Deux documentaires ukrainiens à l'honneur au festival de Sundance racontent l'invasion russe

(De gauche à droite) Derl McCrudden, Vasilisa Stepanenko, Evgeniy Maloletka, Jordan Dykstra, Jay Peterson, Michelle Mizner et Raney Aronson-Rath assistent à la première de «20 Days in Mariupol» au festival du film Sundance 2023 à l'Egyptian Theatre le 20 janvier 2023 à Park City, Utah. (Amy Sussman/Getty Images/AFP )
(De gauche à droite) Derl McCrudden, Vasilisa Stepanenko, Evgeniy Maloletka, Jordan Dykstra, Jay Peterson, Michelle Mizner et Raney Aronson-Rath assistent à la première de «20 Days in Mariupol» au festival du film Sundance 2023 à l'Egyptian Theatre le 20 janvier 2023 à Park City, Utah. (Amy Sussman/Getty Images/AFP )
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Publié le Dimanche 22 janvier 2023

Deux documentaires ukrainiens à l'honneur au festival de Sundance racontent l'invasion russe

  • «Klondike» raconte l'histoire d'une famille vivant à la frontière entre la Russie et l'Ukraine quand le conflit éclate en 2014
  • «20 Days In Mariupol», dont l'avant-première a eu lieu vendredi soir, décrit l'arrivée du conflit l'an dernier dans une ville devenue le théâtre d'une des batailles les plus sanglantes de la guerre

PARK CITY, États Unis :Deux nouveaux documentaires de réalisateurs ukrainiens évoquant l'invasion de leur pays par la Russie et les effets insidieux de la propagande du Kremlin, sont à l'honneur du festival américain de Sundance cette semaine.

«20 Days In Mariupol», dont l'avant-première a eu lieu vendredi soir, décrit l'arrivée du conflit l'an dernier dans une ville devenue le théâtre d'une des batailles les plus sanglantes de la guerre. Les images ont été prises par des journalistes lors du siège de Marioupol.

Le réalisateur Mstyslav Chernov, un journaliste qui a filmé la ville portuaire lors de l'avancée des troupes russes en février et mars 2021, a déclaré à l'AFP espérer que la publication de ses images en tant que documentaire «frappe plus profondément», et plus «durement» les spectateurs que de courtes vidéos d'actualités.

Le documentaire montre comment Mstyslav Chernov a risqué sa vie pour rapporter les images d'une frappe russe sur une maternité qui a provoqué l'indignation à travers le monde.

Il relate également les tentatives du réalisateur et de son équipe de fuir la ville afin de transmettre leurs images bouleversantes, au moment même où des responsables russes tentaient de peindre l'événement comme une infox utilisant des acteurs ukrainiens.

Marioupol «fut le premier aperçu des différences entre le récit offert par la Russie sur cette guerre, et la réalité», a affirmé Mstyslav Chernov.

L'utilisation par Moscou de la désinformation est également un thème central de «Iron Butterflies», dont l'avant-première a lieu dimanche. Le documentaire raconte l'histoire du vol MH17 de Malaysia Airlines, abattu en 2014 par des séparatistes de l'est de l'Ukraine, et comment ce drame a servi de présage au conflit à plus grande échelle d'aujourd'hui.

Il tire son nom du shrapnel dans les missiles BUK de fabrication russe ayant touché l'avion de ligne qui reliait Amsterdam et Kuala Lumpur, tuant 298 personnes.

- «Ici et maintenant» -

«Iron Butterflies» utilise à la fois des vidéos d'actualités et tirées des réseaux sociaux avec des extraits audio de communications militaires interceptées, pour montrer comment la réponse russe est passée de l'affirmation que des séparatistes avaient abattu un avion militaire ukrainien à celle que Kiev était responsable de la mort de ces civils.

Le réalisateur Roman Liubyi dit avoir voulu rester «scientifique» dans son approche et éviter de céder à la colère dans le montage, car la propagande russe est «construite autour de l'impact émotionnel».

