Israël: accueil critique de la presse au gouvernement Netanyahu

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou présente le nouveau gouvernement au parlement à la Knesset, à Jérusalem, le 29 décembre 2022 (Photo, AFP).
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou présente le nouveau gouvernement au parlement à la Knesset, à Jérusalem, le 29 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Israël: accueil critique de la presse au gouvernement Netanyahu

  • La procureure générale d'Israël a averti mi-décembre que des projets de loi du futur gouvernement menaçaient de faire d'Israël une «démocratie qui en a le nom, mais pas l'essence»
  • Le nouveau gouvernement souhaite l'introduction d'une «clause dérogatoire» lui permettant de remettre en vigueur une loi retoquée par les juges

JERUSALEM: Les grands médias israéliens réservaient vendredi un accueil froid au nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, craignant une réforme du système judiciaire à l'heure où le Premier ministre est jugé pour corruption dans une série d'affaires.

Après les élections du 1er novembre et les semaines de négociations avec des partis ultra-orthodoxes et des formations d'extrême droite, Benjamin Netanyahu a prêté serment jeudi à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël.

Et de tous les portefeuilles distribués, celui qui retient vendredi le plus l'attention demeure celui de la Justice à Yariv Levin, un proche du Premier ministre.

"Ce qui devrait effrayer le plus ceux qui craignent un changement drastique dans le système israélien, des changements du système judiciaire qui vont transformer complètement le caractère démocratique de l'Etat d'Israël, est la nomination de Yariv Levin à la Justice", écrit le Yediot Aharonot, quotidien le plus vendu.

"Netanyahu a fait tant de concessions à ses alliés (...) pour lui permettre de placer Yariv Levin, l'homme de la situation, à la Justice. Netanyahu ne cesse de parler d'Iran, mais ses pensées sont toutes dirigées vers son procès", poursuit le journal.

La procureure générale d'Israël, Gali Baharav-Miara a averti mi-décembre que des projets de loi du futur gouvernement menaçaient de faire d'Israël une "démocratie qui en a le nom, mais pas l'essence".

Pour le quotidien gratuit Israel Hayom, titre le plus lu et en général plutôt favorable à M. Netanyahu, la nomination de Yariv Levin est aussi "un signal clair que le Premier ministre veut aller de l'avant avec des changements dans le système judiciaire".

«Clause dérogatoire»

Quels sont les changements ? Les accords signés entre le Likoud (droite) de M. Netanyahu et des partis de sa coalition proposent notamment le vote d'une loi autorisant un prestataire de service à refuser de donner des services pour des motifs religieux ou la ségrégation entre les hommes et les femmes dans l'espace public.

Mais plus généralement, les élus estiment que les juges ont trop d'autorité et souhaitent mettre en place une "clause dérogatoire".

En Israël, ou il n'y a pas de Constitution, la Cour suprême peut abroger des lois votées par les parlementaires si elle les estime par exemple discriminatoires. Or le nouveau gouvernement souhaite l'introduction d'une "clause dérogatoire" lui permettant de remettre en vigueur une loi retoquée par les juges.

Pour le quotidien de droite Makor Rishon, point de doute, un "combat" se profile entre la Cour suprême et les tenants de cette réforme. "Yariv Levin n'aura pas cent jours de grâce, à peine dix. Dans quelques jours, il devra (...) clarifier ses intentions et le programme législatif du gouvernement".

Ces derniers jours, le Parlement a voté à la va-vite une loi autorisant une personne reconnue coupable d'un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à obtenir un portefeuille ministériel. Cette loi controversée a permis au chef de la formation ultra-orthodoxe Shas, Arié Dery, reconnu coupable de fraude fiscale, de rejoindre le nouveau gouvernement.

Dans le cas où la justice invaliderait cette loi, l'introduction d'une "clause dérogatoire" permettrait aux élus de la maintenir.

Et si par exemple les députés votaient l'annulation du procès de M. Netanyahu pour corruption, et la cour invalidait ensuite ce vote, l'introduction d'une "clause dérogatoire" permettrait de surseoir à la décision de la justice pour annuler le procès, soulignent des analystes.

Pour le quotidien de gauche Haaretz, le mandat de Yariv Levin est clair: "détruire l'Etat de droit, les institutions et tout le système" en permettant au Parlement "d'outrepasser" la justice.

"Combattre un gouvernement comme celui-ci, qui purge la démocratie de ses valeurs, ne tient pas de la sédition (...) mais du devoir pour l'opposition et la société civile. C'est l'heure de vérité", poursuit le quotidien dans son éditorial.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.