NICE : "La seule loi qui vaille, c'est celle de la loi républicaine et de l’État de droit": en visite à Nice, Jean Castex a affiché samedi sa détermination à lutter contre l'insécurité et annoncé des mesures de "proximité", dont l'expérimentation de l'extension des compétences de la police municipale. Aux côtés des ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Eric Dupond-Moretti, le Premier ministre a aussi annoncé, lors d'un discours prononcé en préfecture, la généralisation à la rentrée des amendes forfaitaires pour consommation de drogue. Elle doit permettre, selon le Premier ministre, de "lutter contre les points de vente qui gangrènent les quartiers".
Les trois membres du gouvernement avaient justement déambulé auparavant dans un de ces quartiers gangrénés par le trafic de drogue : celui des Moulins, où des coups de feu avaient notamment éclaté en plein jour lundi devant un supermarché.
Là, le chef du gouvernement a été interpellé par des habitants. "Pourquoi c'est nous qui trinquons ? Pourquoi on libère si rapidement les trafiquants ?", lui a lancé Véronique, 40 ans.
"Incertitude"
"La justice a trop longtemps été délaissée", a reconnu dans son discours un peu plus tard le Premier ministre : "L'important dans une peine, ce n'est pas sa sévérité mais sa certitude, disait déjà au XVIIIe siècle le philosophe (italien) Cesare Beccaria. L’État, faute de moyens suffisants, a laissé s'installer l'incertitude". Pour y remédier, Jean Castex a annoncé la création de 150 emplois supplémentaires fin 2020 pour "renforcer l'action pénale de proximité pour la répression de la délinquance du quotidien". "La sécurité, c'est aussi et d'abord la proximité", a poursuivi le Premier ministre : "Les ministres vont redéployer des moyens sur le terrain pour la justice de proximité et la police du quotidien".
Saluant notamment l'action des maires, il a donné satisfaction à son hôte du jour Christian Estrosi (LR), farouche partisan d'une telle mesure, en annonçant l'expérimentation prochaine à Nice de l'extension des compétences de la police municipale.
"Il nous appartient de prouver que cette confiance est bien placée", s'est félicité aussitôt Christian Estrosi, qui a par ailleurs annoncé le recrutement de 80 policiers municipaux supplémentaires. Autre satisfaction pour l'élu : 60 policiers seront prochainement déployés dans la capitale azuréenne, a annoncé M. Castex, le projet d'hôtel des polices de la ville, regroupant polices nationale et municipale, "bénéficiera des crédits du plan de relance de la rentrée", et la création d'un nouvel établissement pénitentiaire de 650 places "sera priorisée", a précisé l'entourage du garde des Sceaux.
"Ne rien laisser passer"
Avant sa déambulation dans le quartier des Moulins et son discours, le Premier ministre avait observé avec MM. Darmanin et Dupond-Moretti une minute de silence en hommage aux 86 victimes de l'attentat commis sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016 à la Villa Masséna. "Nous assistons à une crise de l’autorité. Il faut stopper l'ensauvagement d’une certaine partie de la société. Il faut réaffirmer l’autorité de l’État, et ne rien laisser passer", avait insisté avant cette visite M. Darmanin dans une interview au Figaro. Déjà venu dans la capitale azuréenne jeudi, le ministre de l'Intérieur avait adopté la même posture martiale en promettant de "faire plier ceux qui veulent faire plier la République".
Dès sa déclaration de politique générale, le 15 juillet, M. Castex avait promis "une réponse ferme et sans complaisance" à des "faits inacceptables qui exaspèrent les Français", évoquant plusieurs épisodes récents, dont les violences commises à Dijon ou "l'attaque ignoble" contre un chauffeur de bus à Bayonne.
Le chef de l’État Emmanuel Macron a enfoncé le clou mardi en assurant qu'il serait "intraitable" sur les incivilités à l'égard notamment des forces de l'ordre et des pompiers.
Jean Castex, qui avait réservé l'une de ses premières visites de terrain à un commissariat de la Courneuve (Seine-Saint-Denis) est très attendu sur ces sujets, qui offrent un angle d'attaque aux oppositions de gauche comme de droite, critiques sur la stratégie de l'exécutif face aux questions régaliennes.
Samedi, pendant sa visite, le corps d'un jeune homme, sans doute tué par arme blanche, a été découvert dans les parties communes d'un autre quartier sensible de Nice, l'Ariane. Et à Nîmes, c'est une fusillade, sans doute un règlement de comptes, qui a fait un mort et 3 blessés dans la nuit de vendredi à samedi.