Exit le CFCM, place au Forif pour «redéfinir le dialogue entre l’État et les musulmans» en France

Le président français Emmanuel Macron (C) prononce un discours flanqué de Mourad Dali (L), chargé de l'organisation et du fonctionnement des hospices et Enseignant-chercheur à l'Institut islamique d'études avancées (IHEI, France) Abd Al Wadoud Gouraud (D) pendant une réunion plénière du Forum français de l'islam (FORIF) à l'Elysée, à Paris, le 16 février 2023. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) prononce un discours flanqué de Mourad Dali (L), chargé de l'organisation et du fonctionnement des hospices et Enseignant-chercheur à l'Institut islamique d'études avancées (IHEI, France) Abd Al Wadoud Gouraud (D) pendant une réunion plénière du Forum français de l'islam (FORIF) à l'Elysée, à Paris, le 16 février 2023. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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Publié le Jeudi 16 février 2023

Exit le CFCM, place au Forif pour «redéfinir le dialogue entre l’État et les musulmans» en France

  • Le coup fatal a été porté au CFCM en 2020, lorsque deux fédérations de musulmans d’origine turque ont refusé la signature de la charte des valeurs de la république
  • Après ce refus, il était clair que cette instance ne pouvait plus fonctionner faute de quorum, ce qui a incité l’État à lui chercher un substitut

PARIS: Exit le Conseil français du culte musulman (CFCM) initié par l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, place au Forum de l’islam de France (Forif) voulu par le président Emmanuel Macron.

Au cours d’une cérémonie hautement symbolique, M. Macron reçoit aujourd’hui au palais de l’Élysée les membres de cette nouvelle instance qui doit constituer un cadre de dialogue entre les autorités et les musulmans de France.

Ainsi, l’État reprend la main sur la représentation de l’islam en France et tourne la page du CFCM, vidé de sa substance et contraint à l’inaction en raison des luttes internes qui déchiraient ses rangs.
Ce conseil, mis sur pied par M. Sarkozy en 2003, répondait à un véritable besoin, celui de doter l’islam de France d’un interlocuteur avec l’État, à l’instar des autres religions, soit le catholicisme et le judaïsme.

Cassure entre le CFCM et sa base

Rapidement, ce Conseil regroupant les représentants des grandes mosquées et fédérations religieuses s’est sclérosé, ses composantes se sont opposées et affrontées au point qu’elles ne pouvaient plus échanger entre elles, ou seulement par communiqués de presse interposés.

Il existait d’autre part une cassure entre le CFCM et sa base, car il était localement représenté à l’échelle régionale et non pas départementale.
Les représentants régionaux étaient affiliés à une mosquée ou une fédération, c’est-à-dire à une communauté ou un État étranger.
Le CFCM s’est progressivement retrouvé paralysé, essentiellement à cause des rivalités entre ses deux grandes composantes marocaine et algérienne, puis turque.

Cette situation n’aidait pas les musulmans français libéraux ou même laïques à se retrouver dans les prises de position du CFCM ni à considérer leurs représentants.

Le coup fatal a été porté au Conseil en 2020, lorsque deux fédérations de musulmans d’origine turque ont refusé la signature de la charte des valeurs de la république, signée par les autres fédérations.
Après ce refus, il était clair que cette instance ne pouvait plus fonctionner faute de quorum, ce qui a incité l’État à lui chercher un substitut.

Selon l’Élysée, le naufrage du CFCM «n’est pas du fait de l’État, c’est du fait de ses tensions internes, il s’est quasiment autosabordé. Nous, on a pris acte.»

Le Forif a donc été créé, dont les origines remontent au discours des Mureaux (banlieue parisienne) en octobre 2020 lorsque Emmanuel Macron avait détaillé une vision basée sur deux axes pour organiser l’islam de France.
D’un côté, la lutte contre l’islamisme radical ou le séparatisme, et de l’autre, l’accompagnement des musulmans de France dans l’émergence de ce qu’il a appelé l’«islam des lumières».

 

Macron veut "redoubler d'efforts" pour "sortir des interférences"

Emmanuel Macron a appelé jeudi à "redoubler d'efforts" pour "sortir des intérférences", souvent étrangères, qui nuisent selon lui au développement d'un "islam des Lumières" en France.

Sur le financement du culte musulman, le statut des imams ou la lutte contre les propagandes, le chef de l'Etat a estimé, lors d'une réunion à l'Elysée marquant le premier anniversaire du Forum de l'islam de France (Forif), qu'il y avait encore "des montagnes à bouger".

Le Forif, jeune instance de dialogue avec l'Etat, a été lancé en février 2022 par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans le sillage du discours du président Macron aux Mureaux, dans les Yvelines, où il avait énoncé en 2020 sa politique contre l'islam radical.

