AL-MUKALLA: Un avocat de Sanaa a déclaré qu'un tribunal tenu par les Houthis a condamné à mort 16 Yéménites pour avoir travaillé avec la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen et les opposants yéménites de la milice.
Abdul Majeed Sabra, un avocat yéménite qui défend les personnes enlevées et détenues dans les prisons des Houthis, a déclaré que le tribunal pénal spécialisé de première instance avait commué la peine de mort de 16 Yéménites, dont sept détenus par les Houthis, et condamné 13 autres à des peines d'emprisonnement plus ou moins longues. En effet, le tribunal les a reconnus coupables d'avoir communiqué avec la coalition et d'avoir transmis l'emplacement d'installations militaires et de responsables.
Les 29 personnes sont originaires de Saada, le cœur du mouvement Houthi.
Elles ont été jugées pour la première fois en octobre, lorsqu'un tribunal houthi les a accusées d'avoir communiqué avec la coalition et les gouvernements yéménites entre janvier 2014 et décembre 2020.
Sabra a déclaré à Arab News qu'il s'agissait du jugement principal et qu'il avait déposé un appel contre celui-ci, ajoutant que les condamnés détenus par les Houthis sont des civils, notamment des enseignants et des agriculteurs.
«Le procès et l'appel se dérouleront devant le même tribunal, et s'il maintient le jugement, nous ferons appel auprès de la Cour suprême», a-t-il souligné.
Un représentant du gouvernement yéménite et d'autres militants ont qualifié ces accusations de «malintentionnées», destinées à servir de représailles contre les Yéménites qui s'opposent à la milice et à la confiscation de leurs biens dans les régions contrôlées par les Houthis.
Faisal al-Majidi, sous-secrétaire du ministère yéménite de la Justice, a accusé les Houthis d'utiliser le système judiciaire pour punir les partisans du gouvernement yéménite et pour légitimer le pillage systématique des biens des opposants à la milice.
«Le tribunal fait office de couverture pour régler les différends avec les opposants à l'idéologie de la milice Houthi, et leur argent est saisi sous prétexte de communiquer avec les agresseurs», a indiqué M. Al-Majidi à Arab News.
«Ces massacres exposent l'attitude criminelle du groupe Houthi à l'encontre de la population de Saada.»
Depuis le premier jour de leur coup d'État militaire contre le gouvernement yéménite fin 2014, les Houthis ont enlevé des centaines de Yéménites, les ont gravement torturés en prison et les ont accusés de collaborer avec le gouvernement yéménite et la coalition.
Un grand nombre d'hommes politiques, dont l'ancien président, des hauts fonctionnaires, des militants, des journalistes et des membres de l'armée et de la sécurité ont également été punis par contumace par les Houthis, qui ont saisi leurs maisons et leurs biens à Sanaa et dans les autres localités qu'ils contrôlent.
La province de Saada, dans le nord du Yémen, abrite la milice houthie depuis près de vingt ans et a été le théâtre de six guerres entre le gouvernement yéménite et les Houthis depuis 2004, date à laquelle ces derniers ont lancé une insurrection militaire contre le gouvernement.
Par ailleurs, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies a indiqué que 9 849 familles yéménites (59 094 individus) avaient été déplacées de leurs foyers dans les provinces déchirées par la guerre entre le 1er janvier et le 10 décembre 2022, malgré la cessation significative des hostilités au cours des huit derniers mois grâce au cessez-le-feu négocié par les Nations unies.
Selon l'organisation, 80 % des personnes déplacées à Marib, Lahj, Dhale et dans d'autres villes yéménites ont été contraintes de quitter leur domicile pour des raisons de sécurité, tandis que 20 % sont parties pour des raisons économiques.
Plus de deux millions de personnes qui ont échappé à la répression et au conflit des Houthis résident dans des camps et des immeubles de la ville de Marib, contrôlée par le gouvernement, qui compte la plus forte concentration de déplacés au Yémen.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com