Un troisième film, de fiction cette fois, «Klondike», recevra une nouvelle projection à Sundance, après avoir gagné le prix de la réalisation monde lors de l'édition 2022 de ce festival du film indépendant ayant lieu chaque année à Park City, dans les montagnes de l'Utah (ouest des Etats-Unis).

Le film raconte l'histoire d'une famille vivant à la frontière entre la Russie et l'Ukraine quand le conflit éclate en 2014.

Pour Roman Liubyi, la forte présence ukrainienne à Sundance ne peut que renforcer l'aura cinématographique du pays à l'étranger. Mais le réalisateur d'«Iron Butterflies» lance comme avertissement que «la question bien plus dure est de savoir comment accomplir quelque chose ici et maintenant pour le pays, pour sa défense».

Il espère utiliser la publicité générée par Sundance pour mener une levée de fonds visant à financer un drone de reconnaissance à destination d'amis réalisateurs engagés actuellement au sein de l'armée ukrainienne.

«Je voudrais utiliser ce moment pour dire en tant que citoyen ukrainien que nous sommes réellement reconnaissants envers la communauté internationale pour leur aide à notre défense», a-t-il dit samedi à l'AFP.

«Mais si vous vous demandez: +Est-ce que cela représente suffisamment d'armes?+ Probablement, malheureusement, ce n'est toujours pas suffisant», a-t-il ajouté au moment où Kiev déplorait «l'indécision» des Occidentaux sur les livraisons de chars lourds.

Le réalisateur présentera son documentaire au festival du film de Berlin le mois prochain.

«C'est certain, le public international se lasse de plus en plus de ce sujet», a-t-il regretté.

«Il est dur de maintenir la flamme, cet intérêt... (mais) ce combat est pour notre existence.»


Cannes: la flamme olympique, star des marches

Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
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  • La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré
  • Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche

CANNES: La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré.

Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche.

Arnaud Assoumani, champion paralympique de saut en longueur en 2008 à Pékin, entamera la montée. Il sera relayé par Alexis Hanquinquant, en or en para triathlon à Tokyo en 2021, Nélia Barbosa, vice-championne paralympique de kayak au Japon, et Marie Patouillet, double médaillée de bronze en paracyclisme en 2021.

Seront également présents Tony Estanguet, président du comité d'organisation des JO de Paris 2024, et les sportifs et anciens sportifs Marie-José Perec (athlétisme), Thierry Rey (judo) et Iliana Rupert (basket).

Evénement cinématographique oblige, cette montée des marches sera l'occasion de révéler qui réalise le film officiel des Jeux, dont le coup d'envoi sera donné le 26 juillet (jusqu'au 11 août).

Dans la foulée, à 19h30, sera diffusé le documentaire "Olympiques! La France des Jeux" de Mickaël Gamrasni, qui revient sur plus d'un siècle de participation française aux JO, depuis leur création en 1896.

Brahim Asloum, Félicia Ballanger, David Douillet, Guy Drut, Laura Flessel, Jean Galfione, Laure Manaudou... Vingt-sept championnes et champions olympiques et paralympiques français témoignent dans ce long-métrage narré par l'actrice Marion Cotillard.

Sorrentino sur Naples

En compétition, trois films seront présentés mardi.

Dans "Marcello Mio", également en salles à partir de mardi soir, Chiara Mastroianni entre dans la peau de son père, Marcello Mastroianni, troublant ceux qui ont connu l'acteur de "La Dolce vita", à commencer par son ancienne compagne et mère de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve.

Sont également au casting Nicole Garcia, Benjamin Biolay, Melvil Poupaud et Fabrice Luchini.

On attend également l'Italien Paolo Sorrentino pour son nouveau film sur Naples, "Parthénope", héroïne suivie de sa naissance dans les années 1950 à nos jours, et "Anora", jeune strip-teaseuse de Brooklyn mariée au fils d'un oligarque russe, de l'Américain Sean Baker.

Après sept jours de projections, "Emilia Perez" fait partie des favoris pour succéder à "Anatomie d'une chute" de la Française Justine Triet, et offrir une deuxième Palme d'or à son réalisateur français également, Jacques Audiard, après "Dheepan" (2015).

