«Farha», un film sur la souffrance des Palestiniens, inspiré de faits réels

Darin J. Sallam, scénariste et réalisatrice jordanienne, parcourt un livre alors qu'elle donne une interview sur "Farha", son premier long métrage narratif en tant que réalisatrice, dans la capitale jordanienne Amman le 10 janvier 2023. (Photo de Khalil MAZRAAWI / AFP)
Darin J. Sallam, scénariste et réalisatrice jordanienne, parcourt un livre alors qu'elle donne une interview sur "Farha", son premier long métrage narratif en tant que réalisatrice, dans la capitale jordanienne Amman le 10 janvier 2023. (Photo de Khalil MAZRAAWI / AFP)
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Publié le Mercredi 18 janvier 2023

«Farha», un film sur la souffrance des Palestiniens, inspiré de faits réels

  • Ce long métrage, sorti début décembre sur Netflix, a pour toile de fond la Nakba ("catastrophe" en arabe), que représente aux yeux des Palestiniens leur exode massif lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948
  • Il raconte l'histoire d'une adolescente palestinienne que son père cache dans le cellier de leur maison lors de l'attaque par des combattants juifs de leur village, d'où elle va assister, impuissante, à un massacre de civils

AMMAN: L'histoire de "Farha", inspirée de faits réels, n'est "qu'une goutte d'eau dans l'océan" des souffrances vécues par les Palestiniens en 1948, affirme à l'AFP Darin J. Sallam, la réalisatrice jordanienne du film, vivement critiqué en Israël.

Ce long métrage, sorti début décembre sur Netflix, a pour toile de fond la Nakba ("catastrophe" en arabe), que représente aux yeux des Palestiniens leur exode massif lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Il raconte l'histoire d'une adolescente palestinienne que son père cache dans le cellier de leur maison lors de l'attaque par des combattants juifs de leur village, d'où elle va assister, impuissante, à un massacre de civils.

Le film s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une femme nommée Radiyé, explique la réalisatrice âgée de 35 ans, dont c'est le premier long métrage.

«Etape charnière»

"Radiyé avait été enfermée par son père qui craignait pour sa vie, et lorsqu'elle a enfin pu sortir de sa cachette, elle a gagné la Syrie. C'est là qu'elle a raconté l'histoire à ma mère", ajoute la réalisatrice, dont la mère est syrienne et le père originaire de Ramlé, une ville dont la plupart des habitants palestiniens ont dû fuir en 1948.

"Ma mère m'a transmis à son tour cette histoire et j'ai décidé d'en faire un film pour la partager", dit-elle.

Elle précise avoir "perdu tout contact depuis le soulèvement en Syrie (en 2011) avec cette femme" qui habitait dans le camp palestinien de Yarmouk, proche de Damas, dévastée par des combats pendant la guerre.

"Je voulais ouvrir les yeux du monde sur cette étape charnière dans l'histoire du monde arabe et du monde tout entier, montrer que cette terre avait un peuple, avec des gens qui avaient des rêves et des ambitions ", souligne Darin Sallam.

Le film a été tourné en Jordanie, qui compte une importante communauté palestinienne, notamment dans les localités d'Ajloun et de Fuheis, où les maisons ressemblent à celles du village palestinien où commence l'histoire de Farha, 14 ans.

L'adolescente rêve de poursuivre ses études et tente de convaincre son père, parle mariage avec ses amies, participe à la cueillette des figues... avant l'attaque du village.

"Je voulais faire un film humain, l'histoire d'une fille qui a dû abandonner ses rêves en raison d'évènements sur lesquels elle n'avait aucune prise", explique la réalisatrice.

Elle indique avoir voulu éviter les scènes de violence, à l'exception d'une, lorsque l'adolescente, cachée des jours dans le cellier, voit à travers une fente de la porte des membres de la Hagannah, noyau de l'armée de l'Etat hébreu, abattre de sang-froid une famille.

"Cette scène, qui a choqué le gouvernement israélien, n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de souffrances de millions de Palestiniens lors de la Nakba", affirme la réalisatrice.

Lors d'une projection aux Etats-Unis, le film a réveillé des souvenirs chez des spectateurs.

"Une femme âgée de 80 ans qui a vu le film (...) m'a dit avoir vécu la Nakba et déclaré: +Farha, c'est moi+", raconte Mme Sallam.

«Mensonges»

En Israël, Avigdor Lieberman, qui était ministre des Finances au moment de la sortie du film sur Netflix, a condamné la plateforme pour avoir diffusé le film, dont "le seul objectif" selon lui est "d'inciter à la haine contre les soldats israéliens".

Son collègue à la Culture Chili Tropper est également monté au créneau, accusant le film de colporter "des mensonges".

Mais pour la réalisatrice, "nier la Nakba (...) c'est nier le drame de millions de personnes". "Mon propre père a vécu la Nakba, il avait six mois lorsque ses parents ont fui avec lui vers la Jordanie", ajoute Darin Sallam.

Plus de 760.000 Palestiniens ont fui leurs villes et villages, dont plus de 400 ont été détruits par les forces juives durant la guerre de 1948. Leurs descendants sont notamment répartis entre la Jordanie, la Syrie et le Liban où beaucoup vivent encore dans des camps de réfugiés.

Primé dans plusieurs festivals internationaux, "Farha" n'est pas le premier film à susciter la controverse pour avoir abordé le sujet de massacres israéliens présumés en 1948.

Le réalisateur israélien Alon Schwarz a fait face en 2022 à des critiques virulentes après un documentaire sur un massacre présumé de Palestiniens dans un village.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com