Jeudi, Emmanuel Macron a reconnu que les "mécanismes opaques", les "interférences" et les "jeux d'influence", "ça existe encore sur le terrain". "Ça n'est ni le discours des Mureaux, ni la loi, ni le Forif" qui ont pu "arrêter" cela, "soyons totalement honnêtes", a-t-il ajouté.

"Nous devons clarifier le financement", avec "de la pérennité" et "de la transparence", dans le "respect" de la laïcité, a expliqué le chef de l'Etat, sans entrer dans le détail des pistes de travail. "Nous devons redoubler d'efforts", a-t-il dit.

Même chose pour le chantier, également engagé par le Forif, de la formation des imams et la création d'un statut ad hoc les concernant.

"Si nous laissons en quelque sorte à d'autres le soin de former ou d'exporter vers la France les prédicateurs, on peut continuer comme on fait depuis 20 ans, c'est-à-dire de déplorer les conséquences dont nous chérissons les causes. Ça n'est pas mon tempérament", a lancé Emmanuel Macron.

"Nous devons homologuer des formations universitaires, construire un système de gouvernance qui fait que des gens dont c'est la compétence sur le terrain pourront dire +cette personne est imam, n'est pas imam+", a-t-il énuméré. Il a plaidé pour "un système qui fait que quand des gens qui prédiquent disent des folies qui menacent la République et bafouent la religion qu'est l'islam, on puisse leur dire +vous n'aurez plus le droit de le faire+".

Le chef de l'Etat a aussi dit vouloir une "plus grande transparence" du financement du pèlerinage à la Mecque et lutter contre "les discours de manipulation". Il a enfin promis de "réinvestir massivement" dans les études d'islamologie, en recréant des chaires et des postes de doctorants.

Une initiative de Gérald Darmanin

Pour «éviter les confusions», souligne l’Élysée, la question de la lutte contre le séparatisme ne sera pas abordée lors de la rencontre avec le président de la république, «d’autant plus qu’il s’agit d’une action qui est du ressort des services de l’État».
C’est donc le second axe sur lequel ont travaillé les membres du Forif dont il sera question.

Leur réception au palais présidentiel vient couronner un chantier programmé il y a tout juste un an, à l’initiative du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, afin de permettre à la seconde religion de France de constituer enfin une représentation plus efficace et plus inclusive.

Composé d’une soixantaine de membres, pour la plupart engagés localement et désignés par les préfets, le Forif compte parmi ses membres trente-cinq personnalités du monde associatif, culturel et cultuel, ainsi que des humanistes, des cadres religieux, des avocats et juristes et des représentants de la société civile.

Les principaux thèmes, sur lesquels le forum a travaillé en liaison avec le bureau du culte du ministère de l’Intérieur, portaient sur la professionnalisation des imams, la sécurité des lieux de culte, la lutte contre l’islamophobie, et la désignation des aumôniers dans les hôpitaux, les prisons et les armées.
Ce sont les conclusions de leurs travaux et leurs recommandations que les membres du Forif présenteront à M. Macron qui prendra ensuite la parole pour clôturer la rencontre, «sans faire d’annonce particulière», indique l’Élysée, car il s’est déjà exprimé sur le sujet à plusieurs reprises.
Toujours selon le palais présidentiel, cette réception sera prolongée, dans les prochains jours, par les Assises territoriales de l’islam de France (Atif) qui se réuniront au fur et à mesure dans différents départements pour examiner les travaux du Forif.

En bref

Dans sa lutte contre le séparatisme, l’Élysée affirme que depuis 2018, les autorités ont procédé à la fermeture de:

906 institutions ou entités commerciales;
50 lieux de culte;
11 associations sportives;
25 associations culturelles,
37 associations qui accueillaient des enfants
20 écoles hors contrat

 

En finir avec «l’islam consulaire»

«Cette nouvelle institution vient redéfinir le dialogue entre l’État et les musulmans» par le biais d’un dialogue direct «issu du terrain sur des aspects concrets», se réjouit l’Élysée.
«C’est un mouvement qui part de la base, qui remonte, et qui redescend», son action est par conséquent «vraiment ancré dans les territoires», selon l’Élysée, qui estime que c’est précisément sur ce point qu’il se distingue du CFCM.

Autre différence, cette nouvelle instance n’a ni président, ni secrétaire général, ni porte-parole, dans un but clair; éviter les luttes de clans et aboutir à une véritable rupture avec ce qu’on appelle «l’islam consulaire».

L’Élysée affirme: «Nous sommes en train de travailler à la séparation avec l’islam importé, mais ça prendra du temps.» Cette déclaration signifie qu’il y aura toujours des imams étrangers qui seront présents sur le territoire français en attendant que tous les imams soient formés en France.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.