Turquie: La présidente de l'Union des médecins libérée mais condamnée

Sebnem Korur Fincanci, reconnue internationalement pour sa dénonciation des crimes de guerre, avait été arrêtée le 26 octobre pour avoir réclamé une enquête sur des accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée turque dans le nord de l'Irak contre des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (Photo, AFP).
Sebnem Korur Fincanci, reconnue internationalement pour sa dénonciation des crimes de guerre, avait été arrêtée le 26 octobre pour avoir réclamé une enquête sur des accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée turque dans le nord de l'Irak contre des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 12 janvier 2023

Turquie: La présidente de l'Union des médecins libérée mais condamnée

  • La médecin, âgée de 63 ans, dénonçait depuis le début un procès «politique»
  • Son avocate, Meric Eyuboglu, a exprimé sa «surprise» et sa «joie» à l'issue du verdict, affirmant s'être préparée «au pire»

ISTANBUL: La présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur Fincanci, a été condamnée mercredi à deux ans et huit mois de prison pour "propagande terroriste", mais libérée par un tribunal d'Istanbul.

Mme Fincanci, reconnue internationalement pour sa dénonciation des crimes de guerre, avait été arrêtée le 26 octobre pour avoir réclamé une enquête sur des accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée turque dans le nord de l'Irak contre des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

La médecin, âgée de 63 ans, dénonçait depuis le début un procès "politique". Elle encourait jusqu'à sept ans et demi de prison.

Son avocate, Meric Eyuboglu, a exprimé sa "surprise" et sa "joie" à l'issue du verdict, affirmant s'être préparée "au pire".

Elle a également annoncé que sa cliente se pourvoirait en appel.

En fin de journée, Mme Fincanci a quitté tout sourire la prison pour femmes de Bakirkoy, à Istanbul, accueillie par les embrassades émues d'une cinquantaine de ses soutiens et un bouquet de fleurs, a constaté l'AFP.

Médecin légiste de formation, elle avait été arrêtée puis détenue à Ankara, avant d'être transférée à Istanbul.

Selon l'association d'avocats MLSA, présente au procès, elle sera également privée du droit d'exercer sa profession pendant la durée de sa peine si celle-ci est confirmée.

Les accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée turque dans le nord de l'Irak, relayées par des médias prokurdes et des élus de l'opposition, avaient suscité l'ire des autorités turques, qui ont dénoncé une campagne de "désinformation".

«Affaire politique»

Le PKK est considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Devant la cour, Meric Eyuboglu a dénoncé un réquisitoire préparé "avant même la première audience et répété" depuis par le procureur, preuve "que les droits à un procès équitable ont été constamment bafoués".

Une dizaine de pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis, comme l'Union européenne, avaient dépêché des représentants à l'audience, dans une salle bondée, a rapporté l'un d'eux à l'AFP.

Ardente défenseure des droits, très engagée dans la lutte contre la torture et les crimes de guerre, Mme Fincanci a été notamment associée aux enquêtes des Nations unies sur les crimes commis en ex-Yougoslavie.

De très nombreux soutiens de Mme Fincanci - représentants d'organisations médicales et de défense des droits, universitaires - ont assisté à l'audience dans la matinée.

L'un d'eux, Ole Johan Bakke, vice-président du Comité permanent des médecins européens (CPME), s'est réjoui de sa libération tout en annonçant que son organisation allait "se battre aux côtés des (médecins) turcs pour gagner en appel" et obtenir son acquittement.

Sebnem Korur Fincanci, qui comparaissait pour la troisième fois devant la Haute Cour criminelle d'Istanbul, a dénoncé "une affaire à motivation politique visant le TTB, les valeurs démocratiques et la liberté d'expression".

«Abus de justice»

Accusant ses juges de "trahir leur pays et son peuple pour leur propre bénéfice", Mme Fincanci a cité devant la cour le poète français René Char: "Obéissez à vos porcs qui existent/ Je me soumets à mes dieux qui n'existent pas/ Nous restons gens d'inclémence".

Des poursuites séparées ont été engagées par le même procureur contre les 11 membres du comité exécutif de l'Union des médecins pour "appartenance à une organisation terroriste". Leur procès a été renvoyé au 8 février.

L'Union des médecins a dénoncé, dans un communiqué, la condamnation "illégale" de sa présidente et prévenu: "Nous continuerons à nous battre".

Mme Fincanci avait expliqué lors de ses précédentes comparutions refuser de préparer sa défense. "Car ce que j'ai fait n'est pas un crime et fait partie de mon travail de médecin", a-t-elle dit.

Son arrestation fin octobre avait déclenché des manifestations à Istanbul.

Pour Amnesty International Turquie, "les poursuites et la condamnation de Sebnem Korur Fincanci (...) constituent clairement un abus de justice", indique l'organisation sur Twitter.

Avec Human Rights Watch et d'autres organisations de défense des droits humains, Amnesty avait réclamé à plusieurs reprises "l'acquittement et la libération immédiate" de Mme Fincanci.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".