LONDRES: Le Royaume-Uni risque des «conséquences inattendues» s’il ne rapatrie pas les anciens membres de Daech des camps syriens, conformément aux efforts des autres pays occidentaux, a averti le conseiller du gouvernement en matière de terrorisme.
Selon The Independent, Jonathan Hall, l’examinateur indépendant de la législation antiterroriste, a déclaré que les ministres du gouvernement avaient rejeté sa demande d’examen de la décision de révoquer la citoyenneté britannique des anciens combattants de Daech et de leurs familles.
Le fait que le Royaume-Uni s’appuie sur son «principal pouvoir de lutte contre le terrorisme pour faire face» à Daech et empêcher les anciens membres de retourner au Royaume-Uni va à l’encontre des efforts déployés par d’autres pays occidentaux et risque d’avoir des «conséquences inattendues», a expliqué M. Hall.
«Je me demande si la politique de privation n’aura pas des conséquences inattendues. Beaucoup d’autres pays rapatrient des personnes et la question se pose de savoir si le Royaume-Uni est capable de gérer ce risque», a-t-il ajouté.
«Les poursuites peuvent être vraiment difficiles pour les personnes qui étaient présentes en Syrie et en Irak, mais nous avons une machine antiterroriste très bien coordonnée et disposons d’un éventail de pouvoirs civils.»
M. Hall a indiqué que le gouvernement avait commencé à adopter la révocation de citoyenneté en 2017, par crainte que la chute de Daech n’entraîne le retour d’un grand nombre d’anciens combattants sur les côtes britanniques.
«Aujourd’hui, les chiffres sont moins élevés. Cela fait déjà plusieurs années que c’est le cas, et nous parlons d’un profil de risque différent», a-t-il poursuivi.
Son avertissement intervient dans un contexte d’inquiétude croissante concernant la détérioration de l’état des camps de prisonniers dans le nord de la Syrie, les forces locales luttant pour maintenir la sécurité et l’ordre.
Une série d’émeutes et de troubles dans les camps ainsi que la prévalence du trafic d’êtres humains ont conduit les groupes humanitaires à appeler le gouvernement à reconsidérer sa stratégie envers les anciens combattants et leurs familles.
Le président de la Commission parlementaire à la défense, Tobias Ellwood, a prévenu que «Daech 2.0» pourrait voir le jour si les pays occidentaux ne recourent pas au rapatriement pour alléger la charge des administrateurs pénitentiaires locaux».
Selon Maya Foa, directrice de l’organisation caritative juridique Reprieve, «la Grande-Bretagne est le seul pays du G20 qui révoque la citoyenneté en masse et le dernier de nos alliés qui refuse de rapatrier ses ressortissants du nord-est de la Syrie».
«Chaque fois qu’un de nos alliés rapatrie ses ressortissants, comme l’ont fait la France, l’Espagne, l’Australie et le Canada ces derniers mois, cela montre la politique du gouvernement britannique telle qu’elle est vraiment: une position politique, plus préoccupée par les gros titres que par les vies britanniques.»
Un examen des politiques de 2016, demandé par le gouvernement, met en garde contre la révocation de nationalité comme stratégie globale, affirmant qu’elle pourrait constituer une «arme inefficace et contreproductive contre le terrorisme».
Il définit cette stratégie comme une politique de «capture et de relâchement», qui a pour conséquence de «faire des condamnés d’aujourd’hui les combattants étrangers de demain».
Il ajoute également que la révocation de la citoyenneté favorise «l’illusion dangereuse que le terrorisme constitue (ou peut être transformé en) une menace et un problème étrangers».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com