IDLIB: Dans le nord-ouest de la Syrie, plus précisément dans la campagne située à l'ouest d'Idlib, les agriculteurs pâtissent des répercussions du séisme ayant frappé la Turquie et la Syrie. Leurs terres et leurs conditions de vie en sont affectées.
Dans le village défavorisé d'Al-Alani, nombreux sont les habitants qui peinent à payer 200 livres, soit 5 dollars (1 dollar = 0,94 euro) afin d’acheter une tente en tissu pour remplacer leur maison qui s’est effondrée. Ils se contentent donc de matériaux locaux, comme des cannes, pour se construire un abri provisoire.
Mohammed Ali Mandi est originaire du village d'Al-Alani. Il confie à Arab News que ses voisins n'ont pas la chance de pouvoir acheter une maison dans l'immédiat.
Selon lui, certains résidents devront attendre deux à cinq ans pour rebâtir leur maison. D'autres – il en fait partie – mettront encore plus de temps.
«Je ne peux pas payer 75 livres au maçon. J'ai besoin de cet argent pour nourrir mes enfants. Je n'ai même pas de quoi acheter une tente», confie-t-il.
«J'ai choisi le nylon plutôt que le tissu pour fabriquer une tente. Elle abritera ma famille: ma femme, mes enfants, ma belle-fille, mon fils et moi. Notre famille est composée de quinze personnes. Trois ou quatre familles peuvent vivre dans une tente comme celle-là», ajoute-t-il.
Adnan Abdel Karim Bakro vit lui aussi à Al-Alani, où il travaille comme agriculteur. Il a construit une tente de fortune.
Sa maison s'est partiellement effondrée; le toit est encore en place. La lumière pénètre dans les murs à travers les fissures.
C'est la terreur et le traumatisme suscités par le séisme qui empêchent les gens de vivre dans leurs maisons, même celles qui ne sont que partiellement endommagées.
M. Bakro n'entre dans sa maison que pour utiliser l'eau afin de faire ses ablutions en prévision de ses prières quotidiennes.
«Je suis obligé de faire le wudu [ablution]. Je le fais donc comme si j'étais un voleur qui s'introduit dans une maison qui n'est pas la sienne et la quitte à la hâte. Je ne me sens plus en sécurité», explique-t-il.
Le séisme a contraint les habitants du village d'Al-Alani à se déplacer. Il a exacerbé les difficultés engendrées par la saison de froid qu'ont connu les agriculteurs l'année dernière.
«Nous avons perdu toutes les récoltes l'année dernière. Nous n'avons pas exploité les terres. Nous n'avons même pas réussi à couvrir les dépenses d'irrigation», déclare M. Bakro à Arab News.
«Quelques propriétaires terriens ont fait des gains, grâce à Dieu. Mais la plupart d'entre eux n'ont pas pu tirer profit de la saison», précise-t-il.
Pour les agriculteurs d'Al-Alani comme M. Bakro, l'agriculture représente une bouée de sauvetage. Il a commencé à travailler dans ce secteur lorsque son père lui a légué une parcelle large de deux dounams (1 dounam = 1000 m2, NDLR). Il espérait laisser cette terre à ses huit enfants pour assurer leur subsistance, mais le séisme a ruiné son héritage.
M. Bakro raconte à Arab News que les répliques du séisme ont détruit des terres agricoles qui s'étendent sur un, deux voire trois mètres de large dans son village. Certains habitants ont perdu des terres larges de quatre à cinq mètres.
«Nous n'avons pas péri, mais nous avons perdu nos terres», conclut-il amèrement.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com