SANTOS, Brésil : Il est surnommé Didi, comme le grand footballeur double champion du monde avec Pelé (1958-1962). Contrairement à l'inventeur du coup franc en «feuille morte», ce n'est pas sur le terrain qu'il a côtoyé le «Roi», mais dans son salon de coiffure.
De son vrai nom Joao Araujo, cet habitant de Santos, ville portuaire près de Sao Paulo, dans le sud-est du Brésil, était le coiffeur attitré de Pelé pendant une soixantaine d'années, jusqu'à la mort de la légende du football jeudi, à l'âge de 82 ans.
«Nous avons perdu un grand symbole, c'est une grande perte pour le Brésil et pour le monde entier. Et moi, j'ai perdu un grand client et un grand ami», confie cet homme noir aux cheveux blancs.
À 84 ans, il manie encore les ciseaux avec dextérité, donnant une touche finale à la coupe d'un adolescent qui porte le maillot du Santos FC, où le «Roi» a écrit sa légende de 1956 à 1974.
Le lendemain de la mort de Pelé, le petit salon de coiffure aux allures de musée est devenu un lieu de pèlerinage pour les fans, à quelques mètres du stade de Vila Belmiro, où aura lieu la veillée funèbre du triple champion du monde lundi et mardi.
Sur la devanture, une pancarte noire aux lettres blanches annonce la couleur: «Le coiffeur de Pelé, et le vôtre aussi».
Entre peignes et paires de ciseaux, on peut voir de nombreuses photos de celui que beaucoup considèrent comme le plus grand footballeur de tous les temps.
Certaines photos le montrent en action, sur le terrain, mais d'autres, plus intimes, témoignent de l'amitié entre le «Roi» et son coiffeur. L'une d'elles, en noir et blanc, les montre tout jeunes. Sur une autre, en couleur, ils semblent toujours aussi proches dans la vieillesse.
- Plus de mille coupes -
Cette amitié a duré pas moins de 66 ans. Quand il avait 16 ans, Pelé cherchait à changer de look. Il a trouvé le coiffeur idéal: fan du Santos FC, et natif comme lui de l'Etat voisin du Minas Gerais.
«Je me souviens que quand il est arrivé, c'était un gamin, et on pensait juste que c'était un bon joueur, pas un roi», explique le coiffeur, qui travaillait déjà dans le même salon à l'époque.
Le jeune Edson Arantes do Nascimento est sorti de son premier rendez-vous chez Didi avec une houppette et les cheveux ras sur les côtés, une coupe qu'il a arborée durant tout le début de sa carrière, notamment lors de ses deux premiers titres mondiaux.
«Ça lui a beaucoup plu et depuis, c'est moi qui lui ai coupé les cheveux jusqu'à sa mort», révèle Didi, qui assure l'avoir fait plus de mille fois, presque autant que les 1.283 buts marqués par le «Roi» dans sa fabuleuse carrière.
Quand sa santé s'est détériorée, Didi se rendait chez lui, dans la ville voisine de Guaruja.
La dernière fois, c'était l'an dernier, peu avant la détection chez Pelé d'un cancer du côlon, en septembre 2021. «Je venais à chaque fois qu'il m'appelait, mais à la fin il n'allait pas bien et je n'y allais plus», raconte-t-il.
Didi a du mal à cacher sa «tristesse» d'avoir perdu un client et ami si fidèle, à qui il faisait payer le même prix qu'à tout le monde, 40 réais, soit environ sept euros.