Parmi les autres long-métrages loués par la critique, "The Substance", film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat avec une Demi Moore à contre-emploi. Mais aussi le très cinéphile "Caught by the Tides" du Chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images, et "Kinds of Kindness", film à sketches avec Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood avec "La favorite " et "Pauvres créatures".

A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de l'Américain Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent le sauver.

L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.

"L'amour ouf" du Français Gilles Lellouche, avec le couple tricolore Adèle Exarchopoulos/François Civil, et "Les graines du figuier sauvage" de l'Iranien Mohammad Rasoulof sont par ailleurs très attendus jeudi et vendredi.

Le palmarès sera rendu le 25 mai.


Le tramway centenaire d'Istanbul fait peau neuve

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
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  • Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km
  • Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul

ISTANBUL: Une cure de jouvence: l'emblématique tramway rouge et blanc de la longue avenue Istiklal d'Istanbul, chouchou des touristes, s'apprête à céder sa place à une version modernisée mais fidèle à son esthétique originelle. Perdra-t-il son cachet?

Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km.

Assise au dernier rang, une touriste anglaise s'enthousiasme, téléphone en mode selfie, pour cette balade à bord du tramway de nouvelle génération, qui cohabitera une année avec son aïeul centenaire, le temps des essais.

Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul, arpentée chaque jour par un flot ininterrompu de touristes et de Stambouliotes.

Jusqu'à l'effondrement de l'Empire ottoman dans les années 1920, la Grande Rue de Péra, comme elle était nommée, était aussi le coeur de ce qui était alors le quartier cosmopolite de la ville, habité par de nombreux chrétiens et juifs.

Nostalgie et technologie

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique.

Le nouveau tramway, du plancher en bois aux sièges à dossier réversible, reste fidèle à l'allure de son ancêtre, auquel la mairie d'Istanbul dit vouloir offrir une retraite dans un musée des transports encore au stade de projet.

"C'est une très bonne chose qu'ils modernisent le tram, le nouveau n'a pas modifié le côté nostalgique de l'ancien", se réjouit Gönul Mürtekin, une habitante du quartier qui voyage avec son petit-fils.

"Avec le système à batteries, nous faisons beaucoup d'économies d'énergie", affirme de son côté Ali Tugrul Küçükalioglu, directeur des transports électriques d'Istanbul, qui précise qu'un tramway pourra "rouler deux jours avec une seule batterie".

Cette économie d'énergie fait partie des engagements écologiques du maire d'opposition de la ville, Ekrem Imamoglu, dont les équipes souhaitent démanteler les lignes d'alimentation qui flottent au-dessus de l'avenue.

« Ruine le côté traditionnel »

Le remplacement des lignes aériennes par des batteries intégrées présente un autre avantage, selon M. Küçükalioglu: "Pendant les fêtes nationales, le tram avait des difficultés à circuler à cause des drapeaux accrochés", affirme-t-il.

Autre innovation de la réplique: deux caméras miroirs filment de part et d'autre du véhicule en remplacement des anciens rétroviseurs, offrant aux conducteurs une meilleure visibilité et leur permettant de conduire assis.

Sans ses rétroviseurs latéraux, le tramway a aussi pu être élargi.

Mais surtout, il a été dépouillé de ses barres extérieures latérales qui offraient une accroche aux plus téméraires.

"Cela présentait un risque pour eux et pour nos conducteurs", justifie M. Küçükalioglu.

"Lorsque les touristes veulent s'accrocher au tram, ils n'y arrivent pas comme les Turcs. J'en ai vu plusieurs tomber et se blesser au visage: le nouveau tram est donc meilleur", abonde Yusuf Deniz, jeune vendeur de marrons grillés de la grande place Taksim, au terminus de la ligne.

Ahmet Hüseyin, 16 ans, regrette lui de ne plus pouvoir faire le voyage à l'air libre, agrippé au flanc du tramway.

"Ça ruine le côté traditionnel du Taksim d'avant", estime le lycéen.


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com