PARIS: Artiste intuitive, maître Reiki et coach spécialisée dans la création d’expériences artistiques transformationnelles et picturales, Aida Murad peint avec ses doigts, à la fois pour embellir l’intérieur des gens et apporter la guérison. Chacune de ses œuvres est imprégnée de Reiki.
Cette artiste palestino-jordanienne qui vit aux États-Unis s’est confiée à Arab News en français. Elle dévoile les traumatismes qui l’ont conduite à peindre avec ses doigts et à se fixer pour mission d'aider les gens à se sentir vus, entendus et aimés à travers l'art.
À 20 ans, alors qu’elle est encore étudiante en économie à Washington, Aida Murad se réveille soudain à demi paralysée. Elle ressent des douleurs intenses dans l’ensemble de son corps. «En l’espace de quarante-huit heures, je ne pouvais plus me lever ni bouger; mes articulations étaient tout à coup bloquées», se souvient-elle.
Le diagnostic tombe: elle souffre d’une forme grave de polyarthrite rhumatoïde (inflammation des articulations). Pendant des années, elle ressent de vives douleurs et se tourne vers les plus grands spécialistes. Les raisons de l’apparition de ces symptômes à un si jeune âge demeurent inconnues aujourd’hui. Certains médecins évoquent le stress, d’autres des facteurs génétiques. La souffrance est si intense qu’Aida Murad envisage même le suicide, «pour en finir», déclare-t-elle, d’autant plus que le verdict médical est sans appel et qu’aucune solution ne semble envisageable, sinon la prise de médicaments antidouleur.
Mais la jeune artiste s’accroche et finit par se battre. «Il a fallu quatre ou cinq ans de douleurs et de souffrances extrêmes avant de trouver des solutions pour redevenir un humain “normal” capable de marcher et de bouger facilement. Les médecins m’ont dit que, au rythme où évoluait ma maladie, je n'utiliserais probablement plus jamais mes mains», souligne-t-elle, avant d’ajouter: «Je me rappelle avoir regardé mon empreinte digitale en me disant qu’elle était unique et qu'il devait y avoir une raison pour laquelle j’étais ici.»
Après avoir découvert des méthodes alternatives qui l’aident à alléger ses souffrances quotidiennes et opté pour une hygiène de vie drastique, Aida décide de se tourner vers l’art. «J’ai commencé à peindre avec les doigts pour trouver la réponse à la raison pour laquelle je suis ici.» Cependant, si Aida Murad peint avec ses mains, c’est pour se prouver à elle-même et au monde qu'elle n'est pas abîmée et que cette dysmorphie ne la définit pas.
Une première vraie rencontre avec l'art qui lui «change la vie». «On dit que plus l'ombre est sombre, plus la lumière est brillante. Ma polyarthrite rhumatoïde était mon ombre, et l'art ma lumière», affirme celle qui se définit comme une battante qui a de l’énergie à revendre et qui a toujours aimé la vie. «Le pire chapitre de ma vie m'a emmenée vers le meilleur», résume-t-elle. La jeune artiste n’est pourtant pas guérie. «Je suis en rémission. La maladie vit en moi et je me bats contre elle au quotidien.» Aida participe à de nombreuses expositions aux États-Unis et dans le monde. Le succès est au rendez-vous.
Ses œuvres sont publiées par l'université de Cambridge avec celles d’Ai Weiwei et présentées dans le monde entier. Elles sont notamment visibles à travers TED, Voice of America, Reuters, TRT World, Al Jazeera et les Nations unies. Elle est nommée artiste en résidence de l'université de Georgetown en 2022 et elle est chargée de créer un art de la guérison pour le Lombardi Comprehensive Cancer Center.
Aida Murad a également collaboré avec des artistes récompensés aux Grammy Awards, utilisant l'art au service du lien social. Ses peintures sont acquises dans le monde entier, notamment par l'ancien président de Saatchi & Saatchi et de Manchester United, l'ancien vice-ministre de la Culture des Émirats arabes unis et le Qatar America Institute for Culture. «Je ne compte pas m’arrêter, mais au contraire partager mon expérience douloureuse pour aider des personnes qui souffrent au quotidien comme moi», conclut Aida Murad, qui nous confie qu’elle travaille actuellement sur de nombreux projets.