté ses études pour venir en aide aux migrants. Alors que leurs divergences compliquent le partage de leur patrimoine, ils sont amenés à cohabiter avec des jeunes issus des quatre coins du Vieux Continent... comme leurs parents 20 ans plus tôt.
Mais "beaucoup de choses ont changé" depuis "les années 2000, une époque d'euphorie", où l'idée européenne était "enthousiasmante", a expliqué Cédric Klapisch samedi, lors d'un point presse à Lille.
"Il y a eu la crise économique, le Brexit, la guerre en Ukraine, le Covid. (...) L'Europe est toujours mise en danger, fragilisée", a ajouté le réalisateur.
D'où l'idée des scénaristes de situer leur histoire en Grèce, "symbole de ce qui a été dysfonctionnel en Europe" depuis deux décennies, a ainsi estimé le co-auteur de la série, Thomas Colineau.
Jeunes auteurs
"C'est le berceau du théâtre antique. Cela nous permettait de questionner le patrimoine, l'héritage, l'Europe d'avant", a complété Agnès Hurstel ("Jeune et Golri"), également membre des cinq scénaristes, âgés de 26 à 30 ans au début du projet, recrutés par Cédric Klapisch pour retranscrire les préoccupations de leur génération.
Les violences faites aux femmes et d’autres questions de diversité sont ainsi abordées tout au long de la série.
L'écologie y est évoquée par petites touches, à la différence de la crise migratoire, d'autant plus centrale que la série se déroule en Grèce, porte d'entrée de l'UE pour nombre de réfugiés.
"Quand j'ai fait le casting des scénaristes - j'en ai vu une quinzaine -, quand je posais la question +c'est quoi la thématique importante pour vous ?+, ils m'ont tous dit: +La crise migratoire+", a relaté Cédric Klapisch, "étonné qu'ils ne mentionnent pas l'environnement".
A Athènes, les équipes ont pris soin "de parler aux associations, aux différentes populations" représentées parmi les migrants, parfois sollicités comme acteurs ou figurants, a expliqué à l'AFP Lola Doillon, co-réalisatrice de la série avec Antoine Garceau.
"Quand la guerre en Ukraine a éclaté, c'était impossible de ne pas en parler", se remémore la femme de Cédric Klapisch, évoquant l'impact du conflit sur les réfugiés non ukrainiens. "Certains se demandaient pourquoi tout à coup les Ukrainiens passaient en priorité. C'était assez terrible de se retrouver dans ces questionnements-là".
"Salade grecque" n'en conserve pas moins les ingrédients festifs qui ont fait le succès de la trilogie d'origine: vie en collectivité, mélange des cultures... sur une bande-originale toujours signée Loïk Dury.
Des castings ont eu lieu dans une dizaine de pays pour dénicher de jeunes talents italiens, tchèques, croates ou encore syriens, au coeur d'une production encore plus internationale que les précédentes et tournée en plusieurs langues.
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