Sur les retraites, le gouvernement tente de rassurer les Français

Le jeune ministre français des Comptes publics Gabriel Attal lors de la conférence franco-ukrainienne pour la résilience et la reconstruction au ministère de l'Économie à Paris le 13 décembre 2022. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le jeune ministre français des Comptes publics Gabriel Attal lors de la conférence franco-ukrainienne pour la résilience et la reconstruction au ministère de l'Économie à Paris le 13 décembre 2022. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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Publié le Vendredi 13 janvier 2023

Sur les retraites, le gouvernement tente de rassurer les Français

  • Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, entreprend une tournée du pays pour tenter de rassurer des Français inquiets sur leur retraite
  • Des départs anticipés resteront aussi possibles au titre de l'invalidité et pour les carrières longues, a souligné le ministre lors de sa première étape, dans l’Essonne, citant aussi d'autres «mesures justes»

JUVISY-SUR-ORGE, France: «On ne se voit pas travailler jusqu'à 64 ans...»: dans l'Essonne, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, tente de rassurer des Français inquiets sur leur retraite, première étape d'une tournée du pays pour essayer d'amadouer l'opinion sur une réforme décriée.

«Je ne suis pas forcément capable de vous annoncer le mois exact de votre départ en retraite ou le montant à l'euro près, mais je vais essayer», plaisante le ministre, arrachant des rires à la cinquantaine de personnes auxquelles il fait face perché sur un tabouret, micro à la main, jeudi soir dans une salle polyvalente de Juvisy-sur-Orge, au sud de Paris.

Relèvement progressif de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, allongement de la durée de cotisation à 43 ans, carrières hachées, pénibilité, emploi des seniors, ... Pendant près de deux heures, le public fait part de ses inquiétudes et Gabriel Attal tente d'apaiser, sans forcément y parvenir.

Avec cet exercice, le ministre veut aller au devant de Français dubitatifs ou mécontents de la réforme présentée mardi. Selon son entourage, il compte le renouveler chaque semaine, du Nord au Sud de la France, jusqu'à l'examen du texte au Parlement en février.

Mais il aura fort à faire pour gagner la bataille de l'opinion: alors que se préparent grèves et manifestations le 19 janvier, plusieurs sondages mettent en exergue l'opposition d'une large majorité de Français à un recul de l'âge légal.

- «40 kilos sur le dos» -

«Vous êtes de la génération 1965, et donc votre âge légal de départ passe à 63 ans et trois mois», assène-t-il à une quinquagénaire qui a commencé à 16 ans comme apprentie dans la tapisserie-décoration: à l'époque, les périodes d'apprentissage n'étaient pas comptabilisées dans le calcul des droits.

«Ah oui, même en ayant une carrière aussi longue!», découvre-t-elle, dépitée.

Assis un peu plus loin, un sapeur-pompier de Palaiseau se demande comment il fera pour tenir. Certes, comme d'autres fonctionnaires exerçant des métiers pénibles, il pourra faire valoir ses droits à la retraite plus tôt, à 59 ans. Mais cela reste deux ans de plus qu'avant la réforme, note-t-il.

«Le matériel est lourd - quand on part pour un feu, en trois minutes on se retrouve avec 40 kilos sur le dos. A 20 ans, 30 ans, 40 ans, ça passe. Arrivé à 50, ça commence à tirer vraiment sur la corde. S'il faut aller jusqu'à 59 ans, j'ai peur qu'il y ait des cérémonies aux Invalides de plus en plus fréquemment», souligne-t-il.

Cette préoccupation fait écho dans la salle: une femme explique que son mari se lève à 02H00 toutes les nuits pour travailler au marché de Rungis «où il porte des charges lourdes»; une autre, qui travaille dans la petite enfance, fait remarquer qu'«à 64 ans, on ne peut pas être à quatre pattes au sol avec un bébé de trois mois»; et cette aide-soignante à domicile a «un peu peur» de travailler jusqu'à cet âge-là auprès de personnes âgées.

- «Mesures justes» -

Face à ces doléances, le ministre fait valoir l'abaissement des seuils de prise en compte de la pénibilité, notamment pour le travail de nuit.

Des départs anticipés resteront aussi possibles au titre de l'invalidité et pour les carrières longues, souligne-t-il, citant aussi d'autres «mesures justes» comme la prise en compte du congé parental, ou une pension minimale de 1.200 euros pour toutes les carrières complètes.

Aux inquiétudes pour les plus âgés, il rétorque «index senior» qui obligera les entreprises à publier la part des salariés âgés ou amélioration des règles du cumul emploi-retraite.

Quand la ronde des questions se tarit, la salle commence à se disperser, mais des doutes persistent, comme chez des pompiers qui se disent «pas convaincus».

«Derrière chacune de vos interpellations, il y a probablement des centaines de milliers voire des millions de Français qui se posent les mêmes questions», admet Gabriel Attal. Mais pour lui, travailler plus longtemps reste la seule solution à même de pérenniser le régime solidaire de retraite par répartition, sans rogner le pouvoir d'achat des travailleurs ou la compétitivité des entreprises.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.