Le Royaume-Uni risque de créer un «Guantánamo» en Syrie si le rapatriement échoue

Des femmes et des enfants marchent dans le camp d’Al-Roj, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d’appartenir à Daech, dans la campagne près d’Al-Malikiyah (Derik), dans la province de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. (AP)
Des femmes et des enfants marchent dans le camp d’Al-Roj, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d’appartenir à Daech, dans la campagne près d’Al-Malikiyah (Derik), dans la province de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. (AP)
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Le Royaume-Uni risque de créer un «Guantánamo» en Syrie si le rapatriement échoue

  • Le non-retour des Britanniques qui se trouvent dans les camps syriens pourrait «devenir une source de rancunes exploitables», selon une étude indépendante de la législation antiterroriste
  • «Moins les enfants britanniques seront élevés comme des lionceaux du califat, mieux ce sera pour eux», a expliqué Jonathan Hall

LONDRES: Le camp de prisonniers qui accueille des milliers d’anciens combattants de Daech et leurs familles dans le nord-est de la Syrie risque de devenir le «Guantánamo» britannique si le Royaume-Uni ne parvient pas à rapatrier les femmes et les enfants qui s’y trouvent, a averti le contrôleur en charge de la législation antiterroriste du gouvernement, selon le Telegraph.

Le camp d’Al-Roj en Syrie, supervisé par les autorités kurdes, abrite des dizaines de Britanniques qui se sont rendus dans la région pour rejoindre Daech après la montée en puissance du groupe terroriste.

Cependant, l’incapacité de la Grande-Bretagne à rapatrier ses citoyens – le pays a plutôt pour une stratégie de retrait de la citoyenneté – risque de créer une source de «rancunes exploitables» parmi les organisations dangereuses, a déclaré Jonathan Hall, le contrôleur indépendant en charge de la législation antiterroriste, lundi.

Il a ajouté que les dizaines d’enfants britanniques qui se trouvent dans le camp pourraient devenir des «lionceaux du califat» s’ils restent exposés à la radicalisation de la part des autres détenus et ne sont pas rapatriés au Royaume-Uni.

L’indignation que pourrait susciter la décision de la Grande-Bretagne de laisser indéfiniment ses citoyens dans des camps de prisonniers syriens pourrait potentiellement faire écho au tollé qu’avait entraîné la création du centre détention de Guantánamo à Cuba, qui a hébergé des centaines de terroristes présumés pendant la guerre contre le terrorisme, a expliqué M. Hall.

Selon lui, la stratégie du Royaume-Uni ne correspond pas à celle de ses partenaires européens et des États-Unis, d’autres pays occidentaux étant parvenus à rapatrier des citoyens. De nombreux détenus britanniques, dont Shamima Begum, 23 ans, qui a quitté le Royaume-Uni alors qu’elle était encore lycéenne, se sont déjà vu retirer leur nationalité par le gouvernement.

D’autres prisonniers qui ont conservé leur nationalité, n’ont pas les documents de voyage nécessaires pour quitter la Syrie et ont besoin de l’intervention du Royaume-Uni, a précisé M. Hall. Il s’est par ailleurs interrogé sur le risque potentiel de rapatrier d’anciens membres de Daech et des enfants, affirmant que les partenariats de sécurité «de premier plan» du Royaume-Uni permettraient des «poursuites perturbatrices», autorisant des couvre-feux, des restrictions de mouvement et la surveillance des personnes rapatriées.

«On peut fortement s’attendre, au vu du langage utilisé par les ONG et les organisations militantes, à ce que que le non-retour des Britanniques devienne une source de rancunes exploitables par ceux qui nous veulent du mal», a souligné M. Hall.

«Si le Royaume-Uni agissait seul, le Guantánamo de l’Europe deviendrait bientôt le Guantánamo britannique. Je pense que c’est un facteur que l’on ne peut pas négliger lorsqu’on parle du risque à plus long terme pour le Royaume-Uni.»

«Moins les enfants britanniques seront élevés comme des lionceaux du califat, mieux ce sera pour eux», a-t-il ajouté. «En outre, un retour bien géré, avec une préparation adéquate, des comités d’accueil, une police disposant de plans de gestion des risques, des autorités locales prêtes à assurer la sauvegarde, et des membres de la famille élargie engagés, est préférable à un retour chaotique.»

«Il convient de noter qu’aucune attaque réussie contre le Royaume-Uni n’a été menée par un revenant, bien qu’environ 400 personnes qui ont voyagé puis sont revenues», a-t-il ajouté.

L’ex-secrétaire d’État à l’Intérieur, Priti Patel, s’est opposée lundi aux déclarations de M. Hall. «Tant qu’un individu constitue une menace pour notre pays et nos citoyens, il est justifié qu’il ne puisse pas être rapatrié», a-t-elle déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.


Londres accuse Israël d'avoir refoulé deux députés travaillistes britanniques

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu.
  • « Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie.

LONDRES : Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu, dans le cadre d'un voyage officiel.

« Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, dans le cadre d'une délégation parlementaire en Israël, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie dans un communiqué de son ministère publié sur X.

« J'ai clairement fait savoir à mes homologues du gouvernement israélien que nous n'accepterions pas un tel traitement réservé à des parlementaires britanniques avec qui nous sommes en contact et à qui nous apportons notre soutien », a insisté M. Lammy.

Le ministre a rappelé que « le gouvernement du Royaume-Uni restait focalisé sur la reprise du cessez-le-feu et des négociations pour mettre fin à l'effusion de sang, ainsi que sur la libération des otages et la fin du conflit dans la bande de Gaza ».

La diplomatie britannique n'a dévoilé aucun détail supplémentaire.

