PARIS: Privés d'éclat depuis deux ans en raison de la pandémie, les Champs-Élysées ont retrouvé samedi la foule des grands soirs - un million de personnes selon les autorités - venue pour le retour du feu d'artifice du Nouvel An, ou la simple envie d'"être ensemble", serrés, sur l'avenue scintillante et bondée.
Parisiens et touristes ont progressivement empli les deux kilomètres aux arbres illuminés, où 500.000 personnes étaient initialement attendues par la mairie.
Dans un groupe de neuf Américains venus de Los Angeles, Mariel Choo A, coiffée d'un béret noir, se filme avec ses amis, en tourbillonnant: "Paris est ma ville préférée", lance-t-elle. "C'est la première fois que je viens (pour le réveillon), m'amuser!"
Coiffé d'un chapeau pailleté doré, tout comme son amie, Oscar Manzelli, Italien de 32 ans, se trouvait à Colmar quand il a décidé de venir sur un coup de tête: "C'est notre premier grand événement après la pandémie de Covid. Et nous n’attendions pas autant de monde!"
Sur l'avenue fermée à la circulation, la foule passe par des points de filtrage: des personnes et sacs sont fouillés, des gourdes vidées, des bouteilles de champagne saisies, la vente à emporter d'alcool et sa consommation sur la voie publique étant interdites jusqu'à lundi matin au sein d'un périmètre.
De la place de la Concorde à l’Arc de Triomphe, les Champs sont combles. Beaucoup de fêtards débordent sur les artères voisines, où l'on croise de nombreuses familles. Un groupe de dix jeunes - tous étudiants à Paris en sciences humaines - s'est installé avenue de Friedland, à même le sol. En cercle, il dégustent chips et jus de fruit et jouent aux cartes en attendant le décompte des douze coups de minuit.
"C'est la première fois qu'on se retrouve sur les Champs pour le réveillon, dit Ilyès Hachelef, 19 ans. "On est là pour le feu d'artifice, on l'avait vu à la télé y a deux ans, on s'est dit que c'était pas mal. Et on a monté une équipe! On est là pour l'ambiance, passer du bon temps, être ensemble. Et c'est beau!"
La fête, l'amour
Quelques secondes avant minuit, des centaines de milliers de bras se lèvent en même temps: chacun filme par téléphone le début du feu d'artifice. Comme hypnotisés, beaucoup lancent en même temps des "waouh" d'admiration.
Sur le thème de la fête et de l'amour, la ville a offert un spectacle pyrotechnique de plusieurs minutes, avec en bande son les chansons de Clara Luciani, Harry Styles, Juliette Armanet ou Pink, après deux heures d'animations visuelles et musicales autour de l'Arc de Triomphe où le mot "Paris" était régulièrement projeté.
Dans la douceur d’une nuit d'hiver particulièrement chaude, à 15 degrés, une partie des centaines de milliers de personnes danse ou chante, "Sea, sex and sun" et "Où sont les femmes"... L'avenue doit ensuite prendre des allures de gigantesque bal du samedi soir, avec une mise à l'honneur d'artistes français tels que les Daft Punk, France Gall, les Rita Mitsouko, les Négresses vertes, Johnny Hallyday ou Orelsan.
Fin décembre 2021, face à la progression du variant Omicron, la mairie de Paris avait dû annuler le feu d'artifice et les concerts prévus sur les Champs-Elysées.
En direct sur la chaîne de télévision BFMTV, la maire de Paris, Anne Hidalgo, en profite pour vanter "une avenue qui se prépare à accueillir encore plus de monde pour 2024", au moment des Jeux olympiques.
"Paris est une ville cosmopolite, qui a retrouvé tous ses visiteurs (…). Se retrouver tous ensemble après des années difficiles, les années de Covid, toutes ces crises, des évènements tristes, une guerre en Europe, tout ça... c'est montrer cette capacité de sursaut, d'espérance", dit-elle. "C'est une ville ouverte, qui n'a pas peur, qui est résiliente", insiste Anne Hidalgo, comme en référence aux attentats de 2015 qui avaient endeuillé la ville.
Peu avant 00H30, "un million de personnes" se trouvaient sur les Champs-Elysées, selon le décompte de la préfecture de police de Paris.
Pour la nuit de la Saint-Sylvestre, quelque 90.000 policiers et gendarmes sont mobilisés en France, dont 5.400 à Paris.
En 2021, ils étaient 95.000, dont 9.000 dans la capitale.