A Roquefort, un fromage ancestral dans l'oeil de l'agro-industrie

Christian Cros se promène avec son troupeau de brebis qui produisent du lait pour la fabrication du Roquefort, à Saint-Rome-de-Cernon, dans le sud de la France, le 16 novembre 2022. (Photo de Charly TRIBALLEAU / AFP)
Christian Cros se promène avec son troupeau de brebis qui produisent du lait pour la fabrication du Roquefort, à Saint-Rome-de-Cernon, dans le sud de la France, le 16 novembre 2022. (Photo de Charly TRIBALLEAU / AFP)
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Publié le Mardi 29 novembre 2022

A Roquefort, un fromage ancestral dans l'oeil de l'agro-industrie

  • Au milieu de ses brebis, Christian Cros ne décolère pas face à ce qu'il décrit comme «l'érosion» d'un savoir-faire de plusieurs siècles.
  • Derrière lui, une immense inscription «Société tu m'auras pas» est peinte sur le mur de son bâtiment agricole, allusion à une chanson de Renaud et à Société des caves, filiale de Lactalis, principal industriel de la filière

ROQUEFORT-SUR-SOULZON: La production du roquefort, fromage emblématique affiné dans de mythiques caves du sud de l'Aveyron, est dominée par l'industrie agroalimentaire, mainmise que certains voient comme une menace pour une AOP bientôt centenaire mais ne comptant plus que de rares fabricants indépendants.

Au milieu de ses brebis, Christian Cros ne décolère pas face à ce qu'il décrit comme "l'érosion" d'un savoir-faire de plusieurs siècles.

"Quand j'avais une dizaine d'années, il y avait 4.000 fermes, aujourd'hui c'est 1.300!", dénonce cet éleveur de 56 ans installé à Saint-Rome-de-Cernon, près de Roquefort-sur- Soulzon, où sont affinées les tomes du premier fromage à avoir obtenu l'appellation d'origine contrôlée (AOP), en 1925.

Derrière lui, une immense inscription "Société tu m'auras pas" est peinte sur le mur de son bâtiment agricole, allusion à une chanson de Renaud et à Société des caves, filiale de Lactalis, principal industriel de la filière.

Fort d'un cheptel de 380 bêtes, Christian Cros représente la Confédération paysanne au sein de la Confédération générale de Roquefort (CGR), où siègent les producteurs de lait et les sept fabricants, trois industriels et quatre indépendants.

Il dénonce une "baisse du prix du lait" et du nombre de producteurs "depuis que Lactalis a acheté Société des caves en 1992".

Effritement de la consommation

Le secrétaire général de la CGR Sébastien Vignette parle plutôt d'"effritement de la consommation depuis plusieurs années", de 1% par an, diminution comparable à celle des fermes dédiées au roquefort.

Quant à la multinationale laitière, qui déclare produire "52% des 15.885 tonnes du volume total du roquefort", elle précise avoir "sensiblement revalorisé" le prix du lait en octobre.

Le groupe aux 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 120 millions issus du roquefort, estime en outre générer 5.000 emplois directs et indirects dans la région.

Un poids gigantesque, particulièrement à Roquefort-sur-Soulzon où Lactalis possède 80% du bâti et du foncier, dont la majorité des caves, grandes grottes naturelles où les tomes sont alignées sur des travées de bois pour un affinage unique.

Hugues Meaudre, directeur général de la division Lactalis AOP et terroir, affirme à l'AFP que le groupe joue "le rôle de locomotive pour tirer cette AOP".

"La filière est dans une posture légèrement négative. Notre premier axe de travail c'est de stabiliser ses volumes et, une fois stabilisés, il faudra repartir dans la croissance", explique-t-il.

Mais pour Véronique Richez-Lerouge, présidente-fondatrice de l'association Fromage de terroirs, la présence de tels acteurs dans une filière aussi typique est "toxique".

"Les fromages industriels représentent 90% du plateau de fromage français. Ils ont de quoi s'exprimer. Pourquoi viennent-ils dans les AOP? C'est pour l'image", estime-t-elle.

Hugues Meaudre préfère évoquer "l'amour du produit des actionnaires de Lactalis".

"Dans les AOP, un segment haut de gamme comparable à celui de la haute couture, on devrait limiter la présence des multinationales pour permettre à une filière d'éclore de manière harmonieuse", rétorque Mme Richez-Lerouge.

Haute couture ou industrie

Pour Vincent Combes, patron de la maison Combes qui fabrique manuellement 180 tonnes par an de roquefort Vieux Berger, "l'avantage c'est que chacun a sa place, son marché, sa qualité".

"On respecte le cahier des charges, mais on se donne d'autres contraintes pour avoir un produit d'excellence", souligne ce maître-artisan fromager, plus petit fabricant de l'AOP.

Mais selon Christian Cros, avec Société des caves, que sa famille fournit depuis trois générations, l'écueil se situe au niveau du prix du lait et de la proportion transformée.

"Le roquefort est très bien payé. Mais on demande à l'industriel qu'il nous transforme au moins 50% de la production en roquefort, et c'est à peine 10%", déplore ce paysan qui vend son lait à un prix moyen de 1,17€ le litre.

"Dans le bassin de Roquefort, on collecte 117 millions de litres de lait de brebis, un tiers de ce lait est consacré au roquefort", assure de son côté Hugues Meaudre, les deux autres tiers servant à la "diversification", autrement dit des fromages de brebis industriels.

Sébastien Vignette se réjouit toutefois d'un collectif qui "vit bien" et où tous les acteurs, industriels comme petits producteurs, travaillent sur "Roquefort Demain", un "vaste projet d'aménagement touristique" censé voir le jour en 2025, pour le centenaire de l'AOP.


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.