S'appuyant sur un communiqué du ministère israélien de l'Immigration cité par la chaîne de télévision Sky News, le journal The Guardian indique que les parlementaires refoulées à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, sont deux femmes, Yuan Yang et Abtisam Mohamed. Elles sont soupçonnées d'avoir voulu « documenter les activités des forces de sécurité (israéliennes) et diffuser une haine contre Israël ».

Mercredi dernier, Hamish Falconer, sous-secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, a dénoncé l'élargissement des opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza, se disant « profondément préoccupé » par la reprise des hostilités.

« La politique du gouvernement britannique et celle du gouvernement israélien diffèrent. Ces divergences persisteront jusqu'à ce que nous retrouvions la voie d'une solution à deux États », avait déclaré M. Falconer devant la commission des Affaires étrangères du Parlement britannique.


Amnesty International exhorte la Belgique à mettre fin aux violations des droits des demandeurs d'asile

Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
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  • La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme. Sans intervention urgente, cette crise va s'aggraver
  • L'organisation a interrogé des personnes, dont des Palestiniens, qui naviguent dans le système d'asile du pays.

LONDRES : Amnesty International a condamné jeudi la Belgique pour avoir rejeté les demandes d'asile de milliers de personnes, les "forçant à devenir des sans-abri".

Amnesty a accusé ce pays membre de l'UE de "discrimination à l'encontre des hommes célibataires racialisés", ce qui a eu "un impact sur la vie, la dignité et les droits de l'homme des demandeurs d'asile".

L'organisation a ajouté : "À ce jour, les tribunaux nationaux et internationaux ont ordonné plus de 12 000 fois aux autorités belges d'accueillir des demandeurs d'asile.

"La Belgique a toujours refusé de se conformer pleinement aux jugements, bien que ceux-ci soient définitifs et juridiquement contraignants.

Amnesty a interrogé des personnes qui se sont retrouvées sans domicile fixe alors qu'elles naviguaient dans le système d'asile belge depuis 2021. Nombre d'entre elles ont déclaré qu'en plus de se voir refuser un logement, l'accès aux soins de santé est un problème majeur.

Sayed, qui a voyagé depuis l'Afghanistan, a passé du temps dans un squat à Bruxelles avec d'autres migrants sans-abri d'octobre 2022 à 2023.

"Au début, c'était assez bien, il y avait des toilettes et des douches, et certaines personnes apportaient de la nourriture l'après-midi ", a-t-il expliqué à Amnesty.

"Mais peu à peu, le centre s'est complètement transformé en cimetière. Les douches et les toilettes étaient cassées, avec le temps... L'urine arrivait jusqu'à l'endroit où l'on dormait."

Selon lui, les Belges ordinaires et les organisations caritatives locales ont été accueillants, mais l'État ne l'a pas été. "Les gens ressentaient notre douleur, mais pas les autorités", a-t-il ajouté.

Les réfugiés palestiniens Ahmet et Baraa, qui ont fui la guerre de Gaza l'année dernière, ont également été contraints de vivre dans un squat.

"Il faisait froid... Vous pouvez être affamé et personne ne le saura. Personne ne vous aidera", a déclaré Ahmet. "J'ai perdu beaucoup de parents et d'amis (à Gaza). Ma mère est gravement blessée, ainsi que mes frères et ma sœur. Je me suis mis à leur place : Je dois juste survivre."

Baraa a déclaré qu'il souhaitait simplement "une vie simple, des droits fondamentaux, un travail, de la nourriture dans (mon) estomac et vivre comme une personne normale. Nous avions une vie à Gaza, mais nous n'avions pas la sécurité nécessaire et c'est pour cela que nous sommes partis. C'est pourquoi nous sommes venus ici : pour trouver un endroit sûr".

Amnesty International craint que la Belgique ne continue d'exacerber le problème après que son nouveau gouvernement se soit engagé à adopter "la politique migratoire la plus stricte possible".

Amnesty a exhorté le gouvernement à "fournir immédiatement des places d'accueil en nombre suffisant et à veiller à ce que toutes les personnes demandant l'asile bénéficient d'un logement adéquat".

"Il doit veiller à ce que les personnes aient accès à des services de santé adéquats, y compris à un soutien psychologique spécialisé, quelle que soit leur situation en matière de logement.

L'organisation a également demandé à l'Union européenne de "veiller à ce que la Belgique rétablisse le respect" de ses obligations légales à l'égard des demandeurs d'asile, "notamment en lançant des procédures d'infraction si nécessaire".

Eva Davidova, porte-parole d'Amnesty International Belgique, a déclaré que "l'incapacité du pays à fournir un accueil n'est pas due à un manque de ressources mais à un manque de volonté politique".

Elle a ajouté : "Le gouvernement précédent a eu amplement le temps de résoudre la situation des sans-abri et ne l'a pas fait.

"Le gouvernement actuel se préoccupe davantage de réduire le nombre de personnes qui reçoivent l'asile que de s'attaquer aux préjudices réels infligés aux demandeurs d'asile qui se trouvent actuellement dans le pays.

"L'ampleur et la durée du mépris persistant de la Belgique pour les décisions de justice soulèvent des questions quant à la manière dont les détenteurs de droits peuvent espérer demander des comptes au gouvernement belge, en particulier les personnes marginalisées et racialisées comme celles qui sont affectées par cette situation.

Mme Davidova poursuit : "La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme qui aura un impact négatif durable sur la vie et la dignité des personnes, tandis que la société civile est laissée à elle-même pour ramasser les morceaux.

"Sans une intervention urgente, cette crise s'aggravera, violant davantage les droits des demandeurs d'asile et érodant à la fois les pays et l'engagement de l'UE en faveur des droits de l'homme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com