PARIS: Le procès de Douha M., "une "revenante" jugée pour deux séjours en Syrie entrecoupés de multiples tentatives de rejoindre le groupe Etat islamique, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Silhouette élancée dans le box, longue tresse brune tombant sur un gilet blanc, l'accusée de 32 ans comparaît jusqu'à mercredi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle.
Douha M. était partie une première fois en Syrie où elle avait séjourné environ deux mois fin 2013-début 2014, avec son premier mari turc.
Ce premier séjour avait été écourté par une grossesse compliquée. Après quelques semaines en Turquie, la jeune femme était rentrée en France au printemps 2014, où elle avait accouché d'un garçon, décédé le lendemain.
L'accusée avait ensuite tenté à plusieurs reprises de regagner la Syrie, depuis la France, la Mauritanie, le Maroc ou la Macédoine, mais elle avait à chaque fois été refoulée par les autorités turques.
Elle était finalement parvenue à passer en Syrie à l'été 2015, avec son nouveau mari tunisien et le fils de ce dernier, âgé de quelques mois, grâce à la carte d'identité dérobée à sa mère et aux bijoux volés à sa belle-mère pour financer le voyage.
Selon les investigations, pendant que son mari combattait au sein du groupe Etat islamique (EI), Douha M. exerçait une activité de sage-femme, en Irak et en Syrie. Elle a donné naissance à une fille, en septembre 2016, à Raqqa.
Elle avait quitté l'EI fin 2016 et rejoint une ville sous contrôle de l'Armée syrienne libre (ASL) avant de passer en Turquie en mars 2017, où elle avait été arrêtée avec deux jeunes enfants, sa fille et l'enfant de son second époux.
Après plusieurs mois en centre de rétention, elle avait été expulsée vers la France, mise en examen et placée en détention.
Douha M. avait fait parler d'elle quatre ans après son retour en France et son incarcération, pour sa rocambolesque tentative d'évasion de la maison d'arrêt de Fresnes.
Le 14 novembre 2021, elle s'était extirpée de sa cellule où elle avait creusé un trou à l'aide d'une cuillère et d'un couteau, était descendue du deuxième étage grâce à une corde tressée de draps et d'effets personnels, puis avait escaladé un premier mur depuis la cour de promenade. Elle avait finalement été appréhendée par le personnel sur le chemin de ronde de la prison.
Cette tentative d'évasion fait l'objet d'une procédure judiciaire distincte encore en cours.