Le professeur Jean-Baptiste Brenet lauréat du prix Ibn Khaldoun-Senghor 2022

Jean-Baptiste Brenet et Nivine Khaled, directrice Langue française et diversité des cultures francophones lors d'une séance débat autour de la thématique du 15e Prix Ibn Khaldoun- Senghor (Hakima Bédouani)
Jean-Baptiste Brenet et Nivine Khaled, directrice Langue française et diversité des cultures francophones lors d'une séance débat autour de la thématique du 15e Prix Ibn Khaldoun- Senghor (Hakima Bédouani)
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Publié le Mercredi 14 décembre 2022

Le professeur Jean-Baptiste Brenet lauréat du prix Ibn Khaldoun-Senghor 2022

  • «Ce prix est décerné par un jury composé d’éminents professeurs venus de l’ensemble du monde arabe»
  • «Je suis très heureux de recevoir ce prix, car c’est une distinction qui vient couronner des années de travail; c’est un prix de traduction et rien ne compte plus que la traduction»

 

PARIS: L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alecso) ont organisé le 12 décembre 2022, au siège de l’OIF, la cérémonie de remise du prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor 2022 à Jean-Baptiste Brenet, professeur de philosophie arabe à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Le lauréat est récompensé pour son travail de traduction de l’arabe vers le français d’un ouvrage du philosophe Averroès (Ibn Rochd): L’intellect. Compendium du livre De l’âme (éditions Vrin, 2022). 

 

«Ce prix est décerné par un jury composé d’éminents professeurs venus de l’ensemble du monde arabe qui travaillent depuis quinze ans avec engagement et professionnalisme pour nous donner le meilleur de ce que la traduction en sciences humaines et sociales et en littérature a pu produire, du français vers l’arabe et de l’arabe vers le français», explique Nivine Khaled, directrice langue française et diversité des cultures francophones au sein de l’OIF à Arab News en français. Elle précise que l’OIF soutient le travail de traduction, car, souligne-t-elle, «l’acte de traduction est un acte d’altérité, de décloisonnement de la culture. C’est un acte en faveur de la diversité linguistique et culturelle que nous portons à la francophonie.» 

 

 

 

«Je suis très heureux de recevoir ce prix. Je suis content, car c’est un prix qui vient couronner des années de travail; c’est un prix de traduction et rien ne compte plus que la traduction, car c’est un moyen de bien comprendre un texte, puis de le communiquer aux gens qui sont incapables de le lire dans sa langue d’origine. Cela compte beaucoup pour moi parce que l’arabe est une grande langue de la philosophie trop méconnue et les rapports entre l’arabe et le français, eux aussi, sont ignorés alors que la culture française n’aurait pas été ce qu’elle est sans le génie de la pensée arabe “médiévale”, mais en vérité qu’on peut nommer “classique”, au sein de laquelle Averroès est une grande figure», déclare Jean-Baptiste Brenet, lauréat du prix Ibn Khaldoun-Senghor.

 

Le jury

Bassam Baraké, professeur de traductologie et de linguistique française et arabe (Liban)

Zahida Darwiche Jabbour, professeure de littérature française à l’université libanaise III (Liban)

Fayza el-Qasem, professeure et ancienne directrice de l’École supérieure d’interprètes et traducteurs (Esit, France)

Mohamed Mahjoub, professeur d’herméneutique de la philosophie à l’université de Tunis (Tunisie)

Hana Subhi, professeure de littérature et de traduction à l’université Al-Mustansiriyah, Irak (Irak/ France)

Interrogé sur le choix porté sur les travaux du philosophe Averroès dans Le Livre de l’âme, Jean-Baptiste Brenet précise que cet auteur andalou du XIIe siècle est fascinant. «Il est au carrefour de plusieurs cultures, bien sûr arabe et grecque, et il a alimenté la pensée juive, latine et européenne durant des siècles. J’ai choisi de traduire le premier commentaire de son célèbre ouvrage Le Livre de l’âme, une œuvre de jeunesse dans laquelle Averroès a élaboré sa première conception de la psychologie humaine: que veut dire penser, avoir une âme rationnelle ou être humain? Ce sont des questions qui m’ont intrigué, qui ont obsédé Averroès pendant toute sa carrière et qui vont marquer de génération en génération l’Europe occidentale.»

Prix Ibn Khaldoun-Senghor, un message civilisationnel et de dialogue

Sous la thématique «Averroès, religion et raison et enjeux de la traduction», les intervenants ont évoqué la grande figure d’Averroès et ses travaux, l’apport de la philosophie arabe médiévale à la culture européenne, la place de la rationalité dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui ou encore les enjeux autour de la traduction et de la diversité linguistique.

Lors de son intervention, Hervé Barraquand, directeur de cabinet du secrétariat général de l’OIF, a indiqué que le prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor porte depuis quinze ans un message civilisationnel. «C’est un message qui est toujours et peut-être plus que jamais d’actualité, c’est un message d’écoute, de dialogue et de respect de l’autre qui sont les valeurs communes à l’OIF et à l’Alecso, notre fidèle partenaire. Avec ce prix conjoint, nous nous inscrivons philosophiquement dans un chemin tracé et emprunté bien avant nous», poursuit-il en soulignant que «l’idée de ce prix s’inscrit humblement dans cette trajectoire intellectuelle fraternelle de dialogue des idées et des langues à travers les pays et les cultures»


Rétrospective Mehdi Qotbi à l’IMA: l’art de faire danser les lettres arabes

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
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  • Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable
  • Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat

PARIS: Alors que l’Institut du Monde Arabe à Paris met à l’honneur la langue arabe en collaboration avec l’Académie Internationale du Roi Salman pour la langue arabe, c’est l’écriture et les lettres arabes qui sont à l’honneur à travers la rétrospective des œuvres de l’artiste franco-marocain Mehdi Qotbi exposé à l’institut jusqu’au 5 janvier prochain.

qotbi
C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique. (Photo Arlette Khouri)

C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique.

Il a beau se servir des lettres arabes pour composer ses tableaux, son œuvre est à l’opposé de la calligraphie.

Son art, selon sa propre définition est plutôt « une désécriture » et non un alignement calligraphique de mots et de phrases.

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable.

Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat dans une famille modeste.

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L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ». (Photo Arlette Khouri)

Dès l'enfance, Qotbi a baigné dans un univers de couleurs à l’ombre de sa mère tapissière dont il dit « elle ne savait ni lire, ni écrire, elle n’avait aucune culture. Mais elle avait la faculté de faire fusionner les couleurs », « elle savait les allier. Pour moi c’étaient des moments de rêve ».

Ce sont peut-être ces moments avec les émotions qui les accompagnent que Qotbi tente de reproduire dans son travail qui s’expose au musée Georges Pompidou à Paris ainsi qu’au musée d’art moderne, ailleurs aussi à la National Gallery of fins arts à Amman où à Houston dans le cadre de la Menil Collection.

Pourtant à l’âge de douze ans, Qotbi s’est cru destiné à une carrière militaire, il saisit l’opportunité d’un défilé militaire et aborde le ministre de la Défense de l’époque Mahjoubi Ahetdane qui l’aide à intégrer le lycée militaire de Kénitra.

Très vite, son penchant pour et le dessin pris le dessus sur son penchant pour le maniement des armes, et rejoint par la suite l’école des beaux arts de Rabat.

Sa rencontre avec le grand artiste marocain Jilali Gharbaouie finit par sceller son destin, il se consacre à sa vocation artistique qui le mène par la suite aux Beaux arts de Paris, dont il est diplômé.

Parallèlement à sa carrière d'artiste, Qotbi s’attache à transmettre sa passion aux jeunes et enseigne les arts plastiques dans des lycées à Paris et Auxerre.

Travailleur infatigable, il publie des livres d’artistes en collaboration avec de grands écrivains et poètes dont le syrien Adonis, la libanaise Andrée Chédid, la française Nathalie Sarraute et également le tchèque Vaclav Havel et le sénégalais Léopold Sedar Senghor.

L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ».

Sa notoriété lui ouvre les portes des plus hautes sphères culturelles et politiques aussi bien en France qu’au Maroc, et Qotbi met cela à profit pour resserrer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption.

Il se retrouve chargé de créer un « cercle d’amitié franco-marocain » qui s’est nourri de son large réseaux de contacts autant au Maroc qu’en France.

Le tout Paris artistique et politique était invité à l’inauguration de sa rétrospective, et bien sûr, l’épouse du président français Brigitte Macron était parmi les premiers à être présente.

 


Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024 de l’Institut du Monde Arabe

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
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  • Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français
  • Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès)

PARIS : Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix s’est dit ravi lundi dernier que cette nouvelle édition du Prix de la littérature arabe consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».

Ce roman est celui d’ Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024. Née en 1978 à Sousse en Tunisie, elle est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).

Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès).

Pour sa part, Jack Lang, Président de l’IMA, a voulu souligner « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».

 


Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes

Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
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  • Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes
  • Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens"

DUBAÏ: Des auteurs de renom du monde entier appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes.

Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes qui "sont complices ou sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens".

Parmi les auteurs populaires qui ont signé la lettre figurent l'Irlandaise Sally Rooney, connue pour des romans tels que "Conversations with Friends", "Normal People" et, plus récemment, "Intermezzo"; le romancier américano-libyen Hisham Matar, lauréat du prix Pulitzer; le romancier Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer; la lauréate du prix Booker Arundhati Roy; Mohsin Hamid, auteur de "The Reluctant Fundamentalist"; et la lauréate du prix Booker Avni Doshi, qui est basée à Dubaï.

Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens", notamment en appliquant des "politiques et pratiques discriminatoires" ou en "blanchissant et justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël".

Les institutions qui n'ont jamais reconnu publiquement les "droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international" seront également boycottées.

La campagne a été organisée par le Festival palestinien de littérature (également connu sous le nom de PalFest), qui organise chaque année des manifestations publiques gratuites dans plusieurs villes de Palestine.

"En tant qu'écrivains, éditeurs, travailleurs de festivals littéraires et autres travailleurs du livre, nous publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle", commence la déclaration, qui poursuit en indiquant qu'Israël a tué "au moins 43 362" Palestiniens à Gaza depuis octobre dernier et que cela fait suite à "75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid".

La culture "a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices". Les institutions culturelles israéliennes, "qui travaillent souvent directement avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et le lavage artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies".

Les travailleurs de l'industrie ont un "rôle à jouer", affirme l'engagement. "Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager avec les institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et le déplacement", peut-on lire, en notant que "d'innombrables auteurs" ont adopté la même position contre l'apartheid en Afrique du Sud.

La lettre se termine par un appel aux pairs des signataires à se joindre à l'engagement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com