Rebaptisée, la loi «contre les séparatismes » pourrait remettre la laïcité en avant

La future loi « contre les séparatismes » détaillée par Emmanuel Macron (Photo, AFP)
La future loi « contre les séparatismes » détaillée par Emmanuel Macron (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 07 octobre 2020

Rebaptisée, la loi «contre les séparatismes » pourrait remettre la laïcité en avant

  • « L'islamisme radical est le cœur du sujet: nommons-le ! »
  • « Moi, je suis ravie qu'on combatte pour la laïcité, mais il faut être capable de dire contre quoi nous luttons »

PARIS : La future loi « contre les séparatismes », qui vise principalement l'islamisme radical, pourrait être rebaptisée « loi renforçant la laïcité », une manière pour l'exécutif d'afficher sa neutralité politique et religieuse face aux critiques d'associations et des extrêmes de gauche et de droite.

Ce projet de loi, détaillé vendredi par Emmanuel Macron et qui doit être présenté en Conseil des ministres le 9 décembre, pourrait finalement s'appeler « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains », a expliqué mardi Gérald Darmanin sur Radio Classique. Mais pour l'instant son titre « n'est pas acté », a précisé son entourage.

Ce nouvel intitulé marquerait un énième glissement sémantique, après l'utilisation successive par Emmanuel Macron et ses ministres depuis deux ans de termes comme « communautarisme », puis « séparatisme » au singulier, puis « séparatismes » au pluriel.

Autant d'hésitations qui ont permis à ses détracteurs à droite de l'accuser de louvoyer pour éviter de désigner publiquement comme adversaire l'islamisme radical.

Vendredi, en présentant ce projet de loi annoncé depuis des mois, le chef de l'Etat a finalement abordé le problème de front en lançant dès le début de son discours : « l'islamisme radical est le cœur du sujet: nommons-le ! ».

Il a insisté sur ce terme tout au long de sa présentation, citant l'exemple de mouvements comme les Frères Musulmans ou encore d'associations et d'écoles musulmanes intégristes contrevenant aux lois de la République.

Cette offensive a d'ailleurs provoqué une avalanche de réactions indignées d'associations qui ont dénoncé une « stigmatisation » des musulmans. La Ligue des droits de l'homme a estimé qu'Emmanuel Macron « avait jusque-là évité de diviser » mais il « reprend cette fois les discours de l'extrême droite et nomme le coupable, les +musulmans intégristes+ ».

A l'extrême gauche, le député Insoumis Alexis Corbière a aussi accusé mardi le gouvernement de « contourner les problèmes sociaux et sanitaires qui déchirent notre pays en saturant l'opinion d'une question obsessionnelle, l'islam, l'islam, l'islam » et demandé de plutôt s'attaquer au « séparatisme des riches ». 

Ce à quoi Gérald Darmanin lui a reproché d'être « dans le déni » et accusé son parti, La France Insoumise, d'être lié à « un islamo-gauchisme qui détruit la République ».

Mardi, après une rencontre avec Gérald Darmanin qui consulte les chefs de partis sur la future loi, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, tout en se félicitant d'un texte « important dans ses objectifs », a déploré qu'Emmanuel Macron n'ait rien dit sur l'immigration, selon elle « terreau du fondamentalisme islamiste ».

Laïcité

Reste le débat sur l'intitulé de la loi, qui doit naviguer entre ces écueils politiques mais aussi parer à tout procès en inconstitutionnalité pour non-respect de la liberté des cultes. 

En remettant en avant le mot « laïcité », l'exécutif entend également répondre à ceux qui réclament depuis le début du quinquennat une loi sur ce principe, qui ne faisait pas partie des priorités du programme présidentiel.

Marine Le Pen a elle jugé impropre le terme de « séparatisme ». « La volonté des fondamentalistes islamistes, ça n'est pas le séparatisme (...) leur volonté c'est d'imposer leur règles religieuses à tous », a-t-elle dit. 

« Moi, je suis ravie qu'on combatte pour la laïcité, mais il faut être capable de dire contre quoi nous luttons ». « Ce serait quand même dommage qu'au bout de quelques heures, il (Emmanuel Macron) commence déjà à reculer sur cette notion de charia, encore une fois », a critiqué la candidate à la présidentielle de 2022.

Le patron des députés LR Damien Abad a lui déploré « le premier renoncement », « en disant qu'on ne veut plus que ce soit le séparatisme mais la laïcité ».

Quel qu'il soit, l'intitulé de la future loi ne changera rien à son contenu, a promis Gérald Darmanin, répétant qu'elle viserait principalement l'islam radical, mais aussi les dérives séparatistes de « tous les cultes, tous les mouvements sectaires »


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Short Url